Si vous êtes déjà fatigué d'entendre prononcer le nom de Trump 30 fois par jour, navré. Il faudra se préparer à ce que le célébrissime patronyme résonne encore longtemps dans les couloirs du monde politique américain. Ce, sans doute bien après la fin du second mandat de Donald Senior, en 2028. Avec ses cinq enfants, autant de conjoints et déjà dix petits-enfants, le président fraîchement élu s'est assuré de mettre sur pied une véritable dynastie, digne de la cour des Tudors, avec son lot de luttes intestines, d'intrigues et de jeux de pouvoir.
La campagne présidentielle terminée, le temps est venu de récompenser la loyauté des uns et des autres. Voici quel rôle pourrait jouer - ou non - les descendants de Donald Trump dans ce futur mandat présidentiel. Et au-delà.
Si le style sobre et raffiné de la fille aînée du milliardaire avait joué un rôle déterminant lors du premier mandat de son paternel à la Maison-Blanche, Ivanka Trump n'entend plus être de l'aventure cette fois-ci. Désormais confortablement installée à Miami avec sa famille, bien à l'abri sur son île privée d'Indian Creek, la fille adorée est restée fidèle à son intention de «quitter l'arène politique», en novembre 2022.
Largement absente de la campagne, à l'exception d'une apparition silencieuse sur la scène le soir de l'élection, la mère de trois enfants partage ce choix avec son mari, Jared Kushner.
Dans une interview accordée au New York Times juste avant l'élection, l'ancien conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche a répété qu’il n’y avait «aucune» chance que le couple joue un quelconque rôle dans les dernières étapes de la campagne Trump.
Depuis que son beau-père a quitté le pouvoir, Jared Kushner ne s'est cependant pas gêné d'exploiter son réseau et les relations tissées entre 2016 et 2020, en particulier avec le Moyen-Orient, pour faire fructifier sa fortune et son nouveau fonds de capital-investissement, Affinity Partners, d'une valeur estimée à 3 milliards de dollars.
Il n'est cependant pas impossible que le gendre adoré soit tenté de jouer un rôle en coulisses, selon Vicky Ward, autrice du livre Kushner Inc., dans le New York Times. L'entrepreneur de 43 ans pourrait exercer une influence en tant que sorte de «secrétaire d'Etat fantôme» ou de «Kissinger 2.0».
Après s'être impliqué activement dans la campagne paternelle, Eric Trump est sur le point de renouer avec son rôle de gardien de l'empire commercial familial, la Trump Organization. Le deuxième fils de Donald Trump dirige l'entreprise depuis 2016. Un rôle qu'il se réjouit de retrouver après l'élection, comme il l'a expliqué au Wall Street Journal plus tôt cet automne.
Bien qu'il assure ne pas ressentir «le besoin d’être devant la caméra», Eric Trump admet cependant qu'il n'exclut pas de rejoindre la nouvelle administration de son père, si ce dernier le lui proposait.
Quant à son épouse, Lara Trump, qui a endossé le rôle de figure féminine de premier plan en lieu et place d'Ivanka, pas sûr que l'ambitieuse belle-fille choisisse de retourner à l'obscurité.
Nommée coprésidente du Comité national républicain avec l'appui de son beau-père, en avril dernier, elle a balayé les accusations de népotisme en s'investissant corps et âme dans la campagne. Force est d'admettre que, quand il s'agit de lever des centaines de millions de dollars, de battre campagne et de titiller les instincts conspirationnistes des électeurs, Lara Trump a largement fait ses preuves.
Au point, selon le TIME Magazine, de s'être imposée comme l'une «des étoiles montantes du parti républicain». Beaucoup prédisent donc à cette héritière du mouvement MAGA de premier plan et au style agressif une candidature à la présidentielle. Et, dans l'intervalle, un «rôle important» dans la nouvelle administration Trump, en guise de remerciement pour son investissement.
Don Junior, le fils aîné de Donald Trump, est incontestablement la révélation de cette campagne. Longtemps tourné en ridicule à la fois par les adversaires et les alliés politiques de son père, réduit à ses posts virulents et sporadiques sur les réseaux sociaux, il incarne aujourd'hui le chef de file du mouvement MAGA et la «rock star» des trumpistes de l'alt-right.
A la fois talentueux dans la collecte des fonds et excellent substitut de son père, il a su jouer de son influence grandissante auprès de l'électorat pour susurrer à l'oreille de Trump Senior. Sa trace la plus marquante? Le choix du colistier de Donald Senior, JD Vance.
Désormais, Don Junior entend être récompensé pour ces années de bons et loyaux services. Après avoir été «relégué» au ministère de l'Intérieur en 2016, compte tenu de sa passion pour les sports en plein air et la chasse, il espère jouer un rôle «très actif» dans la planification d'une équipe de transition. L'objectif est clair et assumé. Virer ce qui reste de l'establishment républicain et «drainer le marais de Washington DC».
Alors que son père vient d'achever ce qui est probablement sa dernière campagne présidentielle, Don Junior, 46 ans, le «prince héritier du monde MAGA», nourrit des ambitions qui s'étendent bien au-delà de 2024.
Quant à sa fiancée, l'ex-avocate et star de la télévision de droite, Kimberly Guilfoyle, elle, se fait de plus en plus discrète. Après s'être illustrée au début de la campagne, la voilà «quasiment invisible» lors de la soirée de victoire. Le signe de l'eau dans le gaz avec son truculent compagnon, comme le pense le Daily Beast? En tout cas, la «mamacita» de 55 ans était absente de la photo de famille postée sur les réseaux sociaux après la victoire de beau-papa.
Autre révélation familiale, Kai, 17 ans, s'annonce comme un futur atout en puissance pour la famille Trump. Ses louanges envers son grand-père, son discours lors de la Convention nationale républicaine, en juillet, ainsi que son jeu de golf redoutable, en ont fait une véritable star sur les réseaux sociaux. Au point que ses fans lui prédisent déjà une campagne présidentielle «KAI 2040».
En attendant, la petite-fille de Donald Trump poursuit sa scolarité à la Benjamin School, un lycée à 37 000 dollars l'année, tout en alimentant sa chaîne YouTube consacrée au golf. L'adolescente y documente ses journées d'entraînement, ses virées au centre commercial et ses rencontres avec des golfeurs professionnels.
En guise de cerise sur la campagne, citons le plus jeune des cinq enfants du milliardaire américain: Barron Trump. Derrière son air timide et son visage poupon, c'est le jeune homme de 18 ans qui aurait suggéré à son père de venir causer sur des podcasts très médiatisés. Sans oublier d'opérer au rapprochement avec une poignée d’influenceurs très suivis tels que Jack Doherty.
Barron serait également à l’origine du lancement de «World Liberty Financial», une curieuse entreprise de cryptomonnaie annoncée par Trump en septembre.
Alors qu'il vient d'entamer sa première année à l'université de New York, il est probable que le beau garçon de 2 mètres 06 reste encore quelque temps sous bonne et jalouse garde de sa mère, Melania. Laquelle envisage de son côté ce second mandat présidentiel sous un angle très différent. La 47e first lady pourrait même, selon des sources, ne pas s'installer du tout à la Maison-Blanche. Une première historique.
Alors que le jeu des chaises musicales et des attributions vient à peine de commencer, la présence sur scène le 5 novembre de cette jeune et ambitieuse relève laisse à penser que nous entendrons sans doute le nom de famille Trump encore longtemps.