Voici le seul repas que Trump a mangé pendant des mois
Depuis dix mois, les Américains goûtent moyennement au fait que le président des Etats-Unis se concentre sur le reste du monde au lieu de régler les problèmes dans son pays. Sa cote de popularité est en baisse (-18%) et plus de la moitié de la population (57%) désapprouve désormais sa politique. Alors que les démocrates font campagne (et gagne des élections), notamment à la mairie de New York et dans le New Jersey, sur l’accessibilité financière et le coût de la vie, Donald Trump s’embourbe.
Alors qu’il semble perdre peu à peu son contrôle sur le Parti républicain et en pleine tornade Epstein, il n’a manifestement pas craché sur un peu de réconfort. Lundi soir, devant un parterre de cadres de chez McDonald’s acquis à sa cause, Donald Trump a tenté de rassurer les Américains en affirmant haut et fort que «les prix baissent».
Or, c’est faux.
A l’occasion du McDonald's Impact Summit, à Washington, qui célébrait le 70e anniversaire du premier restaurant franchisé de la célèbre arche dorée, le 47e président a passé 45 minutes à fanfaronner. Plus proche de l’exercice de stand-up que du message politique, il a rappelé à l’audience (à raison) qu’il est le «meilleur client de McDonald’s», avant d’ajouter qu’ils ont une «chance incroyable» qu’il ait remporté l’élection. Soit.
La première blague?
Car il a bien sûr profité de faire référence à sa performance marketing dans un McDo de Pennsylvanie, durant la campagne présidentielle, où il avait plongé quelques frites dans l’huile et servi deux burgers au Drive, sous les flashs frénétiques des photographes: «Ce n’était pas si facile, croyez-moi! Franchement, c'était fascinant. Les clients attendaient un hamburger, ils s'arrêtent, ils tournent la tête et wouah, surprise, c’était moi au guichet».
Avant d’évoquer enfin le coût de la vie et la classe moyenne qui souffre, Trump a vraiment pris son pied, comme un enfant devant un Happy Meal. Au point d’avouer que son sandwich préféré, le Filet-O-Fish, «n’a pas assez de sauce tartare», et de révéler fièrement ce que tout le monde soupçonnait depuis longtemps:
President Trump tells @McDonalds that his favorite - Filet-o-Fish - could use more tartar sauce 😂🐟pic.twitter.com/ADrWhannBg
— Monica Crowley (@MonicaCrowley) November 18, 2025
A ce propos, souvenez-vous, lorsque le futur ministre de la Santé avait été photographié à bord de l’avion de Trump avec du McDo devant les yeux, en novembre 2024. Robert F. Kennedy Jr., en guerre contre la malbouffe, cet épisode avait logiquement fait jaser: «J'ai même réussi à faire manger un Big Mac à Bobby, vous vous en rendez compte? Et il m'a dit qu'il avait adoré. Je ne devrais pas vous le dire, il ne va pas être content, mais, oui, il a adoré ça».
Dans la salle, rires et applaudissements. Mission accomplie pour le président, qui avait besoin de noyer le poisson. Et un gros: les prix qui s’envolent et les Américains qui grognent.
.@POTUS: As you may have heard, I'm also one of your all-time most loyal customers. While other politicians fly around on campaign planes stocked with expensive catering, on Trump Force One, we served only MCDONALD’S almost every time... I even got @SecKennedy to eat a Big Mac.🤣 pic.twitter.com/BjHt5q6bRC
— Rapid Response 47 (@RapidResponse47) November 17, 2025
Depuis quelques jours, la politique économique de Donald Trump vit un tournant. Après sa volonté d’apaiser la planète par la force et d’imposer des tarifs exorbitants à tous les pays du monde, le gourou MAGA se rend gentiment compte que ses électeurs, qui ont voté pour sa promesse de rendre l’Amérique et la vie quotidienne plus abordables, y croient de moins en moins.
Lundi, sur la scène du géant du burger, il s’est donc senti contraint d’affirmer que «le pays se porte mieux que jamais» (c’est faux), que le mandat de Joe Biden est responsable de la «plus forte inflation de l'histoire des Etats-Unis» (encore faux) et que les «prix baissent» (toujours faux).
Avec un petit tour de passe-passe au sujet de l’énergie:
Or, à titre d’exemple, de janvier à septembre 2025, le prix du café à enflé de 15,3%, la viande hachée de 14,2% et les bananes de 7.9%. En grande partie à cause du festival de taxes imposées au reste du monde. Ce n’est pas pour rien que le président a fait machine arrière, pas plus tard que vendredi dernier, en annulant les droits de douane sur des produits nécessaires, comme le café ou le bœuf importés.
Au final, ses seules vérités porteront sur sa vision de McDonald’s et son expérience avec son «restaurant préféré»: «Pour des dizaines de millions de nos concitoyens, la route vers le rêve américain commence sous les arches dorées. Alors, à chacun d'entre vous, MERCI et félicitations pour ces 70 ANS de grandeur américaine».
Malgré sa prestation clownesque de lundi soir, tout chez le géant du fast-food n’est pas forcément à l’avantage de Donald Trump. Non seulement son PDG, Chris Kempczinski, a mis un petit coup de pression il y a quelques jours en rappelant que les «consommateurs à faibles revenus devaient absorber actuellement une inflation importante», mais l’index Big Mac de The Economist tire la tronche: alors que ce sandwich phare coûtait en moyenne 5,15 dollars il y a trois ans, il est monté à 6,01 dollars en juillet.
Oui, ça se passe (aussi) comme ça chez McDonald’s.
