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McDonald’s: le seul repas que Trump a mangé pendant des mois

Alors que sa politique économique est désavouée par les Américains, Donald Trump est allé faire le malin chez McDonald’s lundi soir.
Alors que sa politique économique est désavouée par les Américains, Donald Trump est allé faire le malin chez McDonald’s lundi soir.capture vidéo

Voici le seul repas que Trump a mangé pendant des mois

Lundi soir, le président a profité de la soirée du 70e anniversaire des franchises McDonald's pour tenter de rassurer les Américains, en colère face aux prix à la consommation qui enflent. Mais Trump, en difficulté à plusieurs niveaux, s’est borné à faire des révélations futiles et à balancer quelques gros mensonges. Compte rendu politico-culinaire.
18.11.2025, 11:5618.11.2025, 11:56

Depuis dix mois, les Américains goûtent moyennement au fait que le président des Etats-Unis se concentre sur le reste du monde au lieu de régler les problèmes dans son pays. Sa cote de popularité est en baisse (-18%) et plus de la moitié de la population (57%) désapprouve désormais sa politique. Alors que les démocrates font campagne (et gagne des élections), notamment à la mairie de New York et dans le New Jersey, sur l’accessibilité financière et le coût de la vie, Donald Trump s’embourbe.

Alors qu’il semble perdre peu à peu son contrôle sur le Parti républicain et en pleine tornade Epstein, il n’a manifestement pas craché sur un peu de réconfort. Lundi soir, devant un parterre de cadres de chez McDonald’s acquis à sa cause, Donald Trump a tenté de rassurer les Américains en affirmant haut et fort que «les prix baissent».

Or, c’est faux.

A l’occasion du McDonald's Impact Summit, à Washington, qui célébrait le 70e anniversaire du premier restaurant franchisé de la célèbre arche dorée, le 47e président a passé 45 minutes à fanfaronner. Plus proche de l’exercice de stand-up que du message politique, il a rappelé à l’audience (à raison) qu’il est le «meilleur client de McDonald’s», avant d’ajouter qu’ils ont une «chance incroyable» qu’il ait remporté l’élection. Soit.

La première blague?

«Je suis honoré de me tenir devant vous en tant que tout premier ancien cuisinier de McDonald's à devenir président des Etats-Unis»
Donald Trump, en toute modestie.

Car il a bien sûr profité de faire référence à sa performance marketing dans un McDo de Pennsylvanie, durant la campagne présidentielle, où il avait plongé quelques frites dans l’huile et servi deux burgers au Drive, sous les flashs frénétiques des photographes: «Ce n’était pas si facile, croyez-moi! Franchement, c'était fascinant. Les clients attendaient un hamburger, ils s'arrêtent, ils tournent la tête et wouah, surprise, c’était moi au guichet».

«L’ambiance était incroyable à ce McDrive de Pennsylvanie, comme si je savais déjà que j'allais gagner l’élection»
Donald Trump

Avant d’évoquer enfin le coût de la vie et la classe moyenne qui souffre, Trump a vraiment pris son pied, comme un enfant devant un Happy Meal. Au point d’avouer que son sandwich préféré, le Filet-O-Fish, «n’a pas assez de sauce tartare», et de révéler fièrement ce que tout le monde soupçonnait depuis longtemps:

«Pendant que d'autres politiciens voyageaient à bord d'avions de campagne équipés de services de restauration coûteux, nous, à bord de Trump Force One, n'avons servi quasiment que du McDonald's»
Donald Trump au McDonald Impact Summit, lundi.

A ce propos, souvenez-vous, lorsque le futur ministre de la Santé avait été photographié à bord de l’avion de Trump avec du McDo devant les yeux, en novembre 2024. Robert F. Kennedy Jr., en guerre contre la malbouffe, cet épisode avait logiquement fait jaser: «J'ai même réussi à faire manger un Big Mac à Bobby, vous vous en rendez compte? Et il m'a dit qu'il avait adoré. Je ne devrais pas vous le dire, il ne va pas être content, mais, oui, il a adoré ça».

Dans la salle, rires et applaudissements. Mission accomplie pour le président, qui avait besoin de noyer le poisson. Et un gros: les prix qui s’envolent et les Américains qui grognent.

RFK Jr, à droite, futur ministre de la Santé, sur le point d’avaler un Big Mac à bord de Trump Force One, quelques jours après l’élection.
RFK Jr, à droite, futur ministre de la Santé, sur le point d’avaler un Big Mac à bord de Trump Force One, quelques jours après l’élection.

Depuis quelques jours, la politique économique de Donald Trump vit un tournant. Après sa volonté d’apaiser la planète par la force et d’imposer des tarifs exorbitants à tous les pays du monde, le gourou MAGA se rend gentiment compte que ses électeurs, qui ont voté pour sa promesse de rendre l’Amérique et la vie quotidienne plus abordables, y croient de moins en moins.

Lundi, sur la scène du géant du burger, il s’est donc senti contraint d’affirmer que «le pays se porte mieux que jamais» (c’est faux), que le mandat de Joe Biden est responsable de la «plus forte inflation de l'histoire des Etats-Unis» (encore faux) et que les «prix baissent» (toujours faux).

Avec un petit tour de passe-passe au sujet de l’énergie:

«Le prix de l'essence a considérablement baissé. Quand le prix de l'énergie baisse, que ce soit pour fabriquer des beignets, du poulet ou tout autre produit, tout dépend de l'énergie. Il faut bien livrer, il faut des camions, il faut du carburant.»

Or, à titre d’exemple, de janvier à septembre 2025, le prix du café à enflé de 15,3%, la viande hachée de 14,2% et les bananes de 7.9%. En grande partie à cause du festival de taxes imposées au reste du monde. Ce n’est pas pour rien que le président a fait machine arrière, pas plus tard que vendredi dernier, en annulant les droits de douane sur des produits nécessaires, comme le café ou le bœuf importés.

Image

Au final, ses seules vérités porteront sur sa vision de McDonald’s et son expérience avec son «restaurant préféré»: «Pour des dizaines de millions de nos concitoyens, la route vers le rêve américain commence sous les arches dorées. Alors, à chacun d'entre vous, MERCI et félicitations pour ces 70 ANS de grandeur américaine».

Malgré sa prestation clownesque de lundi soir, tout chez le géant du fast-food n’est pas forcément à l’avantage de Donald Trump. Non seulement son PDG, Chris Kempczinski, a mis un petit coup de pression il y a quelques jours en rappelant que les «consommateurs à faibles revenus devaient absorber actuellement une inflation importante», mais l’index Big Mac de The Economist tire la tronche: alors que ce sandwich phare coûtait en moyenne 5,15 dollars il y a trois ans, il est monté à 6,01 dollars en juillet.

Oui, ça se passe (aussi) comme ça chez McDonald’s.

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«Le Conseil fédéral s'est montré faible face à Donald Trump»
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