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Elections de mi-mandat: comment Trump reprend le pouvoir

Trump reprend le pouvoir

Les candidats de Trump se préparent depuis des mois au résultat des élections américaines de mi-mandat. L'objectif: contrôler la prochaine élection présidentielle.
31.10.2022, 12:0031.10.2022, 12:59
Bastian Brauns, Washington / t-online
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t-online

A moins de deux semaines des élections de mi-mandat américaines, les craintes d'une large victoire des trumpistes galopent tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger. Ces «midterms» consistent à renouveler l'ensemble de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat américain, mais aussi plus de la moitié des gouverneurs dans les Etats fédérés.

Selon les derniers sondages, l'administration Biden et les démocrates en place doivent s'attendre à d'amères défaites. Jusqu'ici, rien d'étonnant, pourrait-on dire: L'élection est presque toujours considérée comme un vote-sanction pour le parti nommant le président.

Sauf que, cette fois, les populistes, les antisémites, les idéologues du complot et les stratèges rusés de Trump sont plus nombreux que jamais à se présenter. Soutenu par un ex-président qui ne reconnaît toujours pas l'élection démocratique légitime de son successeur. Le tout accompagné d'un grand nombre de lois électorales et de réglementations renforcées qui rendent le vote des partisans démocrates plus difficile.

Le plus gros problème demeure les «Election-Deniers», c'est-à-dire les négationnistes électoraux. Les candidats de Trump au Congrès et dans les États perpétuent le discours antidémocratique de l'ancien président des Etats-Unis à propos de la fraude électorale de masse en 2020 à l'échelle nationale.

Leur but est clair: semer le doute sur le fonctionnement de la démocratie et utiliser des moyens souvent jugés douteux par leurs détracteurs pour influencer le résultat des élections présidentielles de 2024 en faveur de Donald Trump. Et selon de récents sondages, les républicains du camp des négationnistes sont davantage susceptibles de gagner que les modérés du parti républicain qui, eux, rejettent la rhétorique trumpienne qu'ils considèrent mensongère.

Tout comme Trump, de nombreux candidats laissent déjà entendre qu'ils n'accepteraient pas non plus une défaite lors des midterms. La crainte de troubles potentiels dans les États où les démocrates pourraient gagner de justesse n'est donc pas sans raison.

Le test de résistance à l'extrémisme

Les élections de mi-mandat verront les États-Unis faire face à ce qui se dessine déjà comme le plus grand test de résistance à l'extrémisme de son histoire. C'est, d'ailleurs, l'une des raisons pour lesquelles les démocraties occidentales alliées sont particulièrement attentives à l'issue du scrutin. Et de nombreux points cruciaux en dépendent, qu'il s'agisse de la politique commerciale future ou du soutien dans la guerre en Ukraine.

Le nombre de candidats Trump et surtout lesquels gagneront le 8 novembre prochain auront des conséquences jusqu'aux élections présidentielles suivantes, en 2024. Si les républicains réussissent, Trump se représentera très probablement. Les Trumpistes occupant des postes clés dans les États et au Congrès américain pourraient alors l'aider.

L'homme de main de Trump comme président de la Chambre

lors de ces élections de mi-mandat, le poste le plus important pour les républicains au niveau fédéral pourrait bien revenir à Kevin McCarthy. Ce Californien d'origine est actuellement le chef de la minorité du GOP à la Chambre des représentants. Si les républicains y gagnent la majorité – ce qui semble être le cas selon de nombreux sondages représentatifs, McCarthy, âgé de 57 ans – deviendra probablement président de la Chambre.

FILE - House Minority Leader Kevin McCarthy of Calif. speaks at a news conference on Capitol Hill in Washington, July 29, 2022. McCarthy warned Tuesday, Oct. 18, that Republicans will not write a
Kevin McCarthy au Capitol, le 29 juillet 2022.Image: sda

Il remplacerait ainsi la présidente démocrate de longue date, Nancy Pelosi, et deviendrait alors le numéro trois de l'État derrière Joe Biden et Kamala Harris. En tant que président de la Chambre des représentants, McCarthy serait le député le plus haut placé du parti majoritaire en se chargeant notamment d'adopter les projets de loi des républicains.

Dans cette fonction, McCarthy aurait une influence déterminante sur les débats politiques du pays. Ce serait l'occasion pour lui – et plus globalement pour les républicains – de bloquer l'adoption importante du budget et ainsi affaiblir considérablement la politique du président. Un scénario réaliste auquel l'administration Biden doit se préparer dès maintenant.

Mais ce n'est pas la seule crainte. Depuis longtemps déjà, les candidats de Trump attisent un espoir chez leurs électeurs. Avec leur propre majorité au parlement, ils lanceraient une procédure de destitution contre le président détesté Joe Biden. Cette menace a également été brandie à plusieurs reprises contre Kamala Harris ou contre le procureur général Merrick Garland.

En l'état, il apparaît improbable que McCarthy, fortement influencé par Trump, résiste à la pression des trumpistes au sein de son propre groupe parlementaire. Donald Trump lui-même pourrait, en outre, faire pression dans l'espoir de telles destitutions. Certes, ces projets ne pourraient formellement pas aboutir sans une majorité claire au Sénat.

L'ascension des trumpistes comme gouverneurs

Les candidats de Trump pourraient notamment être élus gouverneurs dans les Etats dits «swing». Comprenez: les États considérés comme très disputés entre républicains et démocrates. Ces élections peuvent, par ailleurs, avoir des répercussions sur les élections présidentielles de 2024. Les gouverneurs peuvent, par exemple, nommer le secrétaire d'État, c'est-à-dire le ministre de l'Intérieur. Dans des États comme la Pennsylvanie, ce dernier est notamment chargé de veiller au bon déroulement du scrutin.

Une situation considérée comme particulièrement sensible dû au fait que Trump affirmait avoir découvert une fraude électorale de masse dans les Etats swing perdus tels que l'Arizona, la Géorgie et la Pennsylvanie en 2020. A cette époque, ce dernier avait encore échoué à cause des institutions et des responsables des élections de son propre parti.

Mais les choses pourraient, cette fois, s'annoncer tout autre, si les négationnistes de Trump remportent les élections de 2024. Que ce soit en Arizona avec la candidate d'extrême droite Kari Lake ou au Nevada avec Joe Lombardo au Nevada, les chances des républicains dans de nombreuses élections au poste de gouverneur deviennent de plus en plus fortes.

Doug Mastriano devrait devenir gouverneur de l'Etat très disputé de Pennsylvanie. Bien que, selon les derniers sondages, il y soit actuellement devancé par son adversaire Josh Shapiro. Sa candidature illustre néanmoins l'importance non négligeable des 36 élections de gouverneurs lors des midterms.

Pennsylvania Republican gubernatorial candidate Doug Mastriano speaks during a campaign stop in Erie, Pa., Thursday, Sept. 29, 2022. (AP Photo/David Dermer)
Doug Mastriano
Doug Mastriano, le 29 septembre 2022.Image: sda

Ce nationaliste conservateur de droite, soutenu par Trump, et qui défend une vision chrétienne fondamentaliste du monde, a, un jour, qualifié la séparation de l'Eglise et de l'Etat de «mythe» et soutient le discours anti-démocratique de Trump sur l'élection volée. L'homme de 58 ans est en outre accusé d'antisémitisme, notamment parce qu'il a attaqué, à plusieurs reprises, son adversaire, le démocrate juif Josh Shapiro, en truffant sa défense de stéréotypes.

Les enfants de Shapiro fréquenteraient, en effet, une école «privilégiée, exclusive, élitiste». Ce qui montre, d'après lui, un «mépris de Shapiro pour les gens comme nous». L'école où vont les enfants du démocrate juif est un établissement d'enseignement juif. Mastriano n'a cessé de faire des comparaisons avec l'Holocauste. En 2021, il a comparé le prétendu Cancel Culture Mob à «l'Allemagne des années 1930».

Doug Mastriano a en outre diffusé, à plusieurs reprises, des articles dans lesquels il faisait référence à l'idéologie conspirationniste QAnon. Trump a notamment fait l'éloge de son combat pendant la pandémie Covid-19 contre «les soi-disant médecins».

Trump espère un chaos total

Jusqu'à présent, c'est surtout la Chambre des représentants qui était considérée comme un repaire croissant d'idéologues du complot et de francs-tireurs dévoués à Trump. Mais lors de ces nouvelles midterms, les candidats de Trump pourraient être plus nombreux que jamais à se présenter dans la deuxième chambre importante, le Sénat américain. Les fauteurs de troubles et les négationnistes de l'élection disposeraient là d'une autre tribune politique pour faire connaître le programme de Trump à un large public.

Le scénario catastrophe pour les démocrates: perdre leur majorité déjà très mince qui, dans le Sénat divisé jusqu'à présent par l'impasse, ne se compose actuellement que d'une voix spéciale de Kamala Harris. Les derniers sondages montrent que la perte de la majorité au Sénat n'est désormais plus seulement une hypothèse. Le Sénat est considéré comme la chambre qui dépend grandement des compromis entre les deux partis. Avec les sénateurs Trump, de tels accords interpartis ne sembleraient plus possibles.

Parmi les candidats prometteurs de Trump pour le Sénat, on trouve actuellement, selon les sondages, James David «J. D.» Vance de l'Ohio ou l'ex-joueur de football américain controversé Herschel Walker de Géorgie. En Pennsylvanie, Mehmet Oz se bat pour Trump afin d'entrer au Sénat.

Herschel Walker à Dawsonville, le 25 octobre 2022.
Herschel Walker à Dawsonville, le 25 octobre 2022.Image: sda

Herschel Walker refuse toujours de dire s'il considère Joe Biden comme le président légitime. C'est notamment ce que ses récentes réponses quelque peu évasives ont pu laisser entendre: «Je ne sais pas s'il l'a déjà été» ou encore «il y a eu des problèmes avec les résultats» de l'élection, a-t-il, entre autres, déclaré. Il a également nié que Trump ait jamais prétendu que l'élection avait été volée. Il s'engage en faveur d'une législation stricte en matière d'avortement, bien que, selon les médias, il ait autrefois payé des avortements à deux de ses ex-petites amies.

Que ce soit au Congrès ou aux États-Unis, les candidats de Trump pourraient influencer tous les niveaux politiques et institutionnels en Amérique après ces élections de mi-mandat, y compris le résultat des élections de 2024. Bien que Trump lui-même ne soit pas en lice, lui et son grand plan détermineront ces élections de mi-mandat américaines comme jamais auparavant.

Traduit et adaptée de l'allemand par mndl

Joe Biden tombe de son vélo
Video: watson
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