Les élections de mi-mandat, en anglais midterm elections, renvoient aux scrutins qui permettront de renouveler une partie des deux chambres du Congrès américain. Une fois sur deux, ce scrutin se tient en même temps que l’élection présidentielle (mais pas cette année).
Le Congrès est l'organe législatif des Etats-Unis, et se divise en deux chambres: la Chambre des représentants (chambre basse) et le Sénat (chambre haute).
Les midterms visent à renouveler l’ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants, et un tiers (35) des 100 sièges du Sénat.
D'autres responsables politiques, notamment au niveau des Etats et des villes, sont également nommés à cette occasion. Ainsi, 39 gouverneurs et 35 procureurs généraux seront adoubés, début novembre, ainsi que 27 secrétaires d'Etat et 28 trésoriers d'Etat. Certaines villes désigneront leur maire. Nombre de citoyens devront également se prononcer sur des objets par referendum.
Les citoyens américains doivent se rendre aux urnes le 8 novembre. Cette étape marque le milieu du mandat sur quatre ans du président en place - à savoir, Joe Biden of course, ou Sleepy Joe, l'un des petits noms dont l'affuble son ancien rival Donald Trump. Aux Etats-Unis, les élections au suffrage universel sont fixées le mardi suivant le premier lundi de novembre.
Les élections de mi-mandat font office de baromètre de l'humeur des citoyens face à leur gouvernement. La sentence populaire est cruciale pour le président, qui va chercher à consolider sa majorité au Parlement.
La majorité démocrate, couleur politique de Joe Biden, n'a, pour l'heure, pas une assise parlementaire très stable. Il n'y a, en effet, que huit sièges d'écart entre les deux partis à la Chambre des représentants. Si Biden venait à perdre la courte majorité dans cette dernière, les démocrates pourraient, selon les derniers sondages, tenter maintenir le contrôle du Sénat, en visant les électeurs indépendants.
Traditionnellement, comme l'explique le site geo.fr, les midterms pèsent plus qu'elles ne servent l'action du président, et jouent bien souvent un rôle de référendum. En effet, ces élections se soldent quasi systématiquement par une défaite du parti au pouvoir.
En conséquence, les enjeux sont énormes pour Joe Biden, car le résultat des scrutins va directement affecter sa marge de manœuvre politique pour le reste de son mandat.
Les élections de mi-mandat ont presque rejeté «Old Joe» dans l'ombre, au profit de son détracteur Donald Trump.
Le turbulent ex-président est plus que jamais sur le devant de la scène politique, malgré des déboires judiciaires qui font les choux gras de la presse internationale. Donald Trump est, en effet, soupçonné d'avoir violé une loi américaine sur l'espionnage en conservant plus de 11 000 documents classés secrets et liés à l'Etat à son domicile de Mar-a-Lago en Floride. Il est également cité à comparaître devant la commission parlementaire enquêtant sur l'assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021. Il est en outre poursuivi au civil pour des pratiques fiscales liées à la Trump organization.
L'opinion publique pourrait bien montrer son agacement face aux frasques et opinions clivantes du milliardaire. Ce mardi 8 novembre fera donc office de test pour celui qui n'a jamais accepté sa défaite en 2020. L'ex-président pourra ainsi mesurer sa cote de popularité dans l'optique d'un éventuel retour aux commandes du Bureau ovale en 2024.
Le milliardaire continue en outre de mobiliser ses fidèles sur son propre réseau social «Truth social», à grands coups de déclarations fracassantes et autres communiqués.
A l'heure actuelle, et selon des outils de sondage mis en place par l'Université de Virginie, la cote de popularité de Joe Biden est de 42,5% seulement. Et avec Trump en toile de fond constante, les électeurs pourraient bien avoir envie de faire ballotter leur exécutif.
Les démocrates ont, en outre, la lourde tâche de mobiliser – et de se montrer les plus adéquats – sur les thèmes phares dominant la campagne des midterms, à savoir la démocratie, la sécurité, l'inflation et l'avortement, dont la législation a été annulée au niveau fédéral par la Cour suprême des Etats-Unis en juin dernier. Ce dernier thème, comme le mentionne Le Temps, pourrait être un pivot pour l'un et l'autre camp. Le premier cherchera à mobiliser l'électorat sur sa défense, tandis que le second pourrait compter sur un bloc évangélique (près de 25% de la population américaine) qui avait porté Trump au sommet de l'Etat en 2016.
L'Europe observe de très près – et avec une certaine anxiété – les élections de mi-mandat. Pour l'Union, l'enjeu actuel est le maintien de l'engagement américain sur le front ukrainien.
En mai de cette année, le Sénat avait avalisé une enveloppe d’aide colossale à destination de Kiev: 40 milliards de dollars, dont six dédiés à l'acquisition de véhicules blindés et au renforcement de la défense antiaérienne. Si au Sénat, démocrates et républicains semblent plutôt alignés sur le sujet, la Chambre des représentants est plus discordante, avec des oppositions claires émanant du Grand old party (GOP).
Le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarth, a récemment estimé que l'aide à l'Ukraine serait sur la sellette si les cartes du pouvoir étaient redistribuées à mi-mandat:
En octobre, l'éditorialiste conservateur de la chaîne Fox news Tucker Carlson, a, pour sa part, montré son agacement face aux demandes pressantes de soutien financier («sa liste de Noël») émanant du Président ukrainien Zelensky.
🚨🇺🇸 Le journaliste de #FoxNews, Tucker #Carlson se montre très critique vis-à-vis du président ukrainien : "Depuis quand ce mec a des droits sur nos finances ?"
— TVL (@tvlofficiel) October 17, 2022
Aux USA, le consensus médiatique au sujet de #Zelensky est visiblement moins évident qu'en France… pic.twitter.com/Sjbbitw37k
Et en ce qui concerne la population, selon les mots du journal Le monde, elle ne voit pas la crise en Ukraine comme «proche et familière».
En outre, l'inflation, qui a atteint un peu plus de 8% sur sol américain, s'est largement invitée dans les débats et pourrait fissurer la cohésion de l'aide occidentale à l'Ukraine.