Comme tout ce qui touche de près ou loin à Elon Musk, tout est parti d'un tweet. Un tweet forcément inattendu et qui n'a pas manqué de mettre le petit monde MAGA et les conservateurs sens dessus dessous, pour le reste du week-end. Son auteure? Une certaine Ashley St. Clair, personnalité médiatique pro-Trump, qui cumule tout de même la jolie somme de 1,1 million d'abonnés sur les réseaux sociaux.
Autant dire qu'elle n'y est pas allée par quatre chemins.
«Je n'avais pas encore révélé cela pour protéger la vie privée et la sécurité de notre enfant, mais ces derniers jours, il est devenu clair que les tabloïds avaient l'intention de le faire, quel que soit le préjudice que cela pourrait causer», poursuit la jeune femme.
Une déclaration accompagnée de la célèbre formule latine Alea iacta est, «Les dés sont jetés». La messe est dite. La polémique, lancée.
Trois heures plus tard, Ashley St.Clair remercie ses partisans pour leur soutien et annonce son intention de se «déconnecter» de la plateforme pour «passer du temps avec ma famille». «En toute sincérité, j'apprécie ces mots gentils. J'aurais préféré ne pas ressentir le besoin de faire une déclaration.»
Sortie de nulle part, cette Ashley St. Clair? Pas tout à fait. Celle qui ne mâche aucune attaque contre la gauche et les démocrates est un visage familier des médias conservateurs, aux côtés d'autres agitateurs comme l'ancien représentant Matt Gaetz ou l'entrepreneur en biotechnologie et proche de Trump, Vivek Ramaswamy.
Collaboratrice d’un site d’information satirique de droite, The Babylon Bee, Ashley St. Clair est devenue l’invitée régulière de Fox News et des podcasteurs conservateurs pour évoquer — entre autres choses — le déclin du taux de natalité aux Etats-Unis. Un intérêt qu'elle partage avec son amant présumé, Elon Musk, 53 ans. Le patron de Tesla a alerté à plusieurs reprises sur «l'effondrement de la civilisation» et appelé à procréer.
Fidèle à ses principes, le milliardaire est devenu père à pas moins de douze reprises.
Parfois, dans des circonstances qui ne sont pas sans évoquer le cas de son enfant présumé avec Ashley St. Clair. Avant que sa partenaire officielle, la chanteuse Grimes, n'accueille leur fille Exa, Elon Musk est devenu parent de jumeaux, Strider et Azure, en juin 2021, avec la patronne de sa start-up Neuralink. L'information a été rendue publique des mois plus tard seulement, dans des documents judiciaires publiés par le média américain Insider.
Pour en revenir à Ashley St. Clair, la jeune femme non plus n'en est pas à son premier bébé. L'auteure est déjà maman d'un petit garçon de trois ans, dont elle a évoqué l'existence dans une interview au New York Post, en juillet 2021.
Un premier-né auquel elle a sans doute déjà eu l'occasion de lire son livre. Car, non contente d'enflammer les plateaux et les réseaux sociaux à coups de sorties polémiques, Ashley St. Claire est également l'auteure d'un conte pour enfants, Elephants Are Not Bird (Les Eléphants ne sont pas des Oiseaux), publié en 2021. Un livre qui retrace l'histoire d'un éléphant, Kevin, passionné de chant et qui se retrouve convaincu par un vautour, «Culture», qu'il gazouille si bien qu'il doit en fait être un oiseau. Vous l'avez compris, une critique sans vergogne des personnes transgenres.
Ce qui lui a valu de devenir l'égérie d'une marque de bière antiwoke, la Conservative Dad's Ultra Right, et d'apparaître dans son «Calendrier 2024 des vraies femmes d'Amérique».
La même année, l'influenceuse avait également défrayé la chronique avec une série de tweets assassins sur la compagnie aérienne Delta Air Lines, qu'elle accuse d'avoir transporté des migrants de l'Arizona à New York, après avoir, selon elle, été libérés d'un centre de détention pour immigrés.
Aujourd'hui, l'influenceuse est installée dans un appartement chic de Manhattan - dont la location coûterait entre 12 000 et 15 000 dollars par mois - et se promènerait, selon des voisins indiscrets au Daily Mail, dans l'un des Cybertruck iconiques de Tesla.
Coïncidence? Les tabloïds ne le croient pas.
Toujours d'après son voisinage, qui la décrit comme «discrète» et «très soucieuse de sa sécurité», Ashley St. Clair aurait gardé sa grossesse en grande partie secrète, en limitant ses apparitions et les événements publics pendant plusieurs mois. D'autres auraient remarqué des colis s'accumulant devant sa porte, suggérant des interactions réduites au minimum, même avec le personnel de l'immeuble.
C'est ce même Elon Musk qui aurait installé sa maîtresse présumée dans ce luxueux penthouse de Mannathan, a clamé l'intéressée lors d'une interview exclusive au New York Post ce samedi, au lendemain de son annonce explosive. Un entretien durant lequel elle affirme avoir rencontré le milliardaire en mai 2023 sur Twitter, racheté l'année précédente pour 44 milliards de dollars.
A l'époque, à part son acquisition du réseau social, elle ne sait pas grand-chose du fantasque homme d'affaires sud-africain, qui lui demande si lui est déjà arrivé de se rendre à San Francisco ou à Austin. Elle lui précise travailler pour le média Babylon Bee, alors suspendu de Twitter pour huit mois, la faute à une blague transphobe sur un responsable de l'administration Biden.
L'histoire aurait pu s'arrêter là si Elon Musk n'avait pas rétabli le profil du média aussi sec, et proposé à l'auteure de se rendre à San Francisco pour une interview au siège de l'entreprise. «Après l'entretien, j'ai reçu un SMS de sa part» pour me proposer un rancard, achève Ashley St. Clair.
La romance présumée aurait fleuri à partir de là, ponctuée de messages truffés de blagues graveleuses sur des «photos de pénis», des références pleines d'insinuations sur le «retrait» et «la façon dont sont faits les bébés». En novembre 2023, lorsqu'elle tweete qu'«arrêter la contraception et l’Adderall a été l’une des meilleures choses que j’ai jamais faites pour ma santé mentale», il se contente de lui répondre: «Bien sûr.»
Pas plus tard qu'en juillet dernier, l'amant supposé lui a encore souhaité un joyeux anniversaire - à quoi elle a répondu par des emojis en forme de cœur.
La romance s'est ensuite interrompue, non sans avoir mis à disposition de la future maman un somptueux appartement de le quartier des affaires de New York. Dès lors, elle aurait été contrainte de passer sa grossesse complètement «isolée» et autorisée à ne partager l'information qu'à un cercle restreint de personnes.
Si elle ne fournit aucun motif précis à cette confidentialité, ni quelconque preuve matérielle de la paternité biologique d'Elon Musk, des messages échangés entre Ashley St. Clair et Jared Birchall, le gestionnaire de fonds de Musk et consultés par le New York Post, semblent corroborer sa version.
Dans ces échanges, la jeune femme indiquerait notamment respecter le souhait du milliardaire de ne pas figurer sur le certificat de naissance de l'enfant, afin de préserver sa vie privée, sa sécurité et la confidentialité. Enfin... Jusqu'à ce qu'un tabloïd, que l'influenceuse refuse encore de citer, commence à «fouiner».
«Ashley et Elon travaillent depuis un certain temps en privé à la création d'un accord sur l'éducation de leur enfant, a pour sa part annoncé le porte-parole de l'auteure, Brian Glicklich, dans un communiqué publié samedi. «Il est décevant qu'un journaliste de tabloïd, qui a tendu des embuscades à plusieurs reprises à Ashley et à sa famille, ait rendu impossible la réalisation de ce processus en toute confidentialité.»
Ce qui n'a pas pour autant convaincu le principal concerné de prendre position ni de confirmer les allégations de la mère de son bébé présumé. Pour le moment, Elon Musk s'est contenté de faire honneur à sa réputation de contributeur prolifique de X en publiant des dizaines de tweets ce week-end. Pas un seul n’était directement adressé à Ashley St. Clair.
Une absence de réaction qui a fait bondir cette dernière. En particulier lorsqu'Elon Musk a réagi par un «Whoa» alambiqué, lorsque le journaliste d'extrême droite Milo Yiannopoulos a suggéré sur X que la grossesse d'Ashley St. Clair aurait été planifiée à l'avance.
Elon Musk n'a pas non plus manqué de répondre avec un emoji rieur au tweet d'un plaisantin qui affirmait que «faire un autre bébé» était l'une des nombreuses «quêtes secondaires», entre la gestion de ses entreprises et l'acquisition de Twitter.
Jeune papa ou non, l'incursion d'Ashley St. Clair dans le quotidien du nouveau responsable du Département de l'Efficacité gouvernementale (Doge) et conseiller informel du président Donald Trump... ne va pas alléger son quotidien déjà passablement mouvementé.