Ils ont beau vivre à moitié ensemble, s'échanger des tweets d'amour, clamer leur fraternité sur Fox News et partager de nombreuses réunions gouvernementales communes chaque semaine, Donald Trump et Elon Musk, ça n'a pas toujours été qu'une grande histoire touchante d'amitié, de pyjamas parties à Mar-a-Lago et de bonhomie fraternelle.
Au contraire. Leur première rencontre dans le Bureau ovale, au cours du premier mandat présidentiel, relève plutôt du désastre, à en croire une personne présente lors de la réunion et qui nous a rafraîchi la mémoire ce mardi dans Politico.
Cela vaut bien un petit flash-back. Nous sommes en 2020, les Etats-Unis viennent tout juste d'être frappés par le Covid-19. Informé par le désir d'Elon Musk d'implanter sa prochaine usine de Tesla au Mexique plutôt qu'aux Etats-Unis, Donald Trump convie le PDG pour en discuter directement à la Maison-Blanche. D'homme à homme.
Malgré un accueil en grande pompe par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et Tim Pataki, l'un de ses assistants, le milliardaire aurait qualifié son hôte de «putain d'abruti» dans son dos, selon une personne à portée d'oreille dans Politico.
Toutefois, même en face, les piques n'ont pas manqué au cours de la rencontre. Une fois dans le Bureau ovale, Elon Musk aurait regardé autour de lui, avant de s'exclamer:
Il n'en fallait pas plus pour toucher l'ego fragile de Donald Trump et le rendre «furieux», pendant que le reste des collaborateurs s'emmuraient dans un silence gêné. Cette réunion a également été l'occasion pour le président d'affirmer qu'il possédait deux Tesla dans sa collection de voitures.
Le problème? Le chef d'Etat n'avait manifestement pas la moindre idée de comment fonctionnent ces voitures. Lorsque le réseau de superchargeurs de Tesla a été évoqué dans la conversation, Donald Trump a semblé perplexe, au point qu'Elon Musk et un collègue soient obligés de lui «expliquer cette technologie».
Toutefois, qu'on se rassure: les deux hommes ont trouvé un terrain d’entente sur au moins un sujet. Alors qu'une pandémie mondiale frappe l'humanité de plein fouet, ils «ont parlé un peu du Covid».
Ce rendez-vous tendu dans le Bureau ovale n'était que l'apogée d'une longue relation inégale, rythmée plutôt par les bas que par les hauts, ces dernières années. Une relation amorcée en 2017, lorsque le patron de Tesla a rejoint trois conseils consultatifs présidentiels: la «Manufacturing Jobs Initiative», le «Strategic and Policy Forum» ainsi qu'un groupe consultatif d'entreprises axé sur les infrastructures.
Mais quelques semaines plus tard, le 1er juin, lorsque le 45e président annonce avec perte et fracas se retirer de l'accord de Paris sur le climat, Elon Musk exprime son ras-le-bol et claque la porte. «Je quitte les conseils présidentiels. Le changement climatique est une réalité. Quitter Paris n'est bon ni pour l'Amérique ni pour le monde», a-t-il tweeté avec hargne.
Plus tard, en 2022, c'est au tour de Donald Trump de s'en prendre au milliardaire technologique, à ses «nombreux projets subventionnés», ses «voitures électriques qui ne roulent pas assez longtemps», ses «voitures sans conducteur qui s'écrasent» et ses «fusées vers nulle part», sur Truth Social.
Il faut croire que le fait qu'Elon Musk soit devenu le plus grand soutien financier de Donald Trump (il a versé 288 millions de dollars pour sa campagne présidentielle de 2024) leur a permis de régler leurs différends.
Ce n'est pas pour autant que la bromance entre les deux hommes les plus puissants d'Amérique est désormais paisible. Comme le rappelle notamment le journaliste Michael Wolff dans un nouveau bouquin explosif tout juste paru, All or Nothing: How Trump Recaptured America, Donald Trump est parfois «déconcerté» par le comportement d'Elon Musk.
Ce fut le cas lors d'un rassemblement à Butler, en Pennsylvanie, l'automne dernier, lorsque le milliardaire s'était mis à bondir sur scène, découvrant parfois son ventre.
Avant cette performance exubérante, Elon Musk n'avait d'ailleurs pas manqué de critiquer le colistier de Donald Trump, JD Vance. Musk «se promenait seul, avec seulement une mince couche d'assistants ou de gardes du corps» et il avait faim, alors «quelqu'un a sorti un sac de bretzels», rapporte Michael Wolff. Puis, lorsqu'on demande au milliardaire s'il souhaite rencontrer JD Vance, la réponse fuse.
La preuve, note Politico, que ces deux personnages prennent des décisions et construisent des relations selon un calcul politique en temps réel. Des relations donc, avant tout, transactionnelles.