C'est sa secrétaire adjointe à la Défense, Kathleen Hicks, qui assume les fonctions de chef du Pentagone depuis dimanche 17h00 (23h00 en Suisse). Quelques heures auparavant, le Pentagone a indiqué que Lloyd Austin s'était «rendu à l'hôpital avec les systèmes de communications classifiées et non classifiées nécessaires» pour exercer ses fonctions.
Récemment opéré d'un cancer de la prostate, Lloyd Austin a été admis dans l’unité de soins intensifs de l'hôpital militaire Walter Reed, dans la banlieue de Washington pour «un problème urgent de la vessie». Alors que le ministre, «sous étroite surveillance», recevait toujours son traitement dimanche.
«Le problème de vessie actuel ne devrait pas affecter son complet rétablissement prévu. Son pronostic pour le cancer reste excellent», ajoutent les médecins. La Maison Blanche et le Congrès ont été informés - en temps et en heure, cette fois.
Il y a deux semaines à peine, à l'occasion d'une conférence de presse, le secrétaire à la Défense de 70 ans s'était en effet excusé platement pour avoir gardé le secret sur son cancer. Une affaire qui a provoqué un tollé dans le pays.
En pleine année électorale et alors que les Etats-Unis sont impliqués de près ou de loin dans deux conflits majeurs - en Ukraine et dans la bande de Gaza -, Lloyd Austin a été opéré et deux fois hospitalisé en décembre et en janvier. Ce, sans que le président Joe Biden n'en sache rien. «C'était une erreur», avait reconnu le ministre lors de ce point de presse auquel il s'est présenté avec une démarche encore raide.
Le ministre avait cependant tenu à dire «très clairement qu'il n'y a pas eu de vacance du pouvoir et (qu'il n'y a eu) aucun risque pour le commandement et le contrôle du ministère». Il avait indiqué avoir «directement» présenté ses excuses à Joe Biden et que ce dernier avait réagi «avec grâce».
L'affaire avait provoqué la stupéfaction jusque dans le camp démocrate et suscité des appels de républicains à la démission de Lloyd Austin. Le ministre avait pourtant acquis la réputation d'un fonctionnaire largement apolitique, très à l'aise avec les troupes américaines. D'une stature imposante, il est d'une grande discrétion et évite les feux de la rampe - ce qui, selon lui, a joué un rôle dans sa décision de garder secret le diagnostic de son cancer.
Cette fois, son ministère a promptement communiqué sur sa nouvelle hospitalisation: les médias ont été prévenus à peu près deux heures après son départ à l'hôpital.
La controverse sur ses problèmes de santé est aussi survenue au moment où les forces américaines en Irak et en Syrie sont régulièrement visées par des attaques de combattants soutenus par l'Iran, selon Washington.
Le plus haut responsable de la défense américaine est également une figure clé dans les efforts de l'administration Biden de maintenir son soutien à l'Ukraine dans son conflit avec la Russie, alors que les républicains du Congrès refusent d'autoriser de nouveaux financements pour l'aide militaire à Kiev. Plusieurs parlementaires républicains ont demandé son limogeage, maisJoe Biden, tout en déplorant le manque de discernement du chef du Pentagone, a déclaré qu'il lui gardait sa confiance. (mbr/ats)