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J'ai couru un semi-marathon d'Halloween habillée en playmate

J'ai couru un semi-marathon d'Halloween habillée en playmate

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Le semi-marathon d'Halloween de Miami Beach, qui prend place depuis 2009, est un appel à la débauche la plus extrême et aux costumes les plus farfelus. On a testé.watson
Il n'y a guère que les Etats-Unis pour organiser des courses populaires où les costumes de pizza côtoient le Joker, une courge géante, une playmate et quelques sorcières. J'ai testé ce samedi la plus barrée de Floride: le semi-marathon d'Halloween de Miami Beach. Une expérience épique.
27.10.2024, 19:0014.11.2024, 21:17
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miami Beach (floride)

«Ouuh... Did you have fun last night?» En me voyant pénétrer dans sa Tesla, le ton de Marcel, le chauffeur du Uber, est un poil narquois. Je ne lui en tiens pas rigueur. Récupérer une blondasse peroxydée déguisée en playmate sur le trottoir, au pied d'un building de Miami avant l’aube, est rarement synonyme de première fraîcheur et d'une longue nuit de sommeil. Il arrive toutefois que les apparences soient trompeuses.

«Ah, euh! Pas vraiment. Je vais courir un semi-marathon»

Marcel éclate de rire tandis qu'il prend la direction de South Beach, à une petite quinzaine de minutes de voiture. «Vous allez vraiment courir comme ça?» s'étrange-t-il. Je lui désigne ma paire de Nike pour prouver ma bonne foi.

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On peut aisément comprendre l'hilarité de Marcel.watson

Pour comprendre comment j'en suis arrivée à enfiler un costume de lapin pour aller bouffer 20 bornes dans la moiteur de la Floride, revenons un peu en arrière. Lorsque, deux semaines plus tôt, en tentant de faire le tri entre l'une des 12 000 soirées organisées à Miami pour Halloween, je tombe par hasard sur le MIAMI BEACH HALF MARATHON. Deux variantes au choix: les 20 kilomètres réglementaires qui constituent le semi-marathon ou une distance de 4 miles (6,43 kilomètres). Ni une ni deux, mon inscription est actée.

En hommage à mes boules de poils laissées à Lausanne et à l'une de mes comédies américaines préférées, Mean Girls, j'opte pour le lapin. Sexy, évidemment. On est en Amérique. Mon animal totem sera un bon prétexte pour courir plus vite.

La seule et l'unique Regina George, pour la référence.
La seule et l'unique Regina George, pour la référence.

Pour éviter qu'un pauvre quidam déguisé en Spiderman ne collapse sur le sable chaud de Miami Beach, la course est agendée à 6h30. Il fait encore nuit noire lorsque Marcel me dépose à une ou deux rues du point de rendez-vous, peu avant 5h45. Pas un chat dans les rues. Encore moins de chat déguisé.

«Hm, vous êtes vraiment sûre que vous voulez vous balader toute seule dans le coin?» s'enquiert Marcel avec une méfiance chevaleresque. A l'instant où je suis en train de me demander si je ne lui aurais pas filé la mauvaise adresse, deux tutus roses fluo et perruques argentées, baskets de course aux pieds, filent devant le capot. Pas de doute, c'est bien là.

Sur la ligne de départ

Un drôle de spectacle m'attend sur la plage, vers la ligne de départ. S'il y a deux choses que j'ai pigé au sujet des Américains, c'est qu’ils ne font jamais les choses à moitié et prennent Halloween vachement au sérieux. Les yeux encore collés de sommeil, un pharaon s'étire entre une slice de pizza géante et une armée de Minions, shootés au café et au Gatorade.

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Certains ont mis le paquet.watson
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Si bien qu'on se demande comment ils ont pu courir 20 ou 6 kilomètres.watson

Les âges se mélangent joyeusement. Ici, un couple d'une trentaine d'années aux faux airs d'influenceurs fitness font des gammes. Là, un groupe de copines sapées comme pour un enterrement de vie de jeune fille sautillent. À deux pas, un père de famille/Superman armé d'une poussette et de sa petite fille. N’oublions pas enfin ce papy bronzé et roulé comme un Dieu grec (on est à Miami, où vieillir fait mauvais genre), qu’on croit tout nu - avant de comprendre qu’il s’agit d’un homme des cavernes. Autant de costumes rigoureusement barrés qui s’échauffent dans une ambiance bonne enfant et lunaire.

D'autres participants, en revanche, ne sont pas venus pour rigoler. Abdos d'acier et derniers baskets à plaque carbone aux pieds, ils peuvent à la rigueur prétendre imiter Eliud Kipchoge ou Usain Bolt. Même pas un petit trait de faux-sang pour faire semblant d'avoir fait l'effort. Pff. Chochottes.

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Les perruques côtoient des coureurs plus sérieux avec l'envie d'en découdre. watson

Avec cette sensation familière de jambes en coton et d'estomac noué, je prends place dans le sas de départ. Tendue. Mon compagnon m'a lancé un défi, mi-sérieux mi-ironique.

«Ce serait marrant que tu remportes le semi-marathon de Miami Beach»
Toujours là quand il s'agit de me motiver.

Face à cette armée de déesses du bitume, arrimées comme pour s'enfiler le Marathon des Sables (l'une des courses les plus dures du monde), je crains que mon pompom blanc de lapin et mes gros mollets ne fassent pas le poids. «Premier semi-marathon?» s'enquiert Cedric, à ma droite, quadragénaire vêtu d'une combinaison en hommage à Beetlejuice. L'esprit déjà dans ma course, je glapis un «no, no» distrait.

Hop course

A 6h30 précise, top départ. Une marée humaines de tulle et de paillettes s'élance. Comme prévu, mes oreilles de lapin me lâcheront au bout de vingt mètres et passeront le reste de la course dans ma main droite. Saloperies.

Je ne tarde pas à comprendre l'intérêt d'agender une course de si bon matin. Un petit quart d'heure plus tard, tout en rattrapant les premières killeuses aux cuisses affutées mais déjà grillées, le ciel devient rouge sang. La plage se déroule, le souffle s'installe, la foulée se déploie, les sensations physiques se mêlent au plus beau lever de soleil que je n’ai jamais vu. J'en pleurerais presque - si je n'avais pas quelques rivales à dépasser.

Le décor est tel qu'on en oublierait presque la douleur qui pointe et les mollets qui se crispent sur le goudron. La trouille «d'exploser» en pleine course. D’aller trop vite. Ou trop lentement. L'obsession de rattraper le dossard devant soi.

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Une bande de copines, toujours en feu malgré les 13 miles dans les jambes. watson

Pour parer à l’inconfort, il y a les compagnons de course. Ces inconnus qu'on ne croisera plus jamais, mais nos alliés le temps d'une poignée de miles avant que l'un ou l'autre ne décroche. «Hop hop, little rabbit!» me lance un camarade, avant de ralentir le rythme et de se laisser distancer.

A huit interminables miles de l'arrivée, du lactate plein les muscles et l'envie irrépressible d'aller faire pipi, je suis rattrapée par «Jack», un épouvantail. Nous finirons la course côte-à-côte. Entre nos «C'mon! Keep going!» et «Fucking shit!» articulés les dents et les fesses serrées, il me faudra franchir la ligne d'arrivée pour comprendre que ce «Jack» est aussi francophone que moi. Etudiant à l'université de Miami, Jacques s'est inscrit avec des amis de son club de triathlon.

«C'est toujours la même chose. Pourquoi on fait ça, putain?»
Jack, alias Jacques.

Il est environ 8h15 lorsque la séance de torture s'achève, avec des tronches de cadavre qui collent parfaitement au thème du jour. Les premiers finishers ont déjà récolté leur médaille pour foncer au «beer garten», s'enfiler une salade de pâtes et comparer leurs déguisements.

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On commence par un petit shot de glucides.watson
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Puis une photo avec notre homme des cavernes bien portant.watson
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On vous rassure tout de suite: avec ce costume, ce Joker n'a couru «que» 6,43 kilomètres. Chapeau bas.watson
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Un coureur qui a la banane.watson
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USA, baby!watson

Les selfies et les numéros s'échangent dans la joie et la bonne humeur. A défaut d'être sur le podium, on pourra toujours se réconforter avec un classement honorable (12e parmi les 311 nanas, 62e au classement général) et un plongeon bien mérité dans l'océan qui longe l’une des plages les plus iconiques de la planète. (No offense, cher Marathon de Lausanne, toi qui a accueilli des milliers de mollets ce dimanche.)

Cette course passe chez les pompiers, en boîte et dans des musées
Video: watson
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