On en parle peu, mais il est toujours là. Tapi dans l'ombre de ses deux grands rivaux. Robert Fitzgerald Kennedy Junior, «RFK Jr» de son acronyme. Son déclin brutal dans les sondages après le retrait de Joe Biden ne l'a guère découragé. S'il flotte désormais à un petit 5% des intentions de vote, après avoir caracolé à 9% à l'échelle nationale, le candidat caresse encore l’espoir de vaincre à la fois Donald Trump et Kamala Harris en novembre prochain.
Tout fantasque et dérangeant qu'il est, RFK Junior n'est pas fou pour autant. Depuis l'entrée en lice de la candidate Harris et de la fanfare «Kamalamania», l'indépendant s'est mis à étudier de nouvelles possibilités pour son avenir. En mangeant à tous les râteliers.
Tout a commencé en juillet dernier, lors de la Convention nationale républicaine à Milwaukee, où l'indépendant est parti à la rencontre de Donald Trump. Au menu des négociations entre les deux candidats à la présidentielle? En échange de l'abandon de Kennedy et de son soutien, un possible rôle dans une nouvelle administration Trump. Selon le Washington Post, le candidat anti-vaccins aurait été jusqu'à articuler un poste de «conseiller sur les questions de santé et médicales» ou de secrétaire de Cabinet.
Les tractations de RFK Jr ne se sont pas arrêtées là. D'après plusieurs sources auprès de CNN, c'est ensuite du côté démocrate qu'il est parti draguer la semaine dernière. Sa proposition? Toujours la même. Discuter d'un boulot à la Maison-Blanche, en cas de retrait et de voeu d'allégeance à Kamala Harris.
Selon des «personnes proches des discussions», cette tentative d'approche est restée lettre morte. Aucune rencontre entre les deux candidats n'a eu lieu et aucun intérêt n'a même été manifesté. Pas déconfit pour autant, RFK a déclaré mercredi qu'il espérait que la démocrate reconsidérerait sa proposition.
C'est peu de le dire. Malgré sa faible avancée dans les sondages, le candidat de 70 ans reste un caillou douloureux dans les chaussures des deux camps. Dans les Etats-clés de l’Arizona, du Nevada, de la Géorgie et du Wisconsin, que Joe Biden avait remportés de justesse en 2020, sa présence menace de faire basculer la course.
«Il peut avoir un impact dans n’importe lequel de ces Etats, car vous parlez de 10 000 à 20 000 voix d'écart», note Spencer Kimball, directeur du Emerson College Polling, au New Yorker.
Alors, Robert Fitzgerald Kennedy Jr continue. Faisant fi des grimaces de sa célèbre famille sur sa candidature, il continue de battre campagne. Une campagne ponctuée d'interviews régulières, d'interminables heures de podcasts et de rassemblements en cravate à flamants roses et costume gris, dans des Etats comme l’Arizona et le Nebraska. Autant d'efforts qui lui permettent de progresser dans l'accès au scrutin – son nom est inscrit sur les bulletins de vote dans une douzaine d’Etats jusqu'à présent.
Avec des ambitions politiques loin d’être conventionnelles et le sentiment d'être investi d'une mission quasi-divine («Il se voit comme quelqu’un qui va changer le monde. C’est une vision très grandiose, très romantique», susurre un de ses amis au magazine New Yorker), il ne fait aucun doute que RFK Jr est voué à semer la pagaille dans cette campagne encore un moment.
Après tout, comme l'a confirmé un responsable de campagne auprès de CNN mercredi, il reste ouvert à l'idée d'abandonner la course s'il pense «pouvoir servir le pays d'une autre manière». Ne reste plus qu'à savoir comment.