La nouvelle loi interdit la majorité des avortements une fois qu'un battement de coeur a été détecté, soit généralement vers six semaines de grossesse. A ce stade, énormément de femmes ne savent pas encore qu'elles sont enceintes.
Cette législation avait été promulguée par la gouverneure républicaine, Kim Reynolds, l'année dernière, mais bloquée jusqu'à ce que la Cour suprême de l'Etat n'intervienne cet été. «C'est une victoire pour la vie», s'est félicitée la semaine dernière la gouverneure.
La loi a plus largement été rendue possible par la fin de la protection fédérale de l'avortement aux Etats-Unis, décidée il y a un peu plus de deux ans par la Cour suprême américaine. Celle-ci avait été profondément remaniée par le président Donald Trump lors de son mandat.
«Ce matin, plus de 1,5 million de femmes de l'Iowa se sont réveillées avec moins de droits qu'elles n'en avaient la nuit dernière, à cause d'une nouvelle interdiction de l'avortement trumpiste», a écrit lundi Kamala Harris, probable candidate démocrate à l'élection présidentielle de novembre face au milliardaire républicain.
La vice-présidente, qui s'est depuis longtemps emparée du sujet, a lancé lundi une semaine de mobilisation, sa campagne promettant «des dizaines» d'événements dans les prochains jours.
Today, Iowa's extreme abortion ban goes into effect, creating a health care crisis for women across the state.
— Vice President Kamala Harris (@VP) July 29, 2024
If extremist so-called leaders have their way, no woman in our nation will be safe from the government telling her what to do with her own body.
En mars, elle s'était notamment rendue dans une clinique du Planning familial pratiquant des avortements, une première pour un(e) vice-président(e) en exercice selon la presse américaine.
Depuis la décision de la Cour suprême, la défense de l'avortement a offert des victoires locales aux démocrates lors de scrutins portant sur cette question, même dans des Etats plutôt acquis aux conservateurs, comme l'Ohio ou le Kansas.
Les démocrates espèrent que le sujet les aidera aussi en novembre pour convaincre des électeurs à se mobiliser contre Donald Trump - qui a récemment adouci sa position sur la question.
La loi dans l'Iowa prévoit des exceptions en cas de viol, d'inceste, de danger pour la vie de la mère et d'anomalies graves de développement du foetus. Mais dans les Etats ayant mis en place des exceptions similaires, la peur de poursuites a parfois conduit des médecins à refuser d'intervenir même en cas de graves complications.
L'Iowa devient le 18e Etat avec une interdiction de l'avortement quasi-totale ou après six semaines de grossesse, selon le Center for Reproductive Rights, une organisation de défense du droit à l'avortement. Quelques autres Etats ont également adopté des limites gestationnelles par exemple à 12 ou 15 semaines.
Jusqu'ici, les avortements étaient possibles jusqu'à environ 20 semaines dans l'Iowa, Etat du Midwest américain remporté par Donald Trump en 2020.
Mais selon un sondage réalisé en mars 2023, 61% des habitants de l'Iowa considéraient que l'avortement devrait être légal dans la plupart des cas.
«Des patientes vont être contraintes de parcourir des centaines de kilomètres, si elles en ont les moyens», pour se rendre dans des Etats où l'avortement est encore autorisé, a déploré Nancy Northup, présidente du Center for Reproductive Rights.
Autre option pour les femmes: des réseaux militants ou services de télémédecines proposant l'envoi de pilules abortives partout dans le pays, notamment via des médecins se situant dans des Etats démocrates les protégeant de poursuites. Ces pilules sont approuvées jusqu'à 10 semaines de grossesse par l'Agence américaine des médicaments (FDA). (mbr/ats)