Mardi, Donald Trump Jr. a entamé une visite privée au Groenland, territoire autonome du Danemark convoité par son père Donald Trump. Le Groenland cherche à gagner en souveraineté, mais reste financièrement dépendant de Copenhague. «Le Groenland est aux Groenlandais», a dit dans ce contexte la Première ministre danoise Mette Frederiksen.
L'avion estampillé «Trump» et transportant le fils du président élu a atterri peu avant 13h00 (14h00 heure suisse) à l'aéroport de Nuuk, le long du fjord enneigé.
Interrogé par la télévision et radio publique groenlandaise KNR à sa descente d'avion, Donald Trump Jr. a dit être là en tant que «touriste» et ne pas avoir prévu de rencontres officielles.
La presse locale assure qu'il sera sur place quelques heures seulement. «Ce voyage est probablement juste ce que Trump Jr. dit lui-même, pour faire du contenu vidéo», estime auprès de l'AFP Ulrik Pram Gad, spécialiste du Groenland à l'Institut danois des études internationales.
Le territoire autonome danois attise les convoitises pour ses ressources naturelles – bien que la prospection pétrolière et l'exploitation de l'uranium y soient interdits – et pour son importance géostratégique – les Etats-Unis y ont déjà une base militaire.
Ulrik Pram Gad estime:
Ce n'est pas la première fois que le milliardaire américain s'intéresse au Groenland. Il avait envisagé de l'acheter en 2019 lors de son premier mandat et s'était déjà vu opposer une fin de non-recevoir.
«Comme le Premier ministre Mute Egede l'a dit, le Groenland n'est pas à vendre», a dit à la télévision TV2 la Première ministre danoise Mette Frederiksen. Et de souligner:
«Le Groenland est à nous. Nous ne sommes pas à vendre et ne le serons jamais», a écrit avant Noël sur Facebook le chef du gouvernement groenlandais Mute Egede suite à une première suggestion d'annexion. «Non merci», a d'ailleurs affirmé la députée Aaja Chemnitz, qui représente le Groenland au Parlement danois, après l'offre de Donald Trump. Et d'écrire, sur Facebook, refuser d'«être un pion dans les rêves brûlants de Trump d'étendre son empire à notre pays».
Avec ses 57 000 habitants répartis sur 2,2 millions de km2, ce qui représente la plus faible densité de population au monde, l'immense île arctique est géographiquement plus proche du continent américain que de l'Europe. Autonome depuis 1979, le Groenland a son drapeau, sa langue et ses institutions mais la justice, la politique monétaire, étrangère de défense et de sécurité dépendent toujours de Copenhague.
Le poste d'ambassadeur pour l'Arctique a cristallisé les tensions entre les deux capitales, car le Danemark avait nommé il y a deux ans un diplomate sans lien avec la région. Fin décembre, le gouvernement danois a annoncé que Nuuk allait désormais nommer un candidat à ce poste et présider le Conseil de l'Arctique au nom du royaume scandinave.
Le Premier ministre groenlandais a affirmé que le territoire devait faire «un pas en avant» et «façonner son avenir» notamment en ce qui concerne (ses) partenaires commerciaux et les personnes avec lesquelles «nous devrions travailler en étroite collaboration».
En 2023, un projet de Constitution avait été présenté au Parlement local, l'Inatsisartut. «Depuis il n'y a pas eu de débat public», relève le chercheur Ulrik Pram Gad. La discussion pourrait toutefois émerger lors de la prochaine campagne, les législatives locales devant avoir lieu au plus tard le 6 avril.
(ag/ats)