En 2016, ByteDance, géant chinois du divertissement, lance Douyin, une plateforme de partage de vidéos en Chine. Face à son succès, une version internationale voit le jour: TikTok. Le coup de maître survient en 2017 avec l’acquisition de Musical.ly, célèbre pour ses vidéos de synchronisation labiale, pour 1 milliard de dollars. En 2018, les deux plateformes fusionnent sous le nom de TikTok, qui séduit immédiatement grâce à ses vidéos courtes et captivantes. Danses, recettes, comédies ou défis, tout y passe.
En 2020, la pandémie propulse TikTok au sommet. Tandis que des milliards de personnes sont cloîtrées chez elles, l’algorithme de recommandation de la plateforme devient un passe-temps universel. En quelques glissements de doigt, les clips s’enchaînent et captivent, bien au-delà du public adolescent.
Concurrentes, Google et Facebook ripostent avec YouTube Shorts et les Reels, mais l’influence de TikTok ne cesse de croître. Pourtant, son lien avec la Chine éveille des soupçons politiques. L’Inde bannit l’application en juillet 2020, et des tensions émergent également aux Etats-Unis.
L’été 2020 marque une escalade. Donald Trump, dans un contexte de campagne électorale tendue et sur fond de tensions sino-américaines, accuse TikTok d’espionnage et de transfert de données au gouvernement chinois.
Il signe des décrets menaçant de bannir l’application, sauf si ByteDance la cède à une entité américaine. Ces accusations, bien que non prouvées, amplifient la méfiance. Cependant, entre batailles judiciaires et l’élection de Joe Biden, ces interdictions restent lettre morte.
En 2021, TikTok atteint le cap du milliard d’utilisateurs mensuels. Mais derrière son succès, des inquiétudes montent: addiction, manipulation politique et espionnage potentiel. En 2022, un rapport de BuzzFeed révèle que des employés de ByteDance basés en Chine auraient accédé à des données sensibles. TikTok tente de rassurer en hébergeant les données américaines sur des serveurs d’Oracle, mais les restrictions se multiplient: le Pentagone, la Maison-Blanche et d’autres organisations interdisent l’application sur leurs appareils.
En avril 2024, Joe Biden signe une loi imposant à ByteDance de vendre TikTok avant janvier 2025, sous peine d’interdiction. Washington justifie cette décision par des risques supposés d’espionnage et de manipulation, tandis que TikTok, avec 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis, se défend. La plateforme saisit la justice, arguant que cette loi viole la liberté d’expression.
La Cour suprême a accepté de se pencher sur l’affaire, fixant les débats au 10 janvier 2025, quelques jours avant le retour de Donald Trump à la présidence. Ce dernier, autrefois farouche critique de TikTok, a récemment changé de ton, affirmant un «faible» pour l’application qui lui a permis de séduire les jeunes électeurs lors de sa dernière campagne.
(mbr avec ats)