International
Analyse

Tesla vs. Trump: Elon Musk va mal

Tesla, Trump: Elon Musk a un gros problème
Alors que Trump rêve de le garder dans les parages, le conseil d’administration de Tesla serait en train de chercher à le remplacer à la tête de la société. Elon Musk est en crise.images: getty, keystone, montage: watson
Analyse

Elon Musk va mal

Le conseil d’administration de Tesla serait en train de faire chauffer son carnet d’adresses pour remplacer Elon Musk à la tête de la société. Au même moment, Donald Trump le supplie de rester à ses côtés. Une situation inextricable dans laquelle l’homme le plus riche du monde s’est vautré tout seul. Et s’il envoyait tout péter?
01.05.2025, 16:5201.05.2025, 16:52
Plus de «International»

Elon Musk va devoir choisir entre deux pouvoirs. Celui, plus volatile, qui se cuisine sous les dorures de Washington et l’autre, beaucoup plus technique, du business. Six mois après l’élection de Donald Trump, ces deux imposants leviers d’influence, qu’il est parvenu à aimanter avec un certain brio, sont en train de se cannibaliser à une vitesse industrielle. Et Donald Trump semble aujourd’hui le seul à avoir véritablement tiré profit de cette improbable bromance.

Selon le Wall Street Journal, la longue course d’école d'Elon Musk à la Maison-Blanche a tellement pesé sur la santé financière et la réputation de Tesla, que le conseil d’administration serait en train de fomenter un coup pour l’éjecter de la direction et lui trouver un remplaçant.

Sur fond d’ultimatum et de réunions secrètes, Elon Musk serait sur un siège éjectable. Pour la faire courte, l’homme le plus riche du monde a été sommé de lâcher sa garçonnière à Washington et d'indiquer aux investisseurs inquiets qu’il compte se concentrer à nouveau sur sa société de véhicule électrique. Ce qu’il a fait la semaine dernière, «après que Tesla a annoncé une chute de 71 % de son bénéfice au premier trimestre», précise le WSJ.

«A partir du mois prochain, je consacrerai beaucoup plus de temps à Tesla»
Elon Musk, aux investisseurs, la semaine dernière

Dans la foulée de la publication de l’article, mercredi matin, Elon Musk fulmine sur son propre réseau social: «C'est une VIOLATION EXTRÊMEMENT GRAVE DE L'ÉTHIQUE que le @WSJ publie un ARTICLE DÉLIBÉRÉMENT FAUX», qu’il a postillonné en majuscule sur X.

Un coup de gueule également poussé par la présidente du conseil d’administration de Tesla Motors. Robyn Denholm, qui dément avoir «contacté des cabinets de recrutement pour lancer une recherche de PDG», en a profité pour rappeler que «le PDG de Tesla est Elon Musk et le conseil d'administration est très confiant dans sa capacité à continuer à exécuter le plan de croissance passionnant à venir». Autrement dit, le feu couve.

On le sait, depuis qu’il dégraisse à l’acide les étages de l’administration américaine pour les beaux yeux du président, ses affaires prennent l’eau. Musk s’éparpille, pisse sur toutes les moquettes, bouffe à tous les râteliers, fourre son nez dans les affaires politiques de plusieurs pays européens.

C’est une activité dont son cerveau imprévisible et ses ambitions démesurées raffolent depuis toujours. Une fois qu’un produit tient la route, le bonhomme s’ennuie et se met en chasse de nouveaux terrains de jeu. Mais depuis qu’il est parvenu sur la plus haute marche du pouvoir politique, et puisque son lieu de naissance ne lui permettra jamais d’emménager tout seul dans le Bureau ovale, le voilà dans une impasse, qui ressemble à un véritable labyrinthe philosophique.

Car Elon Musk n’a pas qu’un bête choix binaire à formuler, à savoir quitter Washington ou voir Tesla mourir sous yeux. Il doit dealer avec l’idée de faire marche arrière, sans avoir pu graver durablement son empreinte. Et Donald Trump a inconsciemment matérialisé cet étrange défi, mercredi, au travers d’une petite phrase infantilisante:

«J’imagine qu'il veut rentrer chez lui et retrouver ses voitures»
Donald Trump, au sujet d’Elon Musk

L’homme le plus riche du monde sait pertinemment que cette phrase est une cruelle vérité. Autrement dit, finis de jouer dans ce tout frais bac à sable politique, il s’agit de retourner au turbin. Le vrai. S’il semble irrémédiablement contraint de courir au chevet de Tesla pour limiter la casse financière, la perspective de «simplement» rentrer au bercail est sans doute vécue comme un cauchemar.

Elon Musk est un colonisateur. A chacune de ses montées en puissance, c’est tout un domaine qu’il ambitionne d’avaler et de dominer. La voiture électrique, les satellites, la neurotechnologie, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, les tunnels, l’espace, jusqu’à la démultiplication de son ADN, en répandant discrètement sa semence pour créer une «légion de bébés».

Au lieu de se retirer à temps du chaudron MAGA, par exemple en décembre, lorsque la capitalisation boursière de Tesla avait atteint un record de 1 500 milliards de dollars en rebond de l’élection de Donald Trump, le visionnaire glouton a mordu à l’hameçon du pouvoir politique et renoué avec l’un de ses plus grands défauts: le micro-management.

Comme un gamin qui ne peut résister à la sortie de la dernière Playstation, Elon Musk a sans doute cru que gambader à Mar-a-Lago, œuvrer au front avec son département Doge, fricoter avec les thèses et décisions brutales du président n’aurait aucune incidence sur ses business. Pire encore, le voilà contraint de cohabiter avec des bouleversements politiques qu’il désapprouve et lui cause le plus grand tort (les taxes douanières), sans pouvoir s’en désolidariser totalement.

Oui, c’est un casse-tête.

Si l’homme s’est toujours dit personnellement imperméable à la critique, ses sociétés n’auront jamais cette chance. En marge du grabuge boursier, on ne compte plus les boutiques Tesla incendiées et les voitures esquintées dans les rues. Sans compter que son Cybertruck est devenu la risée du public.

Maintenant qu’il a su partiellement coloniser Washington à coups de milliards, et donc la plus grande puissance mondiale, la planète bleue doit lui sembler particulièrement exigüe. Prochaine étape? Mars. Et d’ici fin 2026. Une annonce faite dernièrement par Elon Musk, évidemment sur X, promet le décollage de sa fusée Starship avec à son bord le robot humanoïde Tesla Optimus. Si tout se passe comme prévu, le patron envisagera alors l’envoi d’un être humain sur la planète rouge à l’horizon 2030 et le déballage de son plus grand fantasme: transformer l'humanité en une espèce multiplanétaire.

Or, d’ici là, le chouchou de Donald Trump devra rapidement faire le ménage dans sa commode à casquettes, s’il veut sauver Tesla et assurer sa conquête spatiale. Eblouie et brûlée par la critique, sa société n’a que faire d’une visière MAGA, bien que Musk s’en soit moqué sur son réseau social, mercredi, en prouvant avec une certaine ironie qu’il sait empiler les couvre-chefs depuis qu’il est gamin.

Va-t-il se résoudre à reculer d’un pas ferme et aligner quelques décisions sages et responsables? Rien n’est moins sûr. Celui qui détient un peu moins de 13% des actions de Tesla pourrait aussi bien en profiter pour renverser la table et prendre tout le monde par surprise. C’est d’ailleurs l’une de ses spécialités.

Une chose est sûre, 2025 est une année charnière pour l’homme d’affaires le plus imprévisible de la planète.

Jul fait une entrée spectaculaire et bat un record au Stade de France
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
1
Zelensky rejette les trêves de courte durée proposées par Poutine
Les cessez-le-feu de quelques jours, comme celui proposé par Moscou du 8 au 10 mai, sont jugés insuffisants par Kiev, qui estime qu’ils ne permettent pas de réelles avancées vers la fin du conflit.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit ne pas vouloir «jouer» avec les courtes trêves proposées par son homologue russe Vladimir Poutine dont un cessez-le-feu du 8 au 10 mai. Il estime ces délais trop courts pour mener des pourparlers sérieux.

L’article