Ce n'est pas parce que Donald Trump l'avait adoubé en mars dernier comme le «Martin Luther King sous stéroïdes» que le bras droit du gouverneur de Caroline du Nord l'a forcément pris comme un compliment. Pour preuve, dans une série de messages publiés sur internet en octobre 2011, l'intéressé aurait critiqué le leader des droits civiques en des termes si violents («bâtard communiste», «pire qu’un asticot», «putain de roi imposteur», «charlatan») qu'un autre utilisateur l'avait alors accusé d'être un suprémaciste blanc.
On doit la résurgence de ces commentaires à une longue fouille de CNN, mise en ligne jeudi soir. Selon les recherches de la chaîne, le prétendant au poste le plus important de Caroline du Nord aurait tenu une série de propos particulièrement outranciers entre 2008 et 2012, sous le nom d'utilisateur «minisoldr», un pseudo que Mark Robinson utilisait souvent.
CNN a pu identifier le politicien et l'utilisateur comme une seule et même personne grâce à une litanie de détails biographiques et une adresse e-mail commune. C'est ainsi que, sur un forum dédié aux républicains noirs, Mark Robinson se décrivait en octobre 2010 comme «un NAZI noir!», avant de renchérir, dans une autre publication mise en ligne le même mois:
Deux ans plus tard, en mars 2012, le conservateur en rajoutait une couche en indiquant qu’il préférait l’ancien dirigeant de l’Allemagne nazie, Adolf Hitler, à l'administration Obama. «Je préfère Hitler à n'importe quelle merde qui se passe à Washington en ce moment!», assenait le futur politicien.
Mentionnant aussi une autre salve de commentaires, de nature sexuelle et obscène, publiés sur le forum d'un site porno, Nude Africa, qui tranchent douloureusement avec les positions publiques actuelles du républicain. Malgré sa rhétorique anti-transgenre pour le moins virulente, Mark Robinson aurait déclaré à l'époque:
Même revirement douteux en ce qui concerne l'avortement. En décembre 2010, Mark Robinson écrivait qu'il «ne se souciait pas» du fait qu'une célébrité ait recours à l'IVG.
Difficile de croire que, dix ans plus tard, en 2020, le même homme faisait campagne en plaidant pour une interdiction totale de l’avortement, sans exception. Il a ensuite exprimé ses regrets en 2022 et admis que sa femme actuelle s'était fait avorter dans les années 1980.
Dans des propos très explicites, largement caviardés par CNN, il décrit, en outre, sa propre excitation sexuelle, après avoir «espionné» secrètement des femmes dans les douches publiques des gymnases quand il avait 14 ans.
Si les activités en ligne de Mark Robinson sont bien antérieures à son entrée en politique et à son mandat actuel de lieutenant-gouverneur de Caroline du Nord, pas sûr qu'ils servent à la candidature de celui qui pourrait devenir le premier gouverneur noir de l’Etat, en cas de victoire. D'autant que l'homme est scruté à la loupe depuis des mois pour ses déclarations et ses posts incendiaires sur les réseaux sociaux.
Dans tous les cas, l'intéressé, qui nie farouchement avoir tenu ces propos, a d'ores et déjà juré de rester dans la course jeudi soir. Dans une vidéo de 82 secondes publiée sur X, peu avant la diffusion de l'enquête explosive de CNN, Mark Robinson a déclaré: «Laissez-moi vous rassurer. Les choses que vous verrez dans cette histoire ne sont pas les mots de Mark Robinson. Mes amis, nos adversaires cherchent désespérément à détourner l'attention des questions de fond».
Un peu plus tard dans la soirée, le parti républicain de Caroline du Nord a pris position en faveur de son candidat, alors que l'équipe de son rival démocrate, Josh Stein, a sauté sur l'occasion pour lancer:
A ce stade, une seule certitude: cette histoire rocambolesque n'en est qu'à ses prémices, alors que la course pour remporter la Caroline du Nord, un Etat clé où Donald Trump et Kamala Harris sont au coude-à-coude, est susceptible de faire basculer toute l'élection présidentielle. Pendant que l'équipe de la démocrate pense pouvoir capitaliser sur l'attention négative générée depuis des semaines par Mark Robinson, Donald Trump, lui, y est attendu samedi pour un meeting.
Affaire à suivre.