L'idée a pris une ampleur folle avant de retomber, mollement, écrasée comme un soufflé après un passage au four. En juillet dernier, aux termes de chamailleries publiques avec Donald Trump qui n'avaient rien à envier à une cour d'école, Elon Musk a annoncé la création de son parti politique, le «Parti de l'Amérique». Le projet s'avérait aussi ambitieux que casse-gueule: rassembler les électeurs américains mécontents des deux principaux partis politiques du pays, sous une nouvelle bannière, ce dès l'année prochaine.
Mais alors que plusieurs compères de la Silicon Valley et autres opportunistes rivalisaient de promesses de don, et que les experts et législateurs se grattaient le crâne devant cette idée incongrue, l'homme le plus riche du monde prenait - us n'est pas coutume - le temps de méditer son projet.
Et, selon des alliés du patron de SpaceX dans le Wall Street Journal, Elon Musk aurait finalement décidé de «freiner» la création de son propre parti pour se concentrer sur ses entreprises déjà existantes. Tesla, qui a particulièrement souffert des incursions de son patron dans la politique ces derniers mois et dont les ventes ont dégringolé, mérite, en effet, d'être bichonnée.
Selon des sources du WSJ, le milliardaire éprouverait, en outre, quelques réticences à se mettre à dos les républicains, en fondant un troisième parti qui menacerait de siphonner leurs électeurs.
Résultat: depuis quelques semaines, Elon Musk traîne la patte. Selon une personne «au courant du dossier», il a notamment annulé une réunion avec un groupe externe spécialisé dans l'organisation de campagnes. Il n'a pas non plus donné de nouvelles aux alliés intéressés par la création de cette troisième voie.
Ce n'est pas pour autant que l'homme le plus riche du monde se tiendra totalement à l'écart de la politique. Non seulement ses proches assurent qu'il pourrait «changer d'avis» à l'approche des élections de mi-mandat, en automne 2026. Mais, surtout, il aurait maintenu des contacts étroits et réguliers avec le vice-président JD Vance ces dernières semaines, en toute discrétion.
Si étroits qu'Elon Musk a confié à son entourage ses craintes que la formation de son propre parti politique n'altère ses relations avec l'héritier putatif du mouvement MAGA.
Tout au contraire, le milliardaire semble décidé à caresser le vice-président dans le sens du poil: à en croire les sources du Wall Street Journal, il nourrit l'intention d'utiliser une partie de ses vastes ressources financières pour soutenir JD Vance, si d'aventure ce dernier choisit de se présenter à la présidentielle de 2028. Et quand on sait qu'Elon Musk a dépensé 300 millions de dollars pour la campagne de Donald Trump...
Pendant ce temps, JD Vance est sur le point de faire face à un test de politique étrangère majeur. Un test susceptible de confirmer son potentiel de candidat à la Maison-Blanche. Comme sa prédécesseure Kamala Harris, qui avait hérité du dossier brûlant de la crise aux frontières sous le mandat de Joe Biden, avant lui, JD Vance s'est vu confier par le président un dossier délicat: la coordination d'un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine.
Une «meilleure» mission, peut-être, mais qui n'en restera pas moins un véritable exercice d’équilibriste pour JD Vance. Connu pour son opposition à toute nouvelle assistance militaire américaine à l’Ukraine, le vice-président est resté remarquablement silencieux lors de la venue de Volodymyr Zelensky à Washington, ce lundi - se contentant d'esquisser un vague sourire.
Contacté par le Daily Beast, le bureau du vice-président a refusé de commenter ses efforts de coordination ainsi que ses potentiels objectifs. JD Vance s'est contenté de partager une publication de Donald Trump sur Truth Social lundi soir, puis de publier un message le lendemain pour féliciter la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, d'avoir réprimandé les médias pour leur couverture «mensongère» des négociations avec la Russie et l'Ukraine.
Une chose est sûre: pour l'ancien sénateur de l'Ohio de 41 ans, le ralentissement des ardeurs d'Elon Musk pour lancer son «Parti de l'Amérique» ne peut être qu'une bonne nouvelle. Historiquement, les tiers partis agissent souvent comme des perturbateurs et détournent des voix des deux principaux partis.
JD Vance sait, en tout cas, qu'il peut toujours faire appel à l'entrepreneur, comme il l'a confié récemment lors sur le podcast The Gateway Pundit. «Je ne sais pas s'il répondrait à mon appel en ce moment», a d'abord confessé le vice-président à propos du patron de Tesla, avant d'ajouter précipitamment:
«Je pense vraiment que c'est une erreur de sa part de tenter de rompre avec le président», a-t-il poursuivi avec honnêteté. «J'espère qu'il sera revenu dans le giron du président d'ici les élections de mi-mandat.»
L'espoir fait vivre, comme on dit. Et même si Donald Trump et Elon Musk ne ravivent jamais la flamme, JD Vance ne manquera pas de tenter de conserver l'homme le plus riche du monde à ses côtés. Une relation qui pourra se révéler cruciale, le jour venu, pour accomplir de potentielles ambitions présidentielles.