Voilà plus d'une semaine que Lina n'a plus donné signe de vie. L'adolescente de 15 ans a disparu dans la matinée du samedi 23 septembre, alors qu'elle se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la Roche depuis son village de Plaine, en Alsace. Un parcours d'environ trois kilomètres ,le long d'une route puis d'une piste cyclable. La jeune fille devait prendre le train pour rejoindre Tao, son petit ami âgé de 19 ans, à Strasbourg, à un peu moins de 60 kilomètres.
Depuis, l'enquête patine. Des battues ont été organisées, mais elles n'ont pas permis de retrouver la jeune fille, pas plus que l'intervention des plongeurs dans des étangs ou l'utilisation de chiens. Ces derniers marquent la disparition de Lina quelque part sur la route. Mais un témoignage pourrait relancer les enquêteurs: un habitant dit avoir vu Lina dans une voiture à l'heure de sa disparition.
C'est ce témoignage, datant du jour de la disparition, mais rendu public dimanche 1er octobre par M6, dans l'émission 66 Minutes, qui expliquerait le marquage des chiens sur la chaussée. Selon Robert, un habitant du village, la jeune fille serait passée devant chez lui à bord d'une voiture, roulant non pas en direction de la gare, mais de Strasbourg.
Il dit l'avoir vue aux alentours de 11 heures 30 dans une voiture bleue conduite par un homme. «Ça me travaille depuis samedi après-midi», explique le témoin, au bout du fil avec la gendarmerie, devant les caméras de la chaîne française.
Des éléments qui pourraient laisser penser que la jeune fille se sentait en confiance et qu'elle connaissait peut-être le conducteur de la voiture bleue décrite par le témoin.
Au micro de franceinfo, lundi 2 octobre, cet habitant maintient avoir vu passer la jeune fille dans une voiture, en compagnie d'un homme, devant sa maison. «Elle n'avait pas l'air inquiète, elle n'a pas fait de signe de détresse», explique-t-il à nouveau.
Un témoignage jugé «sérieux» par les enquêteurs, qui ont par ailleurs perquisitionné, dimanche, la maison d'un professeur de musique, alors que ses deux véhicules avaient déjà été embarqués pour une recherche d'ADN. Les enquêteurs ont notamment utilisé du Blue Star, un détecteur de sang humain invisible à l'œil nu.
Ce professeur, qui vit seul dans cette grande bâtisse de deux étages, est un homme âgé d'une quarantaine d'années, qualifié de discret par l'un de ses voisins. Selon la police, aucune charge n'est à ce stade retenue contre lui, même si sa voiture, une Clio foncée, pouvait correspondre au véhicule décrit par deux témoins sur le chemin emprunté par Lina pour se rendre à la gare.
Plus d'une semaine après l'ouverture de l'enquête pour «disparition inquiétante», on assiste depuis dimanche 1er octobre à l'ouverture d'une «information judiciaire pour enlèvement et séquestration», deux faits passibles de 20 ans de prison. Une qualification criminelle du dossier «qui réduit l'hypothèse d'une disparition volontaire ou organisée, toutefois sans l'exclure définitivement», explique Marc Rollang, porte-parole de l’APNM Gendarmes et citoyens, sur franceinfo. Deux juges d'instruction ont été co-saisis de l'affaire.
Avant Lina, Karine, une jeune fille de 14 ans habitant également à Plaine, dit avoir elle aussi été abordée par un homme à deux reprises. Une première fois cinq jours avant la disparition de Lina, dans une autre commune des environs. Un homme à bord d'une voiture l'a klaxonnée plusieurs fois, vers 18h30 selon le père de Karine. Une deuxième fois jeudi matin, alors que l'adolescente se rendait à l'arrêt de bus pour aller en cours.
Les enquêteurs ont entendu Karine après que ses parents se sont manifestés suite à la disparition de la jeune Lina. En fin de journée, ce lundi 2 octobre, le parquet de Strasbourg a communiqué sur cette enquête, déclarant s'attendre à «des investigations de longue haleine».
L'affaire Lina rappelle celle de Margaux Ferreol. La jeune fille de 14 ans n'a plus donné signe de vie depuis le 11 août dernier. Selon le journal français La Provence, Margaux a fugué du commerce familial d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. L'appel à témoins lancé par le commissariat d'Aix n'a pas permis de la retrouver.
En France, un signalement a lieu toutes les douze minutes. L'an dernier, ce sont plus de 40 000 disparitions d'enfants qui ont été signalées, 95% étaient des fugues. L'Hexagone a aussi comptabilisé 1140 disparitions qualifiées d'«inquiétantes».