En mars 2025, l'Assemblée nationale a décidé de se pencher sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Une commission d'enquête est créée. Objectifs? Examiner les risques liés à l'exposition des jeunes à des contenus jugés dangereux et proposer des mesures concrètes pour les protéger.
Il ne s'agit toutefois pas de la première mesure mise en place pour lutter contre les dérives des réseaux sociaux dans l'Hexagone. En 2023, une loi a été introduite pour mieux encadrer le secteur de l'influence. La France est ainsi devenue le premier pays d'Europe à réglementer ce domaine, rappelle Radio France. Les influenceurs sont désormais sous la surveillance d'enquêteurs de la Répression des fraudes.
Depuis ce printemps, de nombreuses personnes ont été entendues par l'Assemblée nationale: des professionnels de la santé, des psychiatres, des psychologues ou des familles d'adolescents qui se sont donné la mort après avoir été exposés à des vidéos promouvant le suicide. Des créateurs de contenu considérés comme vertueux, comme Hugo Décrypte, ont également été auditionnés, relaye RTL.
Ce jeudi, les dirigeants de TikTok ont défendu le fonctionnement du réseau social. Ils se sont voulus rassurants sur leur politique de modération et sur l'expérience des 13-17 ans. Ils ont expliqué que 509 modérateurs francophones sont employés pour réfréner les contenus qui ne respectent pas les conditions d'utilisation. Brie Pegum, responsable de la régulation au sein de la plateforme, a déclaré:
Lorsque des contenus sexistes ont été mentionnés, elle a admis que «des erreurs étaient inévitables». Et de souligner: «Les utilisateurs sont très créatifs, y compris dans la façon de contourner les règles». Les représentants de TikTok ont cependant reconnu qu'il est possible que des mineurs s'inscrivent sur la plateforme.
Mardi 10 juin, cinq influenceurs jugés «problématiques» étaient reçus par les députés. Le but? Savoir s'ils sont conscients d'être suivis par des jeunes, dont des mineurs, et s'ils orientent leurs contenus en fonction de cette communauté. Ce qui leur est notamment reproché? La diffusion de discours masculinistes et de contenus pornographiques, la capitalisation de la misère sociale et la maltraitance d'enfants.
Adrien Laurent est un ancien candidat de télé-réalité reconverti dans le porno. Mi-mai, son compte TikTok a été supprimé après un signalement d'Aurore Bergé, la ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, en raison d'un contenu jugé «extrêmement préoccupant». Dans une lettre, elle dénonçait la propagation d'«une vision déformée et toxique de la sexualité, où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement». Elle s'inquiétait également de vidéos avec de jeunes filles «dont il est difficile de déterminer l'âge tant elles paraissent jeunes».
Lors de son audition, AD Laurent «s'est dédouané de toute responsabilité vis-à-vis du jeune public», précise France Info. Et de citer l'influenceur:
Le célèbre couple, également issu de la télé-réalité et installé à Dubaï, partage son quotidien sur Snapchat, Instagram et TikTok avec des millions d'abonnés. Les députés se sont toutefois montrés inquiets de la forte exposition sur les réseaux sociaux de leurs deux enfants, âgés de 4 et 7 ans. Ils ont voulu savoir si ce type de contenu, décrit comme «préoccupant», ne serait pas une atteinte à l'image, voire de la maltraitance et du travail forcé.
Dans la vidéo de l'audition, Arthur Delaporte, le président de la commission, rappelle d'ailleurs à Manon Tanti que lorsqu'un enfant apparaît dans une collaboration commerciale, il faut que cela soit encadré par un contrat de mannequinat. L'influenceuse assure ne pas être au courant de cette loi.
🔴 Commission d'enquête sur Tiktok et ses effets psychologiques sur les mineurs
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) June 10, 2025
🎙️ Suivez l'audition de Manon et Julien Tanti, créateurs de contenus.#DirectAN https://t.co/aE739biRr3
L'influenceur se présente comme un coach en séduction. Il propose des formations en ligne dans lesquelles il «promet de dévoiler les secrets de la psychologie féminine». Ses discours ont été pointés du doigt, car considérés comme masculinistes et misogynes – il pense par exemple que les femmes devraient rester à la maison après 22 heures. Il est aussi à l'origine de plusieurs vidéos dans lesquelles il aborde les femmes avec insistance.
Alex Hitchens s'est défendu devant la commission d'enquête et estime que ses propos ne sont «pas problématiques». Il revendique «la liberté d'expression».
Nasser Sari, de son vrai nom, s'est fait connaître en distribuant de l'argent à des jeunes dans le besoin à Perpignan. L'influenceur est cependant à l'origine d'un concept pointé du doigt: inviter des mineurs isolés ou des SDF dans une villa afin de les filmer, comme dans une télé-réalité. Il est accusé de capitaliser sur la misère sociale et d'humilier les personnes qu'il filme.
Pour France Info, les échanges de mardi n'ont «pas toujours été très constructifs». Certains influenceurs se sont braqués, d'autres indignés. Alex Hitchens a même quitté la visioconférence avant la fin de l'audition après qu'Arthur Delaporte lui ait coupé son micro.