Le commissaire aux droits de l'homme du Parlement ukrainien, Dmytro Loubinets, a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête sur un nouveau cas de mauvais traitements et d'exécutions de prisonniers de guerre ukrainiens par les forces armées russes. Les cas de ce type ont explosé ces derniers mois. Plusieurs nouvelles enquêtes s'ajoutent chaque semaine, rapporte le groupe de réflexion Institute for the Study of War (ISW).
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Ainsi, des sources ukrainiennes ont réuni des preuves affirmant que les forces russes ont exécuté 93 prisonniers de guerre ukrainiens sur le champ de bataille depuis le début de l'invasion, rapporte Yuri Bilousov, chef du département ukrainien de lutte contre les crimes de guerre. Mais un chiffre est encore plus inquiétant: 80% des exécutions auraient eu lieu en 2024.
Selon Yuri Bilousov, les crimes de guerre sont systématiques et les autorités russes les toléreraient. Il semblerait donc que certains commandants russes rendent ces crimes possibles, voire les approuvent explicitement.
Selon l'ISW, le commissaire aux droits de l'homme Dmytro Loubinets est du même avis. Il souligne que les plus hauts niveaux du commandement militaire russe semblent accepter les crimes de guerre en Ukraine. Il a donc envoyé une lettre aux Nations unies et au Comité international de la Croix-Rouge pour attirer l'attention sur ces événements.
L'enquête qui a été ouverte lundi concerne trois prisonniers de guerre ukrainiens non armés qui auraient été tués près de la colonie de New York dans l'oblast de Donzk. Deux jours plus tôt, le parquet de l'oblast de Kharkiv avait déclaré avoir ouvert une enquête préliminaire sur l'exécution de quatre prisonniers de guerre ukrainiens sur ordre de commandants russes. Au début du mois, des images de drones montrant les forces russes en train d'exécuter 16 soldats ukrainiens qui s'étaient rendus avaient également été publiées.
Au total, depuis mi-août, le parquet général ukrainien a ouvert cinq nouvelles enquêtes pour meurtre ou mauvais traitement de prisonniers de guerre ukrainiens.
Mais les exécutions ne sont pas les seuls crimes de guerre commis par la Russie. Des actes de torture et de mauvais traitements systématiques sont également régulièrement perpétrés. Un rapport du Haut Commissaire aux droits de l'homme des Nations unies publié début octobre constate que les autorités russes ont soumis les prisonniers de guerre ukrainiens à la torture, aux mauvais traitements et à des conditions inhumaines «à grande échelle et de manière systématique». Les prisonniers auraient ainsi été soumis à un large éventail de méthodes de torture et de mauvais traitements.
Il est hautement improbable que les supérieurs et les administrateurs militaires russes ne soient pas au courant du traitement réservé aux prisonniers de guerre ukrainiens, explique le rapport. Ce traitement se reflète également dans les médias d'Etat russes. Tout comme les fonctionnaires du gouvernement russe, ils utilisent régulièrement un langage «déshumanisant» pour parler des prisonniers de guerre ukrainiens. En outre, les médias n'ont pas rapporté les accusations contre les forces armées russes, seulement celles contre l'Ukraine.
Enfin, selon le rapport, des abus ont également été commis du côté ukrainien. Ainsi, la moitié des 205 prisonniers de guerre russes interrogés ont apparemment fait état de tortures. Cela se serait souvent produit dans la phase initiale de leur détention, avant qu'ils ne soient finalement transférés dans des établissements officiels. Cependant, le rapport conclut que les conditions dans les camps de prisonniers de guerre officiels gérés par l'Ukraine sont conformes au droit international humanitaire.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)