La guerre en Ukraine dure depuis plus d'un an et demi et ne semble pas devoir prendre fin de sitôt. Pour Karl Schlögel, expert militaire allemand, le risque de conflit généralisé augmente dans un Occident confronté à des menaces internes et externes. Il s'est exprimé dans la presse locale allemande et ne mâche pas ses mots:
Et l'Europe de l'Est, ce spécialiste la connaît bien. Ce professeur allemand de 76 ans a voyagé de long en large, durant ses études, à travers la Tchécoslovaquie et l'Union soviétique. Il a notamment étudié à Moscou. Il a ensuite raconté l'histoire, la culture et la mentalité slave via travers de nombreux ouvrages.
Dans les années 1930 aussi, selon lui, il se tramait quelque chose, qu'on pressentait très bien, sans pour autant être en mesure de l'évaluer avec précision. La situation géopolitique actuelle est soumise à la même atmosphère, estime-t-il, la guerre en Ukraine en étant la représentation la plus emblématique.
L'historien ne cesse de tirer des parallèles avec la situation à la veille de la Seconde Guerre mondiale. A l'époque aussi, il y avait du «surmenage analytique, intellectuel et politique».
Il a très tôt appelé à ne pas de sous-estimer le dirigeant russe, Vladimir Poutine. Il le décrit comme un «gestionnaire de pouvoir formé par le KGB», un «sadique», soumis à des «fantasmes impériaux» tout en menant une «cyber-guerre postmoderne». Il tente avec une grande maîtrise «de diviser les Européens».
Pour Karl Schlögel, difficile de savoir comment l'Europe surmontera ces écueils. Il juge qu'elle «ne maîtrise rien face à la menace russe» et décèle dans les sociétés séculières occidentales et leurs politiciens des «contradictions internes» et des «développements autodestructeurs», parmi lesquels «une volonté de capituler devant la force brute». Pour autant, il préfère se montrer optimiste. A ses yeux, tout porte à croire que l'Union européenne est bien plus forte qu'elle n'y paraît aujourd'hui..
Il refuse également de penser que le futur président américain Donald Trump laissera tomber l'Ukraine, car cela reviendrait à abandonner «tout ce que les États-Unis représentent». Mais, «il va forcément y avoir du changement». Reste à trouver comment s'y adapter.
Pour Karl Schlögel, le populisme qui se développe également sur le Vieux-Continent est un symptôme à prendre très au sérieux:
Selon l'historien, toute la situation n'est finalement pas vraiment surprenante, et on aurait pu s'y préparer bien plus tôt. Karl Schlögel estime que le personnel politique des démocraties occidentales doit s'adapter à ce «nouveau type de leaders». Sa requête est restée lettre morte, pour l'instant du moins.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)