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Guerre contre l'Ukraine

Ces réfugiés ukrainiens craignent d'être expulsés par Trump

Des milliers d'Ukrainiens craignent de «tout perdre» à cause de Trump

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a suspendu le programme humanitaire permettant aux Ukrainiens fuyant la guerre de trouver refuge aux Etats-Unis. A San Diego, Nikita et Alina, comme des milliers d’autres, redoutent l’expulsion et l’incertitude d’un avenir brisé une nouvelle fois.
28.03.2025, 05:4028.03.2025, 05:40
Paula RAMON, san diego / afp
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Face à l'invasion de leur Kharkiv natale par les troupes russes, Nikita et Alina ont fui l'Ukraine en février 2023 avec leur fille de cinq ans, pour se réfugier en Californie. Mais depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir, ils craignent de ne plus être les bienvenus. Car son administration a suspendu le programme humanitaire qui a permis à plus de 200 000 Ukrainiens en détresse d'être accueillis aux Etats-Unis depuis trois ans.

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«Si le nouveau gouvernement l'annule, nous perdrons tout, une fois de plus, et nous repartirons à zéro», souffle Nikita Demidov, installé à San Diego, où il a fondé une entreprise de maisons préfabriquées. Le couple a «des papiers, un numéro de sécurité sociale, un permis de travail», insiste cet homme de 39 ans.

Nikita Demydov and his wife Alina and daughter Darina, 7, at their apartment in San Diego, California, on March 20, 2025. With Russian troops ravaging their native Kharkiv, Nikita Demydov and his wife ...
Nikita Demydov, sa femme Alina et sa fille Darina, 7 ans, dans leur appartement de San Diego, Californie, le 20 mars 2025.Image: AFP

Mais cette sécurité apparente, offerte par l'ex-président Joe Biden aux Ukrainiens déplacés par la guerre, est menacée par la vaste offensive anti-immigration promise de longue date par Donald Trump.

Le milliardaire républicain a ordonné l'annulation des programmes offerts par son prédécesseur aux migrants du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, considérés comme des régimes autoritaires. Et avec la suspension de celui grâce auquel les Ukrainiens sont accueillis, ils craignent également que leur protection légale ne vole en éclats.

Tout quitter

«Ce programme donnait aux Ukrainiens une chance de stabilité», estime Ester Miroshnychenko, une adolescente de 18 ans qui a immigré avec ses parents et ses huit frères et sœurs.

«Si je dois tout quitter, ce sera vraiment difficile pour moi. Ce sera comme si tout ce que j'ai accompli allait être détruit»

La jeune femme aimerait que le gouvernement pense «aux gens qui ont travaillé dur, qui ont tout laissé derrière eux et qui trouvent toujours la motivation de continuer, même après la guerre».

«Leur retirer ces opportunités (...), pour quoi?»

Pour beaucoup, la soudaine intolérance de Washington est en total décalage avec leur quotidien aux Etats-Unis. «On ne le sent pas de la part des gens ordinaires», reprend Nikita Demydov.

«Le peuple américain est heureux de nous avoir ici. Mais au plus haut niveau, je ne comprends pas très bien ce qui se passe. (...) Ça me fait peur»
Nikita Demydov

«Les gens sont très inquiets», confirme Vlad Fedoryshyn, un volontaire chargé d'aider les Ukrainiens arrivés dans le cadre du programme humanitaire. Il reçoit actuellement entre 20 et 30 appels par jour d'immigrés préoccupés. A cause de la suspension du programme, nombre d'entre eux n'arrivent pas à renouveler leur autorisation de travail ou voient leurs autres procédures migratoires paralysées.

En danger

«Lorsque le gouvernement vous dit qu'il n'y aura plus de programme pour vous, qu'est-ce que ça signifie ? (...) Dois-je retourner en Ukraine?», s'alarme Vlad Fedoryshyn, lui-même arrivé en 2020 aux Etats-Unis. Ses compatriotes, pour qui «il a été très difficile de louer un appartement, de trouver un emploi, de s'installer ici (...), commencent à se sentir en danger», témoigne le jeune homme de 26 ans.

Pour lui, l'administration Trump ne comprend pas la réalité du terrain en Ukraine, où les civils meurent fréquemment sous les bombardements russes. Il est bouleversé par le revirement soudain des Etats-Unis, symbolisé par la violente altercation entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche fin février.

«Nous sommes un petit pays» dit-il, qui a appris dans les manuels d'Histoire que l'Amérique était un allié et un protecteur de l'Ukraine.

Vlad Fedoryshyn stands for a portrait in Oceanside, California, on March 20, 2025. With Russian troops ravaging Ukrainian cities, some were offered a way out when the United States welcomed them as pa ...
Vlad FedoryshynImage: AFP
«Nous comptions toujours sur cette protection. Et là, quand Trump parlait au président comme ça, (...) J'ai failli pleurer»
Vlad Fedoryshyn

Le jeune homme a du mal à croire que les autres pays qui ont ouvert leurs portes aux Ukrainiens au début de la guerre soient prêts à accueillir de nouveaux migrants. Et ne veut pas entendre parler de rapatriement. «Qui va vouloir retourner en Ukraine, où la guerre continue, où des missiles peuvent tomber, ou bien un drone peut frapper votre maison à tout moment?», lâche-t-il.

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