Les saisies «d'armes illicites» explosent en Ukraine et ça inquiète
Les autorités ukrainiennes saisissent de plus en plus d'armes détenues illégalement depuis le début de l'invasion russe, selon un rapport de deux ONG, qui estiment qu'il n'y a néanmoins pas de preuve de détournement massif des armes occidentales.
Les saisies d'armes à feu ont augmenté de plus de 60% entre les trois années antérieures au déclenchement de l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie (2019, 2020, 2021) et les les trois premières années de l’offensive (2022, 2023, 2024), indiquent l'ONG suisse Small Arms Survey et l'ukrainienne CENSS, dans un rapport de plus de 100 pages.
Une hausse des saisies qui inquiète
Les armes à feu concernées sont des armes de poing et d'épaule, y compris fusils automatiques, pistolets-mitrailleurs ou fusils mitrailleurs légers, précisent-elles dans ce rapport intitulé La boussole des armes, prolifération et contrôle des armes dans l'Ukraine en guerre.
Sur la même période, les saisies de lance-grenades, de grenades, de lance-roquettes et de mines ont toutes plus que doublé (+155% pour les grenades, par exemple, soit 10 311 saisies), selon ce rapport basé sur les chiffres des autorités judiciaires ukrainiennes. Les ONG affirment:
En septembre 2024, l'ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), tout en soulignant «l'efficacité de l'Ukraine dans la lutte contre le trafic», mettait en garde contre «des signes avant-coureurs d'une recrudescence», citant en exemple le démantèlement d'un réseau à Lviv (ouest), près de la frontière polonaise.
Armes russes et missiles portatifs
Pour autant, Small Arms Survey et CENSS affirment ne pas avoir trouvé de preuve de détournement massif d'armes légères fournies à Kiev par ses soutiens occidentaux, une crainte exprimée par certaines autorités et entretenue par les réseaux de propagande prorusses.
Dès juin 2022, le directeur général d'Interpol Jurgen Stock disait s'attendre à ce qu'un grand nombre d'armes envoyées en Ukraine finissent par tomber entre les mains de criminels en Europe et au-delà. Les ONG relèvent:
Une source sécuritaire occidentale a dit ne pas avoir perçu non plus une telle tendance.
Des craintes d'attaques terroristes
En revanche, les ONG insistent sur la place des armes russes dans la prolifération, celles cachées pour leurs opérations clandestines, celles données à leurs alliés ukrainiens des régions que la Russie occupe dans l'Est de l'Ukraine, ou celles qui sont abandonnées sur le champ de bataille.
Concernant les missiles portatifs, anti-aériens ou anti-chars (Manpads ou ATGM), particulièrement dangereux, ils «font l'objet d'une attention accrue et sont soumis à des contrôles plus rigoureux (...) en raison de leur longue portée, de leur précision, de leur létalité contre les cibles de grande valeur (aéronefs et véhicules blindés), de leur portabilité et de leur facilité de dissimulation», soulignent les ONG, rappelant que:
Plus de 20 de ces missiles portatifs ont été saisis par les autorités ukrainiennes, relèvent les ONG. Un seul était d'origine occidentale, un missile antichar NLAW fournit par le Royaume-Uni, saisi en juillet 2024.
