Depuis 2014, une bien étrange ville ukrainienne s'est retrouvée sur la ligne de front. New York – ou plutôt: Niou-Iork – localité d'environ 10 000 habitants, est en effet située dans la zone où les séparatistes pro-russes du Donbass se sont rebellés. Elle se trouve, depuis lors, à proximité de la zone contrôlée par la Russie.
Depuis quelques semaines, l'ampleur des attaques s'est intensifiée sur celle qui porte le même nom que la «grosse pomme» américaine: les tirs d'artillerie et les bombes détruisent la ville à petit feu. Elle pourrait tomber entre les mains de l'armée russe à tout moment, avertissent les soldats ukrainiens.
La petite New York (ou Niou-Iork) ukrainienne a retrouvé son nom il y a seulement trois ans. Fondée au 18e siècle par des colons mennonites (réformés) allemands, elle avait été rebaptisée Novhorodske sous l'ère soviétique. Le 1ᵉʳ juillet 2021, le Parlement ukrainien a décidé, à la suite d'une initiative citoyenne, de rétablir le nom originel.
L'origine de ce nom fait l'objet de diverses légendes. Des colons allemands pourraient avoir nommé l'endroit d'après la ville de Jork, située à l'ouest de Hambourg. Mais alors pourquoi garder le préfixe anglais «new» plutôt que l'allemand «neu»?
Plusieurs légendes existent dans la région. L'une d'elles veut qu'un des maires de la ville aurait été marié à une Américaine issue de la grande métropole de la côte Est. Une autre suggère simplement que ce serait un entrepreneur américain ayant émigré en Ukraine qui aurait nommé la petite localité ainsi.
Avant l'invasion russe, environ 10 000 personnes vivaient à New York. La ville avait déjà été abîmée: entre 2014 et 2022, plus de 100 bâtiments ont été détruits par les bombardements. Le changement de nom de 2021 visait à redynamiser la cité et à attirer des investisseurs, attirés par la curiosité du nom. Mais les plans ont été compromis par l'invasion russe. Depuis lors, l'intensité des frappes a augmenté.
Les choses se sont accélérées ces derniers mois. Début juillet, des soldats du 206e bataillon de l'armée ukrainienne ont déploré le manque de soutien dont ils avaient bénéficié alors que l'offensive russe prenait de l'ampleur dans la région. Malgré tout, l'armée russe continuait à progresser.
Début août, l'armée russe a déclaré avoir conquis la ville. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre des soldats russes levant le drapeau de la Russie sur un bâtiment. Mais Kiev a contesté cette prise de guerre. Andriï Kovalenko, directeur du département de lutte contre la désinformation au Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine, a déclaré:
Mardi dernier, l'Ukraine a lancé une opération militaire dans la région frontalière russe de Koursk. Selon plusieurs experts, l'objectif est de forcer la Russie à retirer certaines de ses troupes du Donbass pour les redéployer à Koursk. Cela permettra-t-il de sauver la ville?
Christopher Miller, correspondant du Financial Times à Kiev, rapporte que l'Ukraine a aussi dû retirer une partie de ses propres unités de Donetsk pour attaquer Koursk.
Traduit et adapté par Noëline Flippe