Les uns affichent un espoir timide, d'autres y sont tout simplement opposés. La proposition américaine d'une trêve des combats en Ukraine pendant 30 jours est loin de convaincre des Moscovites que le conflit pourrait toucher bientôt à sa fin.
Kiev a accepté mardi cette idée proposée par les Etats-Unis, une douzaine de jours après l'altercation dans le Bureau ovale entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump.
Le président américain, qui affiche des positions proches du Kremlin, s'est juré de mettre fin au plus vite aux hostilités déclenchées il y a trois ans par Vladimir Poutine. Désormais, c'est au tour de Moscou de se prononcer sur la proposition américaine. La présidence russe a dit attendre d'en connaître le détail.
Sous le ciel gris moscovite, Sergueï, 27 ans, en promenade avec son amie, casquette des New York Yankees vissée sur la tête, s'affiche en partisan de la paix. «Si tout est résolu de manière pacifique, je serais heureux, car la paix, le bien doivent toujours triompher du mal, de l'agression», dit prudemment le jeune homme, alors qu'en Russie dénoncer l'offensive contre l'Ukraine est passible de lourdes peines de prison.
Il admet essayer de ne pas penser au conflit, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, car cela le mine.
Anna Kozlova, une employée du système pénitentiaire russe, est, elle, opposée à toute trêve, affichant son accord avec la ligne défendue par le Kremlin jusqu'ici: un cessez-le-feu serait à l'avantage de l'armée ukrainienne, qui depuis plus d'un an est sur la défensive, perdant du territoire malgré de lourdes pertes infligées à l'armée russe.
Sergueï, un dentiste de 62 ans, essaye d'afficher un certain optimisme, du fait du rapprochement de la position américaine de celle de Vladimir Poutine, mais souligne que cet espoir reste minuscule.
Mais le dentiste relève également la contradiction de fond entre l'Ukraine et la Russie: la première refuse tout concession territoriale, et la seconde exclut de rétrocéder les territoires du sud et de l'est du pays sous son contrôle. En outre, le Kremlin refuse tout gel du conflit sur la ligne de front actuelle, réclamant une reddition de l'Ukraine et la reconnaissance de la souveraineté russe sur les régions occupées.
Les autorités russes ont «déclaré que ces territoires des régions occupées appartiennent à la Russie, je ne pense pas que l'Ukraine l'acceptera. Et la Russie n'acceptera pas une simple ligne de démarcation», note Sergueï, qui se définit comme un globetrotteur ayant visité 155 pays.
Dmitri, un ouvrier du bâtiment de 47 ans, raconte lui avoir été réveillé mardi matin par des explosions, l'Ukraine ayant lancé sa plus vaste attaque aux drones contre le territoire russe en réponse aux incessants bombardements du Kremlin qui ravagent villes et villages depuis trois ans. Habitant près de l'aéroport de Vnoukovo, au sud-ouest de Moscou, il aimerait ne plus craindre de telles frappes: