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Ces 6 types de drones changent la guerre en Ukraine

Un soldat ukrainien pilote son drone intercepteur à l'aide d'un casque de réalité virtuelle, en vue subjective. (Photo : 8 octobre 2025, région de Zaporijia)
Un soldat ukrainien pilote son drone intercepteur à l'aide d'un casque de réalité virtuelle, en vue subjective, le 8 octobre 2025, dans la région de Zaporijia.Image: Keystone

Ces 6 types de drones changent la guerre en Ukraine

L’usage de drones en Ukraine a révolutionné la guerre moderne. Mais tous les drones ne se ressemblent pas. Tour d’horizon de tout ce qui rôde dans le ciel ukrainien, ainsi que des moyens de s'en protéger.
28.10.2025, 18:5128.10.2025, 18:51
Remo Hess et Oliver Marx (illustrations) / ch media

La guerre en Ukraine est dans sa quatrième année, et l’artillerie, les chars et l’infanterie continuent de jouer un rôle essentiel. Les observateurs estiment toutefois que près de 80% des pertes sont désormais dues aux drones.

Ces nouvelles machines de guerre ont profondément transformé la manière de combattre. Mais tous ne se ressemblent pas, loin de là. Panorama sur les modèles qui occupent le ciel de l'Ukraine, et les moyens mis en œuvre pour s'en défendre.

Les drones bricolés

Le drone le plus efficace en Ukraine reste celui que l’on fabrique soi-même, soit avec une grenade ou une charge explosive attachée rudimentairement à un drone commercial classique. Le pilote peut alors la larguer au-dessus d’une cible, par exemple un groupe de soldats, en appuyant simplement sur un bouton.

Ici, un drone équipé d'une grenade appartenant à l'armée ukrainienne.
Ici, un drone équipé d'une grenade appartenant à l'armée ukrainienne.Image: Maria Senovilla

La version kamikaze est particulièrement meurtrière. Le pilote dirige le drone comme dans un jeu vidéo et le projette directement sur sa cible. Il peut même poursuivre un soldat ennemi jusque dans son abri. Les Ukrainiens sont devenus maîtres dans cet art.

Au sein de certaines unités spéciales ukrainiennes, un concours a même été organisé récemment pour élire le meilleur pilote de drones de l’armée. Ces opérateurs jouissent d’un grand prestige: ils sont en quelque sorte les as de l’aviation du 21e siècle.

Mais les Russes, eux aussi, emploient des drones artisanaux par centaines de milliers. De plus en plus souvent, ils les relient à leurs opérateurs par de très fins câbles en fibre optique longs de plusieurs kilomètres, ce qui leur permet de contourner les brouilleurs radio. Dans ce cas, côté défense, il ne reste qu’une solution: les abattre directement, parfois avec un fusil de chasse.

Les munitions en suspension

Les drones dits de «loitering munition», ou «munitions en suspension», sont également des drones kamikazes. La différence est qu’ils ne sont pas pilotés directement, mais agissent de manière semi-autonome. Ils patrouillent et «planent» pendant un certain temps au-dessus d’un secteur avant de s’abattre sur leur cible.

Durant la première phase de la guerre, la Russie a utilisé massivement ses munitions en suspension Lancet pour attaquer l’artillerie et les radars ukrainiens. L’Ukraine, pour sa part, utilise des drones américains Switchblade. Leur nom vient de leur mécanisme: après le décollage, deux paires d’ailes se déploient comme un couteau papillon.

Elle tourne en rond dans le ciel jusqu'à ce qu'une cible soit trouvée: la «munition vagabonde» russe Lancet.
La «munition vagabonde» russe Lancet tourne en rond dans le ciel jusqu'à ce qu'une cible soit trouvée.Image: AP

Les drones d’attaque

Les drones Shahed, utilisés par la Russie pour terroriser la population civile ukrainienne, ont une plus grande portée. Ils attaquent par essaims et embarquent selon le modèle une ogive de 30 à 90 kilos. Initialement développés en Iran, les Shaheds sont aujourd’hui produits en Russie sous le nom «Geran».

Moscou a également créé sa propre version, les Gerbera. Ce sont ces drones qui ont traversé en septembre l’espace aérien polonais.

Un drone d'attaque Shahed exposé au Parlement britannique. Les modèles plus récents sont équipés d'un moteur à réaction, ce qui les rend plus rapides et difficiles à intercepter.
Un drone d'attaque Shahed exposé au Parlement britannique. Les modèles plus récents sont équipés d'un moteur à réaction, ce qui les rend plus rapides et difficiles à intercepter.Image: Kin Cheung

Les Ukrainiens les combattent par tous les moyens: guerre électronique («jamming») ou destruction directe; dans les airs, avec des hélicoptères de combat ou des avions de chasse; et au sol, le plus souvent avec des mitrailleuses lourdes.

En systèmes semi-automatisés, l’Ukraine utilise le Gepard, un char antiaérien allemand ancien mais efficace, et depuis peu son successeur moderne, le Skyranger, équipé d’une mitrailleuse de la société Oerlikon à Zurich.

Le Skyranger de la société Rheinmetall est capable d'intercepter les drones à une distance de quatre kilomètres.
Le Skyranger de la société Rheinmetall est capable d'intercepter les drones à une distance de quatre kilomètres.Image: Sebastian Gollnow / dpa

Les drones intercepteurs

Ceux-ci traquent et neutralisent les drones attaquants et sont une innovation récente. Une véritable course technologique oppose plusieurs entreprises pour concevoir le drone intercepteur le plus efficace et le plus économique.

Depuis quelques mois, l’Ukraine utilise le Sting («épine» en anglais). A une vitesse pouvant atteindre 315 km/h, il monte à la verticale pour entrer en collision avec le drone ennemi. Selon les fabricants ukrainiens, plus de 600 drones russes auraient ainsi été neutralisés en seulement deux mois. Le coût d’un tel drone intercepteur ne dépasse pas quelques milliers de francs.

Les drones de reconnaissance

Les drones de reconnaissance sont devenus centraux dans la guerre moderne. Certains ont des ailes fixes et ressemblent à de petits avions, d’autres sont à rotors et basés sur des modèles civils. Il en existe avec quatre, six ou huit rotors. Certains sont minuscules, de la taille d’une boîte de cigarettes, et sont utilisés par les forces spéciales en combat urbain. D’autres peuvent atteindre plusieurs mètres d’envergure et rester plusieurs heures en vol stationnaire au-dessus d’une zone.

Fin septembre, des drones non identifiés ont été repérés au Danemark et dans d’autres pays européens. Les indices suggèrent qu’il s’agissait de drones à rotors plus grands, d’origine civile.

Un exemple de drone de reconnaissance moderne à portée moyenne est le Twister, développé par l’entreprise allemande Quantum-Systems.

Le ministre-président de Bavière Markus Söder (au centre) et Markus Blume, ministre d'Etat chargé des Sciences (à droite), en visite chez Quantum-Systems, le 10 octobre 2025 à Munich.
Le ministre-président de Bavière Markus Söder (au centre) et Markus Blume, ministre d'Etat chargé des Sciences (à droite), en visite chez Quantum-Systems, le 10 octobre 2025 à Munich.Image: Peter Kneffel

Les radars et systèmes d’alerte

Une défense efficace contre les drones repose sur plusieurs lignes. La première étape consiste à détecter ces appareils, qui volent souvent à basse altitude, et sont beaucoup plus petits qu’un avion de chasse. Cela nécessite des radars performants, comme le Ground Master 200 fabriqué en France.

En Ukraine, des systèmes acoustiques d’alerte précoce sont également utilisés. Les dispositifs Himmels Festung, dotés d’intelligence artificielle, repèrent les drones entrants à partir de leur signature sonore. Cette solution peu coûteuse complète efficacement les radars traditionnels.

Adapté de l’allemand par Tanja Maeder

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Rezniknov (à droite), signe à Limours, près de Paris, le contrat d'achat d'un système radar Ground Master 200, les 1er février 2023.
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Rezniknov (à droite), signe à Limours, près de Paris, le contrat d'achat d'un système radar Ground Master 200, les 1er février 2023.Image: Yoan Valat
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