Dans son ordonnance de renvoi consultée par l'AFP, une juge d'instruction a souligné mardi notamment les dénonciations «de manière circonstanciée, constante et précise» de l'actrice, «son état de sidération» au moment des faits, «les répercussions psychologiques» des agressions, «l'importante différence d'âge entre les deux protagonistes» et «la survenance d'une contrainte psychologique progressive» imposée par le réalisateur, le premier à l'avoir fait tourner dans le film Les Diables (2002).
La juge d'instruction a retenu deux circonstances aggravantes: la minorité de la plaignante au moment des faits et la position d'autorité de son agresseur.
Ses avocates, Fanny Colin et Orly Rezlan, n'ont pas souhaité commenter.
Les faits qui seront évoqués lors du procès s'étalent de septembre 2001 à février 2004: Adèle Haenel était alors âgée de 12 à 15 ans. Alors âgé de 36 à 39 ans, Christophe Ruggia l'avait reçue tous les samedis après-midi pendant près de trois ans à son domicile.
En revanche, la juge d'instruction a ordonné un non-lieu pour les agressions sexuelles dénoncées par l'actrice lors de festivals au Japon en juin 2002 et au Maroc en septembre 2002. La période allant de janvier à fin août 2001 est également exclue des poursuites.
L'affaire, emblématique du mouvement #Metoo au cinéma, avait été révélée en 2019 par une longue enquête et interview de l'actrice à Mediapart.
Refusant dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris le 6 novembre 2019.
Christophe Ruggia est mis en examen depuis le 16 janvier 2020 pour «agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime», et placé sous contrôle judiciaire. (ats/vz)