«Les Natifs» condamnés pour injure envers Aya Nakamura
Dix militants identitaires ont été condamnés mercredi à Paris à des amendes. Ils avaient posté sur les réseaux sociaux la photo d'une banderole à connotation raciste protestant contre la participation à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris de la Franco-Malienne Aya Nakamura, chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde.
Deux des personnes poursuivies ont été condamnées par le tribunal correctionnel à 3000 euros d'amende ferme, l'un à 3000 euros dont 1000 euros avec sursis, quatre à 3000 euros dont 2000 euros avec sursis, et trois à 2000 euros avec sursis.
La juridiction a toutefois requalifié les faits, considérant qu'il ne s'agissait pas de provocation à la haine, telle que l'accusation l'avait estimé, mais d'injure publique aggravée, une infraction moins grave. Trois militants ont par ailleurs été relaxés.
Mouvance identitaire
Les treize prévenus, âgés de 20 à 31 ans, sont proches du groupe identitaire Les Natifs, lui-même issu du groupuscule Génération identitaire (dissous en 2021), qui défend la théorie complotiste du «grand remplacement» sur la prétendue substitution des populations de souche européenne par des immigrés non européens.
De son vrai nom Aya Danioko, Aya Nakamura, 30 ans, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde. Sa performance lors de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet 2024, avec la Garde républicaine, sur le Pont des Arts à Paris, avait été l'un des moments les plus suivis de l'événement.
Quelques mois auparavant, le 9 mars 2024, après l'évocation de la participation de la chanteuse à la cérémonie, «Les natifs», auquel appartenaient les mis en cause, avaient posté sur ses réseaux sociaux une photo d'une banderole brandie sur l'île Saint-Louis à Paris, sur laquelle était écrit «Y a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako» – une référence à son tube «Djadja» et à sa ville de naissance au Mali.
Le compte X du groupuscule identitaire regrettait en outre de «remplacer l'élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-européenne».
«Rhétorique haineuse»
Lors du procès, la procureure avait réclamé des peines de quatre mois avec sursis à quatre mois d'emprisonnement ferme, en dénonçant «la rhétorique haineuse» des mis en cause et et «le caractère raciste et discriminatoire».
«Ce qui se joue aujourd'hui, c'est la question de la liberté d'expression et celle de l'indépendance du système judiciaire», avait pour sa part fait valoir l'un des prévenus, porte-parole des Natifs. (jahs/ats)