🌑 Okay, okay... à un an de la présidentielle américaine, les sondages valent ce qu'ils valent. Bien souvent, ça permet de gaver les analyses, d'infecter les réseaux sociaux, de souligner quelques embryons de tendances et, pour les principaux concernés, de s'en emparer pour taper sur l'adversaire. (Ce que Donald fait brillamment.)
D'ailleurs, figurez-vous qu'au dernier pointage, Joe Biden est toujours à la traîne, derrière un Trump qui se pavane au sommet des intentions de vote.
Mais à la traîne comment? Concrètement, le dernier match affiche le score suivant: 44% à 42% pour Donald Trump. Avouez malgré tout que ça ne raconte pas grand-chose. Bien sûr, on peut fouiller les tableaux Excel, décortiquer les chiffres, diviser, multiplier, soustraire, puis mettre en perspective et avaler un Doliprane. Mais on peut aussi prendre le GPS politico-mathématique par surprise. C'est ce qu'a fait le média américain The Hill, en fouinant dans les dédales d'un sondage qui, de prime abord, n’a rien de bien trépidant. Vous êtes prêts? Parce qu'on s'envole du côté du... Mississippi, dans les basques d'un certain Tate Reeves.
Il y a trois semaines, ce gouverneur républicain a été réélu. Bravo à lui. Mais ce fut une victoire à la raclette, comme on dit dans les pays du fromage fondu. Et cette victoire en demi-teinte n'est pas due au fait que son adversaire, le démocrate Brandon Presley, est un cousin au deuxième degré d'Elvis. (Le monde est petit, surtout au Mississippi.)
Disons-le franchement, c'est plutôt rare qu'un politicien au sommet d'un Etat américain doive essuyer une sévère impopularité. Hélas, selon le sondage armé par Morning Consult, l'ami Reeves bénéficie «d'une cote d'approbation de 45%, pour 46% de désapprobation».
Le républicain ferme ainsi la marche du club des sept gouverneurs ayant échoué à enjamber la limite fatidique des 50%.
Oui, c'est peu. Mais il y a pire.
En effectuant un étonnant grand écart, The Hill explique, un brin malicieux, que le gouverneur le moins populaire des Etats-Unis est quand même plus populaire que Joe Biden. Le locataire de la Maison-Blanche, qui ne sera décidément jamais épargné, souffre d'une cote d'approbation de 38%, pour un taux de désapprobation qui culmine à 55%. Pour étayer cette fantastique balle perdue, le média américain précise néanmoins que «les présidents bénéficient rarement de la même popularité que les gouverneurs». Soit.
Mais on a beau essayer de relativiser ce tacle au niveau du genou, il n'en demeure pas moins que se voir ainsi considérer comme le dindon de la farce, ne doit pas être fastoche à digérer. «Moins populaire que le gouverneur le moins populaire», sera-ce la version présidentielle 2024 du fameux «moins-que-rien»?
Oeil pour oeil, gaffe pour gaffe? Certes, les confusions et les chutes de Joe Biden nourrissent quotidiennement la presse tabloïd conservatrice. Mais le président s'en moque doucement. Celles de Donald Trump subissent quant à elles de véritables levées de boucliers et se retrouvent démenties avec une poigne et une mauvaise foi qui frisent le ridicule.
Dans un message publié lundi sur son réseau Truth Social, le candidat républicain explique que s'il a confondu Barack Obama et Joe Biden en plein meeting, c'était «intentionnel». Une façon de suggérer «sarcastiquement» que l'ancien président démocrate tire désormais les ficelles à la Maison-Blanche.
Sauf qu'il n'y a (évidemment) pas que ça à se mettre sous la dent. Marine avait d'ailleurs pris un malin plaisir à lister quelques-unes de ses récentes bourdes, comme lorsqu'il a chaleureusement remercié Sioux Falls (Dakota du Sud), alors qu'il venait de causer pendant des heures aux habitants de... Sioux City, dans l'Iowa.
Cerise sur le gâteux (désolé), Trump doit désormais dealer avec des partisans de Ron DeSantis particulièrement agressifs, sur les réseaux sociaux. Dans son auto-diagnostic psychiatrique balancé lundi, le milliardaire s'en est notamment pris au bien nommé «DeStantis War Room», qui ne rate absolument aucune de ses maladresses, allant jusqu'à soigneusement les classer, pour qu'on n'en rate pas une miette.
🧵 THREAD.
— DeSantis War Room 🐊 (@DeSantisWarRoom) November 6, 2023
Here is a running list of every one of Donald Trump’s fumbles, accidents, and confused moments from this year.
(NOTE: this is why his handlers won’t let him debate)
Et vous savez ce qui est rigolo? Trump a tellement envie de prouver la véracité de ses propos, qu'il a accusé les démocrates d'alimenter... la «machine à désinformer».
Sorry Donald: même si tu n'es pas sénile, c'est non.
L'agitatrice d'extrême droite Marjorie Taylor Greene a passé moins de temps sur les bancs du Congrès qu'avec un flingue entre les mains. Ce qui ne l'empêche pas de publier cette semaine une autobiographie crâneuse. The Guardian, qui fut le premier média à mettre la main sur cet objet difficilement identifiable, parle d'une collection «de venin, de règlements de comptes, de fiction et d'auto-glorification». Rien que ça.
All the best parties are in Palm Beach. pic.twitter.com/P9skfEfUDx
— Marjorie Taylor Greene 🇺🇸 (@mtgreenee) November 28, 2023
Alors qu'elle promettait de révéler «sa» vérité sur son succès à Washington, mais aussi sur Donald Trump, Joe Biden, le Covid, l'assaut du Capitole, les ovnis et la recette des Mac & Cheese, il semble que ces 275 pages abritent une somme de revanches à prendre (ou peut-être à laisser). Parmi les plus inutiles? Piétiner définitivement son ennemie de parti, Lauren Boebert, qu'elle traite régulièrement de «pute» et de «petite garce», parce qu'elle lui fait méchamment de l'ombre.
Sinon, en vrac, sachez que les prisons de Washington sont «des goulags» et que les démocrates sont responsables de l'attaque du 6 janvier 2021, «parce qu'ils ont fui, contrairement aux républicains».
MTG est d'abord un livre à sa propre et future gloire, mais aussi une déclaration au messie MAGA. Comme un interminable message vocal adressé à Donald Trump pour qu'il l'a choisisse ENFIN comme vice-présidente. D'ailleurs, avant même les premiers coups de poignard textuels, ce sont les mots du milliardaire qui ouvrent le bal: «Marjorie Taylor Greene a été l'une des guerrières les plus féroces du Congrès, pour défendre l'America First et pour tout ce qu'elle représente».
Oui, mais voilà: l'ultra-conservatrice et fervente soldate de l'America First et Great Again a fait imprimer son bouquin... au Canada.
Il n'y a pas que l'amour qui rend aveugle.