🌑 A 2 heures du matin, heure suisse, l'auteure de ces lignes s'éveillait en sursaut d'un terrible rêve impliquant ses deux lapins nains. De l'autre côté de l'Atlantique, une poignée de candidats à la Maison-Blanche, bien éveillés, s'apprêtaient à plonger avec angoisse dans un autre cauchemar: le troisième débat télévisé du Grand Old Party, diffusé en direct depuis Miami.
Cette fois, ils étaient cinq (enfin, quatre et demi, si vous tenez compte des talonnettes de Ron DeSantis, dont Fred se moquait ici). Avec l’espoir de rafler quelques voix au tout-puissant Donald Trump, celui-dont-on-ne-prononcera-pas-le-nom sur-le-plateau. En fait, si les candidats nous ont montré quelque chose mercredi soir, c'est surtout qu'ils ne peuvent vraiment pas se piffrer.
Et la palme du candidat le plus détesté (et le plus détestable) est décerné à... Vivek Ramaswamy, «Trump-boy» et élément perturbateur assumé. Faut dire qu’il l’a bien cherché, Vivek. Quelques minutes après le lancement du débat, l'entrepreneur en biotechnologie de 38 ans ignorait avec superbe la première question des modérateurs, pour se lancer dans une diatribe enflammée contre l'«establishment médiatique corrompu» - à savoir la chaîne NBC, chargée de la retransmission. Soit. Heureusement, le candidat ne manquait pas d'idées pour stimuler l'audimat:
Après les présentateurs et le président Joe Biden, à Volodymyr Zelensky (ce «nazi» et «comédien en pantalon cargo») de prendre un essaim de balles perdues.
Vivek Ramaswamy n'a pas non plus économisé son venin pour les ennemis présents dans la salle. Le débat a pris une tournure plutôt désagréable lorsqu'il a fallu aborder la possible interdiction de TikTok aux Etats-Unis.
Seul candidat à faire usage du réseau social chinois, Vivek n'a pas manqué de souligner avec malice que la fille de sa rivale, Nikki Haley, était également inscrite sur la plateforme. Il n'en fallait pas plus pour piquer au vif la seule candidate bien préparée et vaguement présidentiable du lot. «Gardez le nom de ma fille hors de votre bouche!», a riposté l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud avec colère.
Beaucoup de bruits, beaucoup de sabres qui s'entrechoquent, beaucoup de règlements de comptes, beaucoup d'attaques personnelles, de vains échanges et d'idées absurdes. Pas vraiment ce que l'on attendait, à savoir l'émergence d'une alternative crédible au grand absent du jour, Donald Trump.
D'ailleurs, le favori incontesté de la primaire républicaine ne se trouvait pas bien loin. A 16 kilomètres de Miami, pour être précis. Fidèle à son habitude, le disrupteur en chef a organisé son propre rassemblement dans la ville de Hialeah. Pendant que ses petits rivaux se chamaillaient sans lui, Donald Trump s'est vanté de se soumettre à un exercice «beaucoup plus difficile».
Or, et après une petite vérification de l'Associated Press, le stade de Hialeah ne peut contenir que 5200 places. Sans oublier les nombreux sièges laissés vacants pendant le rassemblement, dont les images ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux.
Lot's of empty seats at #Trumprally stadium that seats around 5,200.
— UTMB 🐺🐇🦌 🐻 (@Utmb_Colorado) November 9, 2023
Trump, of course, said "I’m standing in front of tens of thousands of people right now..." LOL! Very #MAGA! https://t.co/5l6XJLqUrG https://t.co/nMG3umamim
Ceci dit, le milliardaire n’avait aucune réelle raison de regretter le débat en compagnie de ses petits copains républicains. Celui qui se complait toujours dans une avance écrasante dans les sondages a d’ores et déjà annoncé qu'il courberait le quatrième débat, le mois prochain, à Tuscaloosa, Alabama.
L'info la plus croustillante de cette soirée de débat est sortie après le débat. Lorsque le candidat Tim Scott a fait monter une jolie blonde sur scène, pour quelques photos.
Voilà des mois que les médias américains consacrent des articles entiers à la vie amoureuse de Tim Scott, ce législateur «affable mais maladroit» de Caroline du Sud qui se vantait, jusqu'à l'âge de 30 ans, d'être toujours vierge. Face aux questions persistantes sur son célibat, le républicain avait fini par affirmer, cet été, qu'il sortait avec «une charmante fille chrétienne».
Une mystérieuse compagne avec laquelle il ne s'était jamais montré, si bien qu'on venait à douter de son existence...
Jusqu'à mercredi soir.
Autant dire que la surprise fut générale.
Non seulement un responsable de sa campagne a confirmé que la femme sur scène était bien sa «petite amie», mais aussi que la «charmante fille chrétienne» s'appelle Mindy. Une brève enquête sur le web, menée par Politico, nous apprend que Mindy Noce, de son nom complet, est une architecte d'intérieur de la région de Charleston et mère de trois enfants.
Quant à savoir si l'abandon de son célibat permettra à Tim Scott, à la traîne dans les polls, de se qualifier pour le prochain et quatrième débat... Only God knows.
C'est-à-dire aux côtés de Tim Scott qui, décidément, doit adorer les blondes. A l'occasion de la venue de Paris au Sénat l'an dernier, pour dénoncer les violences sur les enfants placés en institution, le prétendant à la présidence (et ex-célibataire) n'avait pas su résister au selfie, immortalisé par... un vrai photographe. L'Amérique, c'est décidément Inception.