Donald Trump ne laissera jamais la loi de la rue régner en Amérique, a assuré mercredi la Maison-Blanche. «Le devoir le plus basique de l'Etat est de préserver l'Etat de droit, et ce gouvernement embrasse cette responsabilité sacrée», a déclaré la porte-parole de l'exécutif américain, Karoline Leavitt, défendant la décision du président Trump de déployer des milliers de militaires en Californie, malgré l'opposition des élus locaux démocrates.
A Los Angeles, épicentre des manifestations qui se propagent ailleurs dans le pays dont à New York, la nuit de mardi à mercredi est restée plutôt calme après l'entrée en vigueur d'un couvre-feu dans le centre-ville, même si la police a procédé à une vingtaine d'interpellations.
Depuis vendredi dernier, la deuxième plus grande ville américaine est le théâtre de heurts sporadiques, parfois violents, opposant des protestataires qui dénoncent les raids de la police fédérale de l'immigration (ICE) contre les clandestins aux forces de l'ordre en tenue anti-émeute. Quelque 700 Marines, un corps d'élite, devraient s'y déployer mercredi, rejoignant 4000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par le président américain, au grand dam des autorités locales qui crient à un «abus de pouvoir».
Mercredi matin, les rues du centre-ville étaient toujours sous forte surveillance policière, tandis que des personnels de la ville s'employaient à nettoyer les nombreux graffitis sur les murs des bâtiments officiels, a constaté une journaliste de l'AFP. La veille, la maire démocrate Karen Bass, qui a minimisé l'étendue des manifestations dans sa ville, s'est tout de même résolue à instaurer «un couvre-feu dans le centre de Los Angeles pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage» de 20h00 locales (05h00 en Suisse) à 06h00. Elle a dit s'attendre à ce que le couvre-feu reste en vigueur plusieurs jours.
Dans le même temps, les manifestations s'étendent, là encore de façon sporadique, de Chicago à Atlanta ou New York. A Manhattan mardi soir, quelques milliers de personnes ont manifesté «pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix», selon une jeune femme née aux Etats-Unis d'une mère mexicaine clandestine et qui a requis l'anonymat.
Dans la banlieue d'Atlanta, en Géorgie (sud), plusieurs dizaines de manifestants s'étaient rassemblés également mardi en brandissant des pancartes dénonçant la police fédérale de l'immigration.Des manifestations sont également prévues mercredi à New York, Seattle et Las Vegas avant ce que les organisateurs appellent un mouvement national «No Kings» (Pas de rois) samedi, lorsque M. Trump assistera à un défilé militaire très inhabituel dans la capitale.
Au Texas, grand Etat du Sud, frontalier du Mexique, le gouverneur républicain, Greg Abbott, a annoncé mardi soir qu'il ordonnait le déploiement de la Garde nationale en vue d'une manifestation prévue à San Antonio. Le déploiement de militaires, dont la fonction n'est pas d'assurer le maintien de l'ordre, s'est transformé en un enjeu de rivalité politique intense entre l'administration Trump et les dirigeants démocrates.
Parmi eux? Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, en première ligne et désormais la figure de proue de l'opposition démocrate. Considéré comme un candidat potentiel à la Maison Blanche pour 2028, Newsom tire à boulets rouges sur Donald Trump et veut contester dans les prétoires sa décision de déployer l'armée dans son Etat, bastion démocrate.
Le président républicain a dénoncé l'«anarchie» qui règne, selon lui, à Los Angeles, et promis de «libérer» la ville des «ennemis étrangers», accusés d'attiser les violences. Selon lui, les manifestants sont des «insurgés rémunérés», mais la Maison-Blanche a refusé de commenter qui les payait. (mbr avec afp)