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Une fuite plonge la Thaïlande dans la crise politique

epa12180307 Thai Prime Minister Paetongtarn Shinawatra speaks during a press conference after a weekly cabinet meeting at the Government House in Bangkok, Thailand, 17 June 2025. During the press conf ...
Paetongtarn Shinawatra est dans la tourmente.Keystone

Une fuite plonge la Thaïlande dans la crise politique

La première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra est sur un siège éjectable après la fuite d'un enregistrement de sa conversation avec l'ex-dirigeant cambodgien Hun Sen où elle critique un parti de sa coalition.
19.06.2025, 06:5519.06.2025, 06:55
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Des appels à la démission de plus en plus sonores ciblent jeudi la première ministre thaïlandaise, Paetongtarn Shinawatra, fragilisée par le départ d'un parti clé de sa coalition, qui fustige son attitude dans une conversation avec l'ex-dirigeant cambodgien Hun Sen qui a fuité.

Les conservateurs du Bhumjaithai, principaux soutiens du parti au pouvoir Pheu Thai, ont claqué la porte mercredi soir, après des mois de dissensions entre ces deux formations rivales sous la précédente législature. Le point de non-retour a été atteint après la fuite de l'enregistrement d'un appel téléphonique entre Paetongtarn et l'ancien dirigeant cambodgien Hun Sen, qui visait à apaiser les frictions à la frontière ravivées par la mort d'un soldat khmer fin mai.

Sans les 69 députés du Bhumjaithai, la coalition, composée d'une dizaine de partis, ne tient plus qu'à un fil dans une Assemblée fragmentée et habituée aux revirements d'alliance.

Plusieurs scénarios

La Thaïlande, réputée pour son instabilité chronique, a déjà changé de premier ministre l'an dernier, mais cette crise s'inscrit dans une nouvelle donne mondiale marquée par l'offensive protectionniste américaine, qui menace de gripper une économie thaïlandaise déjà souffreteuse. Parmi les scénarios évoqués, l'organisation d'élections législatives anticipées, deux ans après la victoire d'un parti pro-démocratie, depuis dissous, sur des formations pro-armée issues du coup d'Etat de 2014.

Des dirigeants du parti de la Nation thaï unie (UTN), proche des militaires, et du Parti démocrate, le plus vieux parti du royaume, libéral, doivent se rencontrer jeudi pour évoquer le sort de coalition dont ils sont membres. Leur alliance peut aussi tenir, mais derrière un nouveau premier ministre.

Un désaveu de l'armée

Le parti d'opposition Palang Pracharat, aligné avec les intérêts de l'armée, a appelé à la démission de Paetongtarn, moins d'un an après son accession au pouvoir. Leur rivalité s'inscrit dans celle au long cours qui oppose l'armée et la famille Shinawatra, le père et la tante de Paetongtarn, Thaksin et Yingluck, ayant chacun été éjectés du gouvernement par un coup d'Etat.

Les adversaires de Paetongtarn, 38 ans, ont jugé son attitude trop révérencieuse vis-à-vis de Hun Sen lors de leur conversation, survenue dimanche, et ont pointé du doigt ses propos qu'ils considèrent comme un désaveu de l'armée thaïlandaise.

Dans l'enregistrement qui a fuité, la dirigeante appelle l'ancien premier ministre khmer de 72 ans, considéré comme un proche des Shinawatra, «oncle», une formule de politesse courante en Asie mais interprétée comme un signe de faiblesse par ses critiques. Elle a aussi assimilé à un opposant un général chargé de surveiller une partie de la frontière avec le Cambodge.

«Le parti Bhumjaithai demande à Paetongtarn de faire preuve de responsabilité pour ses actions qui ont fait perdre leur dignité au peuple et à l'armée thaïlandais», a écrit Bhumjaithai, dont le leader, Anutin Charnvirakul, est souvent présenté pour un potentiel successeur.

L'ombre de Thaksin

Depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, la Thaïlande a connu une douzaine de coups d'Etat réussis, qui ont cimenté la place des militaires au coeur de la vie politique. Bien que Paetongtarn se soit défendue d'avoir critiqué l'armée, des rumeurs d'un nouveau putsch ont inévitablement circulé.

La première ministre a accusé Hun Sen d'être à l'origine des fuites, pour son propre gain de popularité. Les tensions entre les Shinawatra et l'élite militaro-royaliste structurent la politique thaïlandaise depuis plus de vingt ans.

Le milliardaire Thaksin Shinawatra, 75 ans, qui a gouverné entre 2001 et 2006, reste populaire dans les campagnes grâce à des politiques qualifiées de populistes et corrompues par ses adversaires. Il est revenu en Thaïlande en 2023 après un exil de quinze ans pour échapper à des condamnations qu'il jugeait motivées politiquement.

Son retour a nourri les rumeurs autour d'un pacte avec l'armée pour former la coalition actuellement au pouvoir, entre son parti familial, Pheu Thai, et des formations pro-militaires battues aux élections, perçue par une trahison par certains de ses partisans. (jzs/ats/afp)

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