International
Otan

L'Otan est en passe de réussir un coup «magistral»

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors du Forum public de l'OTAN.
Enjoindre les pays Alliés à adopter un budget de la défense à hauteur de 5% de leur PIB a constitué le principal défi du secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.Image: JOHN THYS / AFP / Imago

L'Otan est en passe de réussir un coup «magistral»

Le projet du secrétaire général de l'Otan Mark Rutte de faire adopter aux Alliés un budget supplémentaire dédié à leur défense pourrait bien se concrétiser ces deux prochains jours lors d'un sommet déjà qualifié d'«historique» par les Etats-Unis.
24.06.2025, 12:0324.06.2025, 14:15
Plus de «International»

La feuille de route de Mark Rutte dès son arrivée l'an dernier à la tête de l'Otan en tant que secrétaire général était claire: garder les Etats-Unis dans l'Alliance.

Près de neuf mois plus tard, il est en passe de réussir son pari mardi et mercredi à La Haye, où les 32 dirigeants de l'Otan se retrouvent à l'occasion d'un sommet déjà qualifié d'«historique» par les Etats-Unis. Un diplomate, sous couvert d'anonymat, résume le rôle névralgique qu'a joué Rutte:

«Il a été assez remarquable dans sa capacité à conserver l'unité de l'Alliance dans une période aussi délicate»
La salle de réunion du Forum mondial où se tient le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
La salle de réunion du Forum mondial où se tient le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).Image: Robin van Lonkhuijsen / AFP

Une règle: pas de critiques à l'égard de Trump

Nommé en octobre 2024 patron de l'Alliance atlantique, l'ancien Premier ministre néerlandais a opté pour une stratégie relativement simple: ne jamais critiquer ou contredire l'ancienne star de la téléréalité Donald Trump.

Quand le président américain a suggéré que l'Ukraine était responsable de l'invasion russe, Mark Rutte est resté de marbre. Et lorsque le président américain a menacé de ne plus défendre les Européens alors qualifiés de «mauvais payeurs», il a gardé le silence.

Et le «Secgen», comme on l'appelle à Bruxelles, n'a jamais hésité à saluer les propos du locataire de la Maison-Blanche, sur sa volonté d'aboutir à une résolution rapide de la guerre en Ukraine ou sur ses appels répétés (et appuyés) aux Alliés pour une augmentation sensible de leur budget alloué à la défense. La stratégie a, semble-t-il, payé, comme le remarque Jamie Shea, expert auprès du Royal Institute of International Affairs à Londres:

«Il est clair que le travail consiste à maintenir les Etats-Unis engagés autant que possible, même si cela signifie qu'il faut parfois encaisser les critiques de Donald Trump»
Le président américain Donald Trump rencontre le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington le 13 mars 2025.
Le président américain Donald Trump rencontre le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington le 13 mars 2025.Image: Imago

Un virage négocié de façon «magistrale»

Le président américain a maintes fois réclamé des Alliés européens et du Canada qu'ils dépensent beaucoup plus pour leur défense, en consacrant au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur sécurité. A ce sujet, il avait martelé en mars dernier:

«S'ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre!»

Mark Rutte suggère alors aux Alliés de reprendre le chiffre de 5%, cher à Donald Trump, mais en le fractionnant. Il propose de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d'ici 2032, tout en suggérant que les pays de l'Otan portent aussi à 1,5% de leur PIB leurs dépenses liées à la sécurité, au sens large.

Proposer ce que Donald Trump exigeait à cor et à cri et le faire accepter aux Européens, c'est tout simplement «magistral», estime un diplomate européen.

Un «très joli coup», résume de son côté Jamie Shea, avant d'ajouter:

«Cela rend les choses beaucoup plus acceptables pour les Européens, parce qu'avec cette catégorie de 1,5%, ils peuvent inclure tout ce pour quoi ils dépensent de l'argent depuis des années déjà.»
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors du Forum public de l'OTAN, dans le cadre du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN à La Haye, le 24 j ...
Mark Rutte s'exprime lors du Forum public de l'Otan, ce mardi 24 juin.Image: JOHN THYS / AFP

Un projet qui avait pourtant du plomb dans l'aile

Pourtant, l'affaire s'annonçait plutôt mal engagée. Lorsque Donald Trump a avancé le chiffre de 5%, les premières réactions dans nombre de pays d'Europe étaient unanimes: «pure folie», «absurde», «ridicule».

Mark Rutte a gardé son calme, pour s'intéresser à la façon de faire fonctionner ce qui ressemblait pour beaucoup à un simple slogan imaginé par Donald Trump. Puis a fait cette proposition qui a permis de fédérer tout le monde.

Mais la stratégie de celui qui a été reçu par Donald Trump dans son club de Mar-a-Lago en Floride a aussi fait grincer des dents à Bruxelles, certains jugeant qu'il allait parfois trop loin dans sa volonté de cajoler le milliardaire.

Après l'humiliation subie par Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison-Blanche en février, ses remarques appelant le président ukrainien à renouer rapidement avec Donald Trump ont choqué certains Alliés.

Mark Rutte a cependant eu l'occasion ces derniers jours de prouver son savoir-faire en trouvant la formule répondant aux objections de l'Espagne sur les 5%, sans rien remettre en cause du compromis obtenu. Un diplomate de l'Alliance à Bruxelles a salué la réussite de Rutte:

«Du beau travail!»

(ysc/ob/jca/def/lpa)

Melania Trump est une icône de style: la preuve en 18 tenues
1 / 20
Melania Trump est une icône de style: la preuve en 18 tenues
partager sur Facebookpartager sur X
Poutine a affirmé que le réarmement de l'Otan n'était pas une «menace»
Video: extern / rest
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Voici l'ampleur des dégâts causés par les bombes de Trump
Après la destruction des sites nucléaires iraniens par les bombardiers américains B-2, voici les images avant/après impressionnantes des sites touchés.

Dans la nuit de samedi à dimanche, Donald Trump a impliqué les Etats-Unis dans la guerre entre Israël et l'Iran. Le président américain a écrit sur le réseau Truth Social après les attaques:

L’article