Ce taux, bien que faible, est le plus élevé jamais enregistré pour un astéroïde suivi par les scientifiques. Cependant, cette estimation est encore préliminaire et devrait être affinée dans les semaines et mois à venir, probablement à la baisse, précisent plusieurs experts.
Même si le scénario d’une collision venait à se concrétiser, «nous ne sommes pas sans défense», affirme Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), à l'AFP.
La NASA a déjà mené une première mission de défense planétaire en 2022, en envoyant un vaisseau spatial s’écraser délibérément sur Dimorphos, un astéroïde de 160 mètres de diamètre ne représentant aucun danger pour la Terre.
L’objectif de cette opération, baptisée DART, était de vérifier si une telle collision pouvait modifier la trajectoire d’un corps céleste. L’expérience a été un succès, et la mission Hera, lancée en octobre dernier, analysera en détail les effets de l’impact sur la structure de Dimorphos.
Cette même technique pourrait être utilisée pour percuter YR4 à plusieurs reprises, afin d’ajuster progressivement son orbite, estime Bruce Betts, scientifique de la Planetary Society.
Outre la méthode du choc cinétique, les chercheurs ont exploré des approches moins brutales, qui nécessitent d’être mises en œuvre suffisamment en amont. L’une d’elles, appelée «tracteur gravitationnel», consiste à placer un vaisseau massif à proximité de l’astéroïde afin d’utiliser l’attraction gravitationnelle pour infléchir sa trajectoire. Une autre alternative envisage d’utiliser un engin spatial équipé de propulseurs à ions, générant un flux continu de particules capable d’exercer une poussée subtile mais efficace sur le corps céleste, détaille Richard Moissl.
Certaines solutions se basent sur des phénomènes physiques plus inattendus: il serait par exemple possible de peindre en blanc une face de l’astéroïde afin d’amplifier l’effet Yarkovsky, une force résultant du différentiel d’absorption et de réémission de la chaleur solaire. Cette infime poussée thermique pourrait suffire à modifier légèrement son orbite sur plusieurs années.
Si une approche plus radicale devenait nécessaire, certains experts suggèrent d’exploiter l’énergie nucléaire. L’année dernière, des chercheurs américains ont testé en laboratoire l’idée de faire exploser une bombe nucléaire à proximité d’un astéroïde, ce qui permettrait de vaporiser une partie de sa surface et de créer une poussée opposée. Cette méthode pourrait être envisagée pour des objets d’au moins un kilomètre de diamètre, dont l’impact causerait des dégâts comparables à ceux qui ont entraîné l’extinction des dinosaures.
Autre idée, moins extrême: utiliser des faisceaux laser tirés depuis une sonde spatiale pour chauffer et vaporiser une face de l’astéroïde, entraînant une modification progressive de sa trajectoire. «Des expériences en laboratoire montrent que cela fonctionne, mais cette technique ne fait pas partie des approches prioritaires pour l’instant», précise Bruce Betts.
Si YR4 devait bel et bien frapper la Terre, les scientifiques auraient plusieurs années pour déterminer la zone d’impact et organiser une évacuation des populations concernées.
Dans ce cas, l’accent serait mis sur la préparation et l’adaptation, afin de limiter les pertes humaines et matérielles. «Sept ans et demi, c’est long pour se préparer», rappelle Richard Moissl, tout en soulignant que 97% de chances demeurent que YR4 manque finalement la Terre.
Malgré tout, ces recherches sont cruciales pour développer une stratégie de défense efficace contre de futures menaces, bien plus redoutables. (mbr avec ats)