Dans son discours d'investiture au palais présidentiel de Taipei, Lai Ching-te n'a pas hésité à évoquer de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.
Le nouveau président a également remercié les Taïwanais d'avoir résisté à l'influence «des forces extérieures et d'avoir résolument défendu la démocratie», affirmant que «l'ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée».
Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, Lai Ching-te a été décrit par Pékin comme un «dangereux séparatiste» pour ses déclarations passées en faveur de l'indépendance de Taïwan.
Il a depuis adouci son discours, et a promis lundi que son gouvernement «ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo», c'est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle.
Lai Ching-te a aussi appelé la Chine à «cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan». Avant d'ajouter:
Car si l'île de 23 millions d'habitants est gouvernée de manière autonome, la Chine la considère comme une partie de son territoire et a affirmé vouloir la ramener sous son contrôle, par la force si nécessaire.
Les avions de guerre et les navires chinois maintiennent une présence quasi-quotidienne autour de l'île, mais dans les jours précédant l'inauguration, il n'y a pas eu d'augmentation significative du nombre d'avions et de navires.
Lai Ching-te a tenté de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016, mais les experts estiment qu'il risque d'être rabroué.
S'inscrivant dans la continuité de sa prédécesseure, Lai Ching-te devrait augmenter les dépenses militaires et renforcer les liens avec certaines puissances, dont les Etats-Unis, qui sont le principal fournisseur d'armes à Taïwan.
Concomitamment, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a félicité le président de Taïwan Lai Ching-te, dont l'investiture est, selon lui, le signe d'un «système démocratique résilient». Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la «paix et la stabilité» dans la région du détroit de Taïwan.
La cérémonie, durant laquelle a été aussi investie la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim, s'est tenue au palais présidentiel de Taipei, la capitale.nEn marque de soutien, huit chefs d'Etat, y ont assisté ainsi que 51 délégations internationales (dont les Etats-Unis, le Japon et le Canada).
Des danses et des morceaux d'opéras traditionnels ont été interprétés par plus d'un millier d'artistes lors de la cérémonie qui comprenait aussi un défilé militaire aérien.
Taïwan souffre d'un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale.
Bien que Washington ait abandonné la reconnaissance diplomatique de Taipei au profit de Pékin en 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.
L'île jouit de ses propres institutions, d'une armée et bat monnaie: le nouveau dollar de Taïwan. La majorité des habitants de Taïwan estime également disposer d'une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine, selon des enquêtes d'opinion.
En plus de la menace chinoise, Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat. Le PDP a perdu sa majorité au parlement, où une bagarre a éclaté vendredi entre des élus des trois partis qui y sont représentés, ce qui pourrait compliquer la tâche de Lai Ching-te pour faire adopter ses réformes. (baf/ats)