International
Politique

Voici ce que pensent les jeunes japonais de la nouvelle ministre

Sanae Takaichi a-t-elle conquis la jeunesse japonaise?
Sanae Takaichi a-t-elle conquis la jeunesse japonaise?IMAGE: imago

La «dame de fer» japonaise intrigue la jeunesse

Fraîchement élue première ministre du Japon, Sanae Takaichi séduit une partie de la jeunesse japonaise. Beaucoup voient en elle une figure de renouveau, capable d’apporter du changement dans un pays en quête de repères politiques.
22.10.2025, 16:5222.10.2025, 16:52

Le 21 octobre 2025, le Parlement japonais a élu Sanae Takaichi première ministre, faisant d’elle la première femme à accéder à ce poste dans l’histoire du Japon. Cette victoire historique survient après qu’elle a remporté, le 4 octobre 2025, la présidence du Parti libéral‑démocrate (PLD), le parti majoritaire, ce qui avait largement annoncé sa montée au pouvoir.

Au Japon, la participation politique des moins de 30 ans reste modérée, marquée par un certain désintérêt pour les partis traditionnels et un scepticisme quant à l’efficacité des institutions. Selon une enquête de The Nippon Foundation, près de 90 % des personnes âgées de 18 ans estiment que «la politique n’est pas propre» et plus de 80% critiquent le manque de responsabilité des parlementaires.

Dans ce contexte, la montée d’une génération qui se dit concernée par des enjeux concrets (emploi, rénovation sociale, représentativité) n'hésite, toutefois, pas à donner son avis sur les enjeux actuels. On leur a donc demandé de partager leur avis sur la nouvelle ministre japonaise, surnommée «la Dame de fer japonaise».

Ce que pensent les jeunes

Les quelques jeunes japonais qui nous ont partagé leur avis se montrent partagés face à Takaichi. Pour certains, son parcours symbolise une avancée: première femme à la tête du LDP, elle incarne un vent de renouveau. C’est ce que ressent Yuya Miki, 25 ans, Tokyoïte, satisfait de voir enfin une figure féminine accéder à ce poste:

«Le Japon a besoin de nouveauté et de changement. Quand Sanae Takaichi a remporté le vote, j’ai simplement eu l’impression qu’elle prenait vraiment la situation au sérieux. C’est une femme polie et intelligente. Certains sont déçus de voir une femme au pouvoir. Mais pour moi, qu'elle soit une femme ou un homme, ça m'est égal. Elle a l'air d'être compétente et ça me suffit!»

Plusieurs jeunes expriment aussi un mélange de curiosité et de réserve: curieux du symbole qu’elle représente, ils questionnent le fait qu’une femme monte à la tête du pouvoir tout en défendant des valeurs plutôt traditionnelles.

«Au départ, je pensais qu’elle incarnait une figure féministe, car c'est une femme qui a privilégié sa carrière et su s’imposer malgré le patriarcat japonais. Mais en réalité, elle défend des valeurs très conservatrices, qui encouragent les femmes à rester à la maison plutôt qu’à travailler. Il y a, selon moi, une vraie dissonance entre son parcours et son idéologie. Malgré tout, je suis heureuse qu’elle ait remporté cette élection.»
Une jeune salariée d’Hokkaïdô

Des attentes précises

Takaichi, forte d’une ligne nationaliste et conservatrice, incarne un profil loin d'une posture progressiste. Pour nombre d’étudiants et jeunes actifs urbains, ses priorités économiques (relance, sécurité, industrie) sont jugées pertinentes, mais ses positions sur l'immigration sont celles qui les intéressent le plus: Satoru*, 24 ans établi à Tokyo, qui a voulu témoigner anonymement, affirme:

«Elle peut paraître un peu marquée à droite, dans le sens où elle estime nécessaire de durcir les règles d’entrée et de résidence pour les étrangers. Selon elle, cela répond à des problèmes de sécurité observés dans certaines villes où la population immigrée est plus importante. Sur les réseaux sociaux, j’ai vu beaucoup de gens affirmer que la présence d’immigrés menaçait la sécurité de leur quartier. Je ne partage pas cette opinion, mais beaucoup pensent aussi que l’arrivée croissante d’étrangers mettrait en danger leur sécurité et leur culture locale.»

Entre espoir et défi

Le fait qu’une femme accède à un poste de premier plan ne passe pas inaperçu auprès des jeunes japonais, habitués à un paysage politique très masculin. Pourtant, l’espoir d’une avancée réelle vers l’égalité est tempéré: «Oui, c’est une femme, mais est-ce que ça va vraiment changer?» questionne une étudiante en sciences politiques de Kyoto.

La question de la compatibilité entre symbole et substance apparaît centrale: pour beaucoup, Takaichi devra prouver que sa gouvernance ne se limite pas à sa singularité personnelle, mais qu’elle s’engage sur les priorités des jeunes: coût de la vie, emploi stable, mobilité sociale, égalité. Miki confie avoir récemment traversé des difficultés financières liées à l’inflation. Il espère que Sanae Takaichi parviendra à y remédier dans les années à venir.

La jeunesse japonaise semble partager un même sentiment vis-à-vis de la nouvelle cheffe de gouvernement: un respect prudent pour ce qu’elle représente et une attente critique sur ce qu’elle peut réellement changer. Dans un pays où les défis démographiques, économiques et sociaux sont immenses, les jeunes regardent désormais de plus près ce que font et ce que promettent les dirigeants.

Pour Takaichi, le défi sera de conjuguer le symbole historique avec des actions concrètes en phase avec les aspirations d’une génération qui ne veut plus se contenter d’être spectatrice.

*(nom d'emprunt)

La visite de Donald Trump chez Charles III, en images
1 / 25
La visite de Donald Trump chez Charles III, en images

Marine One, transportant le président américain Donald Trump et la première dame Melania Trump, arrive pour atterrir au château de Windsor.

source: getty images europe / wpa pool
partager sur Facebookpartager sur X
Les deux premiers zèbres de Grévy ont vu le jour au zoo de Zurich
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
La «dame de fer» japonaise intrigue la jeunesse
Fraîchement élue première ministre du Japon, Sanae Takaichi séduit une partie de la jeunesse japonaise. Beaucoup voient en elle une figure de renouveau, capable d’apporter du changement dans un pays en quête de repères politiques.
Le 21 octobre 2025, le Parlement japonais a élu Sanae Takaichi première ministre, faisant d’elle la première femme à accéder à ce poste dans l’histoire du Japon. Cette victoire historique survient après qu’elle a remporté, le 4 octobre 2025, la présidence du Parti libéral‑démocrate (PLD), le parti majoritaire, ce qui avait largement annoncé sa montée au pouvoir.
L’article