L'église de Dabrowka se trouve à 400 mètres au sud de la frontière avec la Russie. Il ne reste qu'une vingtaine de maisons dans ce village isolé du nord-est de la Pologne. Ce week-end, des visiteurs de marque sont venus de la capitale. Parmi eux, le chef du gouvernement, Donald Tusk. Et il avait un message fort à faire passer: «Plus la frontière polonaise sera protégée, plus grande sera la garantie que nous pourrons préserver la paix.»
Le premier ministre a inauguré le premier tronçon du «bouclier de l'Est», long d'environ 700 kilomètres. Il a ajouté:
Pour être paré à toute éventualité, le gouvernement polonais s'est lancé dans un projet ambitieux: le «bouclier de l'Est».
Il faut dire que le pays a reçu de nombreux avertissements de la part des milieux de l'Otan, selon lesquels le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, serait prêt à attaquer les Etats baltes de Lituanie, de Lettonie et d'Estonie à partir de 2029, mais aussi et surtout la brèche de Suwalki, en Pologne.
Ces craintes supposent implicitement une défaite de Kiev. Varsovie, à l'instar des Baltes, ne veut pas en arriver là et fait partie, calculé par tête, des plus grands soutiens de l'Ukraine face à la Russie. Du côté des pays voisins de la Russie et de la Biélorussie, la protection se renforce également. Il y a quelques semaines déjà, la Lituanie a annoncé vouloir installer des barrages antichars à sa frontière orientale et faire démolir des ponts. Les efforts de la Pologne sont toutefois parmi les plus ambitieux.
Le premier ministre polonais n'a cependant pas expliqué comment cela serait possible, sachant que deux rangées de barrières antichars sont prévues, séparées par un champ de mines le long des frontières russe et biélorusse. A certains endroits, des maisons ou des exploitations agricoles entières se trouvent à moins de 100 mètres de la ligne de démarcation.
La ville la plus proche de l'oblast russe de Kaliningrad, fortement militarisée, est Gussew, située à 40 kilomètres. Du côté polonais, la région est considérée comme paisible, même pendant la haute saison touristique. Les incidents impliquant des citoyens russes ou des migrants utilisés dans le cadre de la guerre hybride menée par Moscou contre la Pologne y sont rares.
Malgré tout, le gouvernement de centre-gauche a annoncé en mai que les 232 kilomètres de frontière avec la Russie et les 418 kilomètres avec la Biélorussie allaient être sécurisés au cours des quatre prochaines années, par la construction d'environ 700 kilomètres d'infrastructure antichars et l'installation d'appareils de défense électronique.
Le lancement du chantier a été fixé au début de l'année 2025, mais en secret, les travaux ont déjà commencé le long de la section de la frontière polono-russe qui était jusqu'à présent calme.
La clôture métallique de 5,5 mètres de haut construite par le gouvernement précédent a également été renforcée à la frontière avec la Biélorussie, longue d'environ 400 kilomètres - et parfois agitée. Actuellement, on dénombre chaque nuit une trentaine de tentatives de franchissement de cette clôture par des migrants, souvent acheminés vers la Biélorussie via Moscou. Selon Donald Tusk, près de 2,2 milliards de francs seront investis dans le projet «bouclier de l'Est» d'ici 2028.
Selon le ministère de la Défense, il est prévu de mettre en place un système sophistiqué d'installations antichars et antidrones, qui sera complété dans l'arrière-pays par des abris de l'armée et des bunkers pour les soldats et les civils.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)