Qui est Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix?
De son premier coup d'éclat au Parlement en janvier 2011 contre l'ex-président Hugo Chavez, jusqu'au Nobel, voici quelques-unes des étapes clés de cette ingénieure vénézuélienne de 58 ans, surnommée dans son camp la «libératrice», en hommage au «libertador» Simon Bolivar (1783-1830).
«Exproprier, c'est voler»
En janvier 2012, le feu président Hugo Chavez (1999-2013) expose sa politique au Parlement, justifiant notamment les expropriations. Une voix s'élève en plein discours: «Exproprier, c'est voler», lance une députée alors peu connue.
Elle est immédiatement traitée de radicale par les partisans du pouvoir, mais beaucoup au Venezuela louent son courage pour avoir osé défier Chavez. Elle est désormais célèbre.
L'ascension
En mars 2014, elle est destituée de son poste de députée. On lui reproche d'avoir participé, en qualité d'«ambassadrice suppléante» du Panama, à une réunion de l'Organisation des Etats Américains (OEA).
Le Panama lui avait donné ce titre pour qu'elle puisse s'exprimer à l'Assemblée de l'OEA. Elle y dénonce des violations des droits de l'Homme présumés lors des manifestations anti-pouvoir au Venezuela. Déclarée inéligible, elle connait une traversée du désert mais son discours ne change pas.
L'ascension
Elle ne participe pas activement à la «présidence par intérim» de l'opposant autoproclamé Juan Guaido, soutenu par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis qui avaient rejeté la réélection de Maduro en 2018.
L'expérience Guaido, qui s'avérera infructueuse, et le discrédit d'une partie de l'opposition qui veut négocier avec le pouvoir, vont contribuer à faire grimper sa popularité, notamment grâce à son discours sans concession inchangé.
Le 30 juin 2023, les autorités annoncent que son inéligibilité avait été prolongée pour 15 ans, et qu'elle ne pourra donc pas se présenter à la présidentielle de 2024.
Malgré tout, elle se présente aux primaires de l'opposition et c'est un raz-de-marée : elle remporte 92% des voix d'un scrutin qui rassemblé entre deux et 3 millions de votants. Elle est désormais la cheffe légitime et incontestée de l'opposition. Divisée depuis des années, toute l'opposition s'unit derrière elle.
Candidate sans être candidate
Le 20 avril 2024, après avoir vainement tenté de faire lever son inéligibilité, elle désigne Edmundo Gonzalez Urrutia, un diplomate peu connu de 76 ans, comme son représentant à la présidentielle. Elle mène campagne, sillonne le pays, souvent sans Gonzalez Urrutia, rassemblant d'immenses foules à travers le pays.
Nicolas Maduro est malgré tout déclaré vainqueur de la présidentielle du 28 juillet 2024. L'autorité électorale n'a pas donné le dépouillement détaillé du vote, évoquant une attaque informatique.
L'opposante dénonce une fraude et assure que son candidat a gagné avec 70% des voix, preuves à l'appui. Mme Machado avait demandé à ses partisans de collecter les procès-verbaux, bureau par bureau et les publie sur un site internet. Le gouvernement les a qualifiés de «faux», mais une grande partie de la communauté internationale ne reconnait pas la réélection de Maduro.
Clandestinité
La répression post-électorale fait 24 morts et 2400 détenus. Gonzalez Urrutia s'exile en Espagne en septembre. Mais, Mme Machado, elle, reste. Le 1er août 2024, elle annonce son passage à la clandestinité. L'opposante déclare craindre pour sa vie après que Maduro l'a accusée d'actes violents. Malgré les promesses de voir Gonzalez Urrutia prêter serment comme président en janvier 2025, c'est bien Maduro qui occupe le Palais de Miraflores.
Depuis, Machado affirme qu'elle travaille avec des pays alliés, en particulier les États-Unis, pour obtenir la «liberté» de son pays. «Il reste très peu de temps pour que les Vénézuéliens récupèrent notre souveraineté et la démocratie», a déclaré Maria Corina Machado le 22 septembre, après avoir annoncé son soutien au déploiement militaire des États-Unis dans les Caraïbes.
Après avoir remporté les prix européens Andrei Sakharov et Vaclav Havel en 2024, elle devient la première vénézuélienne récompensée par un comité Nobel pour «sa lutte pour garantir une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie».
«Cette immense reconnaissance de la lutte de tous les Vénézuéliens est un élan pour achever notre tâche : conquérir la liberté. (...) Le Venezuela sera libre!», a-t-elle écrit vendredi sur X. (sda/ats/afp)