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Johnson, le président américain qui adorait montrer son pénis

This is a November 17, 1967 photo of former president Lyndon B. Johnson. More than 80 hours of President Lyndon B. Johnson's telephone conversations from the White House, from early 1964, wer ...
Lyndon B. Johnson en 1967. Image: AP

Johnson, le président américain qui adorait montrer «Jumbo», son pénis

Quand Donald Trump évoque la taille de ses parties intimes en plein débat, c'est plus que déroutant, mais cette fascination pour l’anatomie des dirigeants ne date pas d’hier. De Jefferson à Johnson, en passant par les toilettes de la Maison-Blanche, retour sur une obsession américaine.
09.06.2025, 07:0509.06.2025, 07:05
Daniel Huber
Daniel Huber
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Donald Trump - actuel occupant de la Maison-Blanche - s'est senti obligé d'évoquer la taille de ses parties intimes pendant la primaire de 2016. Lors d'un débat contre ses concurrents de parti, il a levé les mains en l'air et demandé:

«Regardez ces mains, est-ce qu'elles sont petites? Si oui, il y a autre chose qui doit l'être aussi. Je vous garantis qu'il n'y a pas de problème. Je vous le garantis»
Donald Trump

Depuis les révélations de la star du porno Stormy Daniels, le monde entier a entendu parler du pénis présidentiel. On pourrait supposer que ce dernier ne fait débat que depuis l'ère Trump. Mais ce n'est pas tout à fait correct. Déjà pendant la campagne présidentielle virulente de 1800, Thomas Jefferson avait mis le doigt dans l'engrenage, fustigeant le «caractère hermaphrodite détestable, qui n'a ni la force et la fermeté d'un homme, ni la douceur et la sensibilité d'une femme» de son rival John Adams. L'hermaphrodisme désigne un état des êtres vivants qui développent à la fois des organes génitaux masculins et féminins.

Thomas Jefferson, 1800.
https://www.whitehousehistory.org/bios/thomas-jefferson
Thomas Jefferson, et ses propos souvent au-dessous de la ceinture.Image: The White House Historical Association

Le corps du monarque

Le magazine politique américain The New Republic attribue l'intérêt du peuple pour le pénis présidentiel au système politique national (rappelons qu'aucune femme n'a encore occupé cette fonction). Selon The New Republic magazine, le dirigeant américain occupe une position comparable à celle des rois et des reines dans les monarchies. Le corps du monarque est «traditionnellement le microcosme de l'Etat» et est donc étroitement surveillé. On pense à la célèbre phrase «L'Etat, c'est moi», attribuée à Louis XIV. Bien qu'elle soit en premier lieu l'expression d'une conception absolutiste, elle renvoie également à une idée d'incarnation de la part du monarque.

Ses fonctions corporelles - en particulier celles liées à la procréation - n'étaient pas seulement une affaire privée, mais d'intérêt public. En effet, la personne avec laquelle le monarque couche engendre une descendance, cela peut tout de même avoir de sérieuses conséquences pour la dynastie, et donc pour le destin du pays. Les Américains ont en quelque sorte hérité cette curiosité-là de leur passé colonial, et l'ont transmise au président.

Le Johnson Treatment

Les secrets de la chambre à coucher de la Maison-Blanche ont toujours passionné les foules - d'Abraham Lincoln, dont on disait qu'il tentait d'attirer des femmes noires, à John F. Kennedy, célèbre pour ses liaisons. Des rumeurs ont également circulé sur Lyndon B. Johnson, élu de 1963 à 1969. Elles portaient toutefois moins sur des relations extraconjugales, et plus sur l'usage étrange qu'il faisait de ses parties intimes.

Drei Tage nach der Ermordung des Praesidenten John F. Kennedy legt sein Nachfolger Lyndon B. Johnson im Beisein von Jacqueline Kennedy waehrend des Fluges von Dallas nach Washington den Amtseid als Pr ...
Johnson était le vice-président de John F. Kennedy. Il a prêté serment à bord d'Air Force One, après l'assassinat de ce dernier en novembre 1963.Image: KEYSTONE

On connaît surtout Lyndon B. Johnson (1908-1973), souvent surnommé «LBJ», pour avoir pris la relève après l'assassinat de Kennedy. C'est lui qui a ensuite enfoncé les Etats-Unis dans le bourbier de la guerre du Vietnam.

On lui doit encore le Civil Rights Act de 1964, une loi qui interdit la discrimination fondée sur la race, la couleur de peau, la religion, le sexe ou la nationalité. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il aimait passionnément discuter et qu'il cherchait à convaincre par l'humour, les arguments et, si nécessaire, les insultes - ce que l'on appelle le Johnson Treatment. Il faisait par ailleurs bon usage de son physique - Johnson mesurait 1,93 mètre.

Johnson-Treatment: Lyndon B. Johnson und Theodre Green im Gespräch, 1957.
https://www.reddit.com/r/HistoryPorn/comments/84xybd/senate_majority_leader_lyndon_b_johnson_speaking/#lightbox
Lors d'un entretien avec Theodore Green en 1957, le futur président américain utilise son corps.Image: Reddit

«Avez-vous déjà vu quelque chose d'aussi gros?»

Et dans son cas, le «physique» ne comprend bien sûr pas que la taille. Le démocrate du Texas aurait aussi volontiers présenté ses parties génitales pour se vanter. Il était apparemment fier de leurs mensurations - selon une anecdote, il laissait dépasser son pénis dans l'urinoir et demandait à la personne d'à côté:

«Avez-vous déjà vu quelque chose d'aussi grand?»

Des initiés de la Maison-Blanche ont rapporté que le successeur de Kennedy laissait régulièrement sortir son sexe hors de son pantalon dans les toilettes et qu'il se promenait ainsi - pour en faire profiter les autres utilisateurs des WC. Il existe de nombreux témoignages selon lesquels Johnson sortait son pénis et l'agitait - parfois pour plaisanter, parfois pour intimider.

Le biographe Robert Dallek décrit comment LBJ s'est comporté avec les journalistes qui lui posaient des questions délicates lors d'une conversation privée. Johnson aurait perdu patience lorsqu'il devait justifier la présence américaine au Vietnam. Il aurait alors descendu sa braguette, sorti son gros organe et déclaré: «La raison, la voici!»

FILE - This July 2, 1964 file photo shows President Lyndon Baines Johnson signing the Civil Rights Act in the East Room of the White House in Washington. Standing, from left, are Sen. Everett Dirksen, ...
Un héritage durable: le président Johnson signe le Civil Rights Act en 1964.Image: AP

Nu en interview

Lyndon Johnson aimait aérer son attribut. En 1964, en pleine interview avec le journaliste Frank Cormier à bord d'Air Force One par une journée de canicule, il a retiré ses vêtements, y compris son slip. Il a continué l'entretien tout nu.

Johnson a baptisé son sexe Jumbo, à en croire l'historienne Blema Steinberg. Elle raconte que, lorsqu'il était à l'université, il est entré nu dans une pièce après sa douche, déclarant: «Je dois amener ce vieux Jumbo ici et lui faire faire un peu d'exercice. Je me demande bien qui je vais baiser ce soir». Il était apparemment fier de sa réputation - bien plus tard, alors qu'il était marié depuis longtemps et politicien de haut rang, il se vantait auprès de ses assistants:

«J'ai eu plus de femmes par mégarde que Kennedy avec toute sa bonne volonté»
Lyndon Johnson
Johnson, Dick et Willy
Le terme «Johnson» pour désigner un pénis figure en réalité dans le langage de la rue aux États-Unis depuis 1863 - donc bien avant que Johnson n'arrive au pouvoir. Peut-être y a-t-il fait allusion avec ses blagues. L'habitude de donner un nom masculin aux organes génitaux des hommes est très répandue dans le pays: «Dick» (le plus courant de tous), «Willy», «Peter», «Jimmy», «Leroy», «John Johnson» ou «Johnson», justement.
US-Praesident Lyndon B. Johnson winkt am 19. November 1966 von Bord eines Helikopters einer neugierigen Menge zu, nachdem er das Bethesda Naval Hospital in Washington nach einer zweitaegigen Untersuch ...
Johnson en 1966.Image: EPA DPA

Dictées depuis la cuvette des WC

Johnson outrepassait les limites de la pudeur avec une nonchalance brutale. Cela est d'autant plus étonnant qu'il est originaire des états du sud. Or, la région de la «Bible Belt» s'est précisément illustrée par son caractère prude. JBL aimait raconter des blagues obscènes et ne connaissait pas la censure. L'historien Marshall Frady a ainsi déclaré dans la New York Review of Books:

«Très tôt, il était connu pour son attachement rabelaisien à la terre. Il urinait sur le parking de la Chambre des représentants quand l'envie le prenait (...)».

Il postait ses assistants à la porte des toilettes du bureau pendant qu'il se soulageait. Les malheureux subordonnés devaient y prendre des notes dictées par le président sur le trône. De quoi rappeler les habitudes des aristocrates français, qui n'avaient pas davantage de pudeur envers leurs domestiques qu'envers un animal. Selon l'historien, Johnson aimait par ailleurs trafiquer longuement son entrejambe avec la main, y compris dans les couloirs de la Chambre des représentants. Il s'appuyait parfois sur un jambe à moitié en l'air pour avoir un meilleur accès.

President Lyndon B. Johnson is seen at his ranch in Johnson City, Texas in Nov. 1966. (AP Photo)
En 1966, dans son ranch du Texas. Image: AP

«Là où les couilles sont pendues»

Tous ces récits reposent en fin de compte sur des ouï-dire, même s'ils proviennent pour la plupart de sources fiables. Une conversation entre LBJ et un tailleur, formellement enregistrée à la Maison-Blanche, constitue en revanche une preuve concrète - du moins en ce qui concerne la façon de s'exprimer plutôt vulgaire du président d'alors.

Celui-ci, qui veut faire ajuster ses pantalons, explique entre autres: «L'entrejambe, là où les couilles sont pendues, est toujours un peu trop serré. Donc quand vous les ajustez, donnez-moi un centimètre où je pourrai les laisser sortir à cet endroit parce qu'ils me scient. C'est comme si vous chevauchiez une clôture en fil de fer». Et: «Regarde s'il n'y a pas moyen de laisser un centimètre depuis la fin de la fermeture éclair jusqu'à ma bonde».

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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