De vastes pelouses verdoyantes, la robe étincelante des chevaux de course, des bancs de palmiers s'agitant dans l'air tiède de la Floride, des chapeaux multicolores, du fric et du champagne à gogo. Le cadre est planté. Bienvenue dans le monde feutré et exclusif du polo, le sport favori des têtes couronnées et des grands de ce monde. A commencer par un certain prince Harry, duc de Sussex, dont la nouvelle et troisième série Netflix est disponible depuis le 10 décembre. Le titre a le mérite d'être clair: Polo.
Si l'on avait un doute sur le producteur, la célèbre frimousse rousse du duc de Sussex apparaît effectivement cinq minutes après le lancement. «Ça fait quoi de jouer contre son gamin?», lance Harry d'un ton taquin auprès d'une star de la discipline, Adolfo Cambiaso. Une courte intervention princière, avant qu'Harry ne tire sa révérence pour laisser toute la place aux protagonistes.
On y suit notamment l'ascension de Tommy Dutta, jeune prodige de 22 ans, pressé comme un citron par son père pour devenir la prochaine coqueluche du polo mondial. Un géniteur un poil tyrannique mais ambitieux, qui n'hésite pas à lâcher face caméra:
On découvre aussi Louis Devaleix, entrepreneur quadragénaire un poil bling-bling, qui, après le golf, s’est découvert une passion sur le tard pour ce nouveau hobby. Une passion dispendieuse puisque «la plupart des équipes dépense cinq millions de dollars en quelques mois». Pour se financer, ce père de famille n'a donc pas hésité à vendre sa maison.
Citons également l'Argentin Adolfo Cambiaso, 49 ans, l'un des meilleurs joueurs au monde, et son fils, Adolfo Junior, 19 ans, fin prêts à se jeter dans les traces de son père et à lui faire mordre la pelouse.
Car ce docu-série en cinq épisodes ne se veut pas seulement une plongée dans les coulisses de l'US Open 2024 ou une initiation aux règles et au fonctionnement d'un sport méconnu du grand public (et des pauvres). C'est aussi un récit sur la filiation et la complexe relation père-fils, entrée fierté, déception et soif de reconnaissance.
Rien de révolutionnaire par rapport à n’importe quelle bonne série de sport sur Netflix. Tous les ingrédients sont réunis. Du punch, de la dramaturgie, de l’émotion, des victoires, des larmes, des tensions, une compétition exacerbée - et même des coups de maillet furieux dans une glacière, pour l'exotisme.
Si le thème principal laissait craindre le pire (du polo, franchement?), les cinq épisodes se succèdent en fait avec le rythme d'un poulain fringant. On se découvre un plaisir inattendu à suivre les péripéties sportives et familiales de ces pratiquants mordus, prêts à se trotter sur le corps pour soulever le trophée.
D'autant que le truculent couple Harry et Meghan a eu, pour une fois, la noblesse de se faire discret. Si la duchesse de Sussex s'autorise tout de même une incursion dans l'épisode final (il faudrait quand même pas oublier la production), histoire de faire quelques bises, de remettre la coupe et d'étaler ses connaissances en espagnol, elle s'abstient de toute révélation fracassante ou drame royal.
Tout juste pourra-t-on sentir dans Polo une pointe de nostalgie de la part d'un prince Harry dont les relations avec son père, Charles III, sont au point mort depuis des mois. Mais ça, c'est une autre histoire.