Israël a prévenu mercredi que ses ennemis n'avaient «nulle part» où se cacher, au lendemain de frappes israéliennes à Doha visant des responsables du Hamas. Cette attaque a suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump.
Ce n'est pas la première fois qu'Israël affirme qu'il éliminera les responsables du mouvement islamiste palestinien, dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Israël a annoncé avoir frappé mardi de «hauts responsables» de la direction du Hamas réunis à Doha. Les frappes ont fait six morts, mais les dirigeants visés ont survécu, a affirmé le mouvement palestinien.
Selon des sources proches du mouvement, six dirigeants du Hamas, parmi lesquels le négociateur en chef Khalil al-Hayya, l'ancien numéro un Khaled Mechaal, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment visé au moment de l'attaque. L'AFP n'est parvenu à joindre aucun d'eux depuis lors.
L'ambassadeur d'Israël à l'ONU à New York, Danny Danon, a déclaré qu'il était «trop tôt pour se prononcer sur le résultat» de la frappe.
«La politique sécuritaire d'Israël est claire: son bras long agira contre ses ennemis, où qu'ils soient. Ils n'ont nulle part où se cacher», a déclaré, mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz sur X, après un avertissement similaire aux dirigeants du Hamas la semaine dernière.
Lors de l'attaque du 7-Octobre, 251 personnes ont été enlevées. Quarante-sept d'entre elles sont toujours retenues dans le territoire palestinien, dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.
Défendant la décision de frapper les responsables du Hamas au Qatar, M. Danon a dit que son pays n'agissait «pas toujours selon les intérêts des Etats-Unis», grand allié d'Israël.
«Je suis très mécontent», avait dit mardi soir Donald Trump après l'attaque. Le Qatar, qui abrite une importante base militaire américaine, a condamné les frappes qui ont visé selon lui les domiciles de plusieurs membres du bureau politique du Hamas résidant dans l'émirat.
Il a dit qu'il se réservait le droit d'y répondre, tout en disant qu'il continuerait de jouer le rôle de médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Un responsable du Hamas ayant requis l'anonymat a affirmé que l'attaque avait «ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu».
Le mouvement palestinien a affirmé que «l'ennemi n'avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation chargée des négociations» mais a fait état de six morts: le fils, trentenaire, de Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu'un policier qatari.
Malgré les pressions internationales face aux risques encourus par les civils, l'armée israélienne a poursuivi mercredi son offensive contre la ville de Gaza, considérée comme le dernier grand bastion du groupe armé, et frappé une nouvelle tour d'habitations, d'après l'AFP.
Le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, avait plus tôt émis un nouvel ordre d'évacuation aux habitants de la ville de Gaza, en particulier ceux habitant dans une tour et dans ses environs. L'armée a dit plus tard avoir frappé un grand immeuble, «utilisé par l'organisation terroriste Hamas».
Des images de l'AFP prises après la frappe montraient d'énormes colonnes de fumée s'élevant dans le ciel tandis que l'immeuble, situé dans l'ouest de Gaza, s'effondrait. Des photos de l'AFP montraient également des Palestiniens fouillant les décombres à la recherche d'objets récupérables.
Face à la situation «inacceptable» à Gaza, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé mercredi des sanctions contre les ministres «extrémistes» en Israël et une suspension partielle de l'accord d'association UE-Israël. Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar lui a reproché d'envoyer «un mauvais message, qui renforce le Hamas». (jah/ats)