Elle lance sa propre religion en France et ça interroge
Depuis quelques semaines, un phénomène inédit secoue les réseaux sociaux: une jeune femme française, nommée Eudérame, a créé une nouvelle religion baptisée Femmes d’Iduna, exclusivement accessible aux femmes lesbiennes non trans. Sur TikTok, son compte aux 30 000 abonnés suscite un vif intérêt et de nombreux échanges, oscillant entre curiosité et controverse.
Certains internautes la défendent, d'autres s'indignent:
Femme d’Iduna
— C.C (@Lunella_Moon) September 13, 2025
Quelle religion n’a pas été inventée? On assiste peut être à l’émergence d’une prophétesse et d’une nouvelle religion. On ne sait pas 🤷🏽♀️ Sauf que là, ça part d’une femme. https://t.co/bfYCPyC5Pg
La meuf sur TikTok, fondatrice de « la religion Femme d’Iduna » et qui en plus se considère comme « messagère des déesses » en s’adressant aux femmes… c’est une folie mdrr
— 𝓢. ✽ (@smdstrk) September 12, 2025
Ce mouvement dispose même d’un site internet, où l’on peut consulter son manifeste, découvrir l’histoire de sa création et apprendre comment rejoindre le groupe en suivant un parcours de conversion.
Accueil du site
Un mouvement féministe avant tout
Selon Irene Becci, professeure en émergences religieuses et nouvelles spiritualités à l'Unil, la religion Femmes d’Iduna se positionnerait comme une réponse à une société dominée par le patriarcat. Pour l’experte, cette nouvelle forme de spiritualité féministe s'inspirerait de la littérature féministe et du séparatisme lesbien, en cherchant à redécouvrir le féminin sacré par la mythologie nordique (Iduna étant à l’origine une déesse scandinave).
La fondatrice de cette religion, Eudérame, semble avoir élaboré une doctrine déjà bien structurée en à peine un mois: dans ses vidéos, elle précise le type de tapis à utiliser pour la prière, expose les règles à suivre et retrace minutieusement l’histoire de sa foi.
Eudérame présente le «LeRime». 👇
Contactée par watson, Manéli Farahmand, directrice du Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC), explique que le mouvement des Femmes d’Iduna semble s’inscrire dans l’héritage des spiritualités néopaïennes et dans la logique des nouveaux mouvements religieux.
Le mouvement n’étant ouvert qu’aux personnes nées femmes, Manéli Farahmand souligne un point:
Ce refus d'admettre les femmes trans au sein du groupe illustrerait des tensions plus larges entre certains courants féministes et les mouvements LGBTIQ modernes, selon la spécialiste.
Potentielles dérives?
Le mouvement représente-t-il un risque de dérive sectaire? Pour Irene Becci, pas nécessairement:
La professeure explique que le véritable danger survient quand un groupe enlève à quelqu’un sa liberté, ou quand la personne est poussée à faire des choses illégales liées à l’argent, à la santé ou à la sexualité. Or, pour l’instant, selon l'experte, le groupe Femmes d’Iduna est trop récent pour qu’on puisse observer de tels agissements.