Face à l'hécatombe matérielle subie sur le front ukrainien, la Russie n'a plus d'autre choix. Comme le souligne Forbes, des soldats russes sont contraints de troquer leurs blindés contre des montures équestres. Une vidéo récente circulant sur les réseaux sociaux montre deux militaires russes à cheval, traversant un terrain boueux et miné.
"World's second army" in all its glory. Rolling back to the times of the Russian Empire - complete with cavalry and drafting representatives of national minorities as cannon fodder.
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) February 4, 2025
These soldiers are from the Republic of Sakha, a region incredibly rich in natural resources.… pic.twitter.com/FNFQoioT2S
Loin de renvoyer l'image d'une armée en pleine puissance, cette scène illustre une réalité militaire de plus en plus préoccupante pour le Kremlin.
Depuis le début de l'offensive en février 2022, les forces russes ont perdu plus de 15 000 véhicules blindés, un rythme que les usines du pays ne parviennent pas à compenser. Chaque année, les régiments mécanisés enregistrent une hémorragie d'environ 6 000 véhicules, alors que la production ne suit pas: comme le relève le magazine américain, la Russie ne construit qu'environ 200 BMP-3 et 90 chars T-90M par an, complétés par quelques centaines d'autres blindés.
Pendant les deux premières années du conflit, Moscou a pu compenser ses pertes en réquisitionnant des véhicules de l'époque soviétique stockés depuis des décennies. Mais cette réserve vintage s’épuise à son tour. Selon l'analyste Jompy, qui a étudié plusieurs parcs de véhicules, la plupart de ces engins n'ont pas bougé depuis des années, les rendant inutilisables sur le champ de bataille.
Face à ce manque criant de blindés, l'armée russe doit improviser. Les soldats se déplacent de plus en plus en véhicules civils réquisitionnés – fourgonnettes, voitures compactes, voire voiturettes de golf modifiées – qui n’offrent aucune protection contre l’artillerie et les drones ukrainiens. Un correspondant de guerre russe, Roma Sapojnikov, dénonce cette situation: selon l'une de ses sources, ces véhicules sont «de la merde complète qui brûle et tue nos soldats», rapporte-t-il.
Dans ce contexte, voir certains combattants monter à cheval ne relève pas seulement d'une image anecdotique, mais d'un symptôme profond du déséquilibre entre les pertes russes et leur capacité à régénérer leur arsenal militaire.
L'utilisation croissante de moyens de transport improvisés expose davantage les troupes russes aux tirs ukrainiens. Sans blindage, les soldats de Moscou deviennent des cibles faciles pour les drones kamikazes et l'artillerie de Kiev.
Cette «démécanisation» du conflit pourrait à terme peser sur la capacité offensive russe, malgré une stratégie qui repose sur la supériorité numérique.
Cependant, la Russie n'est pas en train de perdre la guerre pour autant. Selon le groupe d'analyse ukrainien Frontelligence Insight, les pertes russes sont lourdes, mais les avancées continuent, notamment dans les secteurs où l'armée ukrainienne est affaiblie par un manque de personnel et de munitions.
La guerre d'usure engagée par Moscou, même en crise, continue de faire mal à l’Ukraine. La Russie avance, quitte à le faire à cheval.