La mort d'Alexeï Navalny aurait-elle pu être évitée? Cette question se pose au moins depuis cette semaine, et la faute en revient à celui que ses partisans tiennent pour responsable du décès de Navalny: Vladimir Poutine. En effet, le président russe a récemment déclaré que «certains collègues» avaient proposé d'échanger Navalny contre des Russes emprisonnés en Occident et qu'il était d'accord avec cette proposition.
Poutine a ainsi largement confirmé la version de l'équipe de Navalny. Celle-ci avait auparavant affirmé que les négociations en vue d'un échange de Navalny contre le «tueur du jardin zoologique», emprisonné en Allemagne, étaient bien avancées avant que Navalny ne décède subitement fin février dans une colonie pénitentiaire sibérienne – de mort naturelle selon les autorités russes.
Les déclarations de Poutine ont relancé le débat sur d'éventuels échanges de prisonniers entre la Russie et l'Occident. De nombreux citoyens de pays occidentaux sont emprisonnés en Russie et les observateurs voient en nombre d'entre eux des prisonniers politiques. Pour Poutine, ces personnes sont un bien précieux qui lui permettrait de libérer des détenus russes dans les prisons occidentales. Le «tueur du Tiergarten» Vadim Krasikov n'est que l'un d'entre eux. En 2019, il a abattu un ancien commandant tchétchène dans le Tiergarten de Berlin, vraisemblablement pour le compte des services secrets russes (FSB).
L'affaire de la basketteuse américaine Brittney Griner a fourni le plan directeur d'un tel accord. Griner a pu rentrer aux Etats-Unis fin 2022 grâce à un échange du marchand d'armes russe Viktor But. Il s'agissait d'un accord inégal: une sportive emprisonnée pendant dix mois en Russie pour possession d'huile de haschisch contre un homme tristement célèbre comme «marchand de mort», dont les armes ont tué des gens dans de nombreuses régions en crise et qui était incarcéré depuis plus de dix ans dans une prison américaine.
Si de nouveaux échanges devaient avoir lieu à l'avenir, cinq Occidentaux détenus en Russie pourraient en faire partie.
C'est surtout le gouvernement fédéral allemand qui devrait être intéressé par sa libération. L'homme a été arrêté le 14 février à l'aéroport de Saint-Pétersbourg parce qu'il aurait transporté des oursons en gomme au cannabis. Selon ses propres dires, il s'était rendu en Russie pour y rencontrer une femme. Il aurait emporté les oursons en gomme avec lui pour pouvoir mieux dormir pendant le vol. La police russe a publié une vidéo censée montrer l'arrestation.
Depuis, l'affaire s'est calmée. L'homme est en détention provisoire, récemment prolongée jusqu'au 15 avril. Il risque jusqu'à sept ans de prison. Comme l'a appris t-online auprès du ministère des Affaires étrangères, le consulat général à Saint-Pétersbourg est en contact avec l'homme et son conseil juridique et l'assiste sur le plan consulaire.
Le reporter du Wall Street Journal a été arrêté en mars dernier par les services secrets russes (FSB) après une enquête dans l'Oural. Depuis, il est en détention provisoire. Il est accusé d'espionnage. Gershkovich risque 20 ans de prison. Le journaliste américain et son employeur américain contestent les accusations, la justice russe n'a jusqu'à présent présenté aucune preuve.
Lors de son interview avec le présentateur américain Tucker Carlson, Vladimir Poutine a certes éludé l'aveu de Carlson selon lequel Gershkovich n'était pas un espion. Le chef du Kremlin a toutefois déclaré qu'il était «plus ou moins inutile» de garder Gershkovich prisonnier en Russie. Poutine a laissé entendre qu'une condition à la libération de Gershkovich était que le «tueur du Tiergarten» soit libéré en contrepartie.
L'ancien soldat de la marine américaine est également incarcéré depuis 2018 dans une prison russe de haute sécurité pour espionnage présumé. Un Russe aurait remis à l'homme de 54 ans une clé USB contenant des informations secrètes dans un hôtel de Moscou. Les avocats de Whelan ont expliqué qu'il pensait que seules des photos d'église étaient stockées sur le support de données.
Au moment de son arrestation, Whelan était chef de la sécurité d'un sous-traitant automobile du Michigan. Le fait que le gouvernement américain ait libéré la basketteuse Griner, mais pas Whelan, qui était détenu depuis longtemps, avait suscité de vives critiques aux Etats-Unis.
Elle a été arrêtée par le service de renseignement intérieur russe (FSB) fin janvier à Ekaterinbourg, dans les montagnes de l'Oural. Cette Américaine de 33 ans, qui possède également la nationalité russe, est accusée de trahison. Karelina aurait collecté de l'argent pour une organisation ukrainienne qui l'aurait ensuite utilisé pour acheter des articles médicaux, des équipements et également des munitions pour les forces armées ukrainiennes.
Karelina a ainsi travaillé contre la sécurité de la Russie, a expliqué le FSB, sans pour autant étayer ses accusations. Pour cela, elle pourrait être emprisonnée pour une durée allant jusqu'à 20 ans. Son procès doit débuter en avril. A Los Angeles, où elle réside, Karelina travaillait dans un spa de Beverly Hills jusqu'à son arrestation. Selon son employeur, les accusations portées contre elle concernent des dons présumés d'une valeur de 50 dollars américains (46 euros).
Cette journaliste américano-russe travaillait à Prague pour Radio Free Europe/Radio Liberty, financée entre autres par le Congrès américain. En mai 2023, cette femme de 47 ans est retournée en Russie pour s'occuper de sa mère. Peu après, elle a été arrêtée pour la première fois parce qu'elle n'avait pas enregistré son passeport américain auprès des autorités russes. En octobre, elle a de nouveau été arrêtée à Kazan, dans le sud-ouest de la Russie. Elle est accusée de ne pas s'être déclarée comme «agent étranger».
Les personnes vivant en Russie qui agissent politiquement et qui sont soutenues par des organisations étrangères ou qui travaillent pour elles doivent se déclarer comme telles. L'une des conséquences est que ces personnes doivent mentionner leur rôle d'«agent étranger» dans toutes leurs publications. Le gouvernement russe utilise cette loi pour restreindre la société civile et la presse.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)