La marine danoise a poursuivi et arrêté mercredi un cargo chinois qui tentait de quitter la mer Baltique en direction de l'ouest. Le cargo Yi Peng 3 serait soupçonné d'avoir sectionné deux câbles Internet sous-marins, dimanche et lundi, près de l'île suédoise de Gotland. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a déclaré que la destruction des câbles reliant la Finlande à l'Allemagne et la Suède à la Lituanie relevait du sabotage, et de nombreux experts sont d'accord avec lui.
Selon les médias finlandais, le Yi Peng 3 était l'un des nombreux navires qui se trouvaient à proximité des points de rupture au moment en question. De plus, il naviguait par moments avec le système d'identification par satellite désactivé. Là où les données du navire sont disponibles, on observe un étrange schéma de navigation ralentie et de mouvements circulaires et en zigzag. Plus tard, lorsque le cargo de 225 mètres de long, qui était ou est en route de Russie vers l'Egypte, s'est dirigé vers l'ouest, trois navires de la marine danoise l'ont suivi à tour de rôle.
Mardi soir, le Yi Peng 3 s'est arrêté en pleine mer dans le Kattegatt, au nord de l'île danoise de Seeland. Plusieurs navires de la marine s'y trouvaient également, ce que l'armée danoise a confirmé mercredi après-midi, sans toutefois vouloir faire d'autres commentaires. Des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux selon lesquelles des soldats danois seraient montés à bord du navire chinois, mais aucune confirmation ou preuve n'a été apportée.
Le scénario rappelle fortement l'endommagement d'un gazoduc entre l'Estonie et la Finlande en octobre 2023. Jusqu'à aujourd'hui, des enquêtes sont en cours dans les deux pays sur le navire Newnew Polar Bear, immatriculé à Hong Kong, qui a probablement percuté le gazoduc avec une ancre traînée au fond de la mer. Selon un rapport des autorités chinoises, il s'agirait d'un accident: lors d'une tempête, le dispositif de retenue de l'ancre se serait détaché. Mais les enquêteurs nordiques doutent de la théorie de l'accident. Le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, a déclaré en août qu'il lui était difficile de comprendre pourquoi le capitaine n'avait pas remarqué que son ancre traînait au fond de la mer.
Alors que le Yi Peng 3 a été arrêté, la marine suédoise a examiné le fond marin près des deux points de rupture. Les entreprises qui ont posé et exploité les câbles estiment qu'il est très improbable qu'ils aient été endommagés par des intempéries par exemple. Un dommage causé par un filet de pêche ou une ancre est possible, mais la coupure ciblée de deux câbles renforcés ne plaide pas en faveur d'un accident, selon les experts en sécurité.
Le ministre allemand de la Défense a déclaré:
Lui et plusieurs politiciens de pays nordiques estiment que l'attaque fait partie de la guerre hybride menée par la Russie, qui veut créer un sentiment d'insécurité en Occident. Un porte-parole du Kremlin a toutefois qualifié mercredi ces accusations de «ridicules».
Les pays nordiques et l'Otan craignent depuis longtemps que la Russie ne sabote des infrastructures critiques, notamment l'approvisionnement en énergie, mais aussi, justement, les communications. En 2023, les services secrets scandinaves ont averti que la Russie utilisait un grand nombre de navires pour espionner: des bateaux de pêche, des cargos et des navires de recherche qui collectent des données sur les parcs éoliens, les gazoducs, les câbles électriques et Internet sous l'eau. En cas de conflit avec l'Occident, la Russie sait où elle doit intervenir pour paralyser la société, expliquait l'année dernière Anders Henriksen, chef du contre-espionnage des services secrets danois.
Une équipe internationale de journalistes a révélé que des dizaines de navires civils russes ont montré des schémas de déplacement anormaux ou ont navigué avec leur système d'identification par satellite désactivé là où se trouvent des câbles importants. Des experts ont expliqué que même des navires civils pouvaient placer des mines au fond de la mer - ou transmettre des données aux militaires russes.
Les navires civils endommagent eux-mêmes les câbles, par exemple avec une ancre «défectueuse». Des indices ont également été trouvés dans le nord de la Norvège, lorsqu'en janvier 2022, le câble de communication avec l'archipel arctique du Svalbard a été sectionné au fond de la mer. L'équipe de recherche a découvert dans une analyse de données qu'un bateau de pêche russe avait croisé pas moins de 130 fois au-dessus du point de rupture à l'époque en question. En comparaison, les trajets des cargos chinois dans la mer Baltique semblent nettement plus discrets.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)