Les troupes russes n'ont pas encore réussi à s'emparer de la ville de Kharkiv, et les gains de terrain sont plutôt limités sur les autres parties du front. Alors que les Ukrainiens tentent de riposter à certains endroits, une offensive massive russe ne semble pas à l'ordre du jour. Et cela pourrait être exactement la nouvelle stratégie de Poutine.
La semaine passée, le maître du Kremlin s'est exprimé lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Selon les analystes de l'Institut américain d'études sur la guerre (ISW), on peut déduire de ses propos une «théorie de la victoire». D'après cette théorie, Poutine ne s'attend plus à un succès rapide, mais veut démoraliser l'Ukraine.
L'objectif serait de fatiguer les soldats ukrainiens par des attaques continues et d'empêcher en même temps que Kiev puisse riposter. Il espère en outre que l'Occident se lassera également et réduira, voire supprimera, son soutien.
Le fait que Poutine n'ait pas l'intention de procéder à de nouveaux recrutements pour le moment vient également appuyer cette idée.
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Au lieu de cela, le commandement militaire russe s'emploie à augmenter constamment la pression sur les forces ukrainiennes à plusieurs endroits afin de les pousser à partir. Poutine a ainsi parlé de «zones qui devraient être sous contrôle russe». Cela pourrait indiquer qu'il a renoncé à son projet initial de conquête de toute l'Ukraine et qu'il veut se limiter aux régions frontalières. Il n'a pas donné de détails sur l'endroit où il souhaitait tracer les frontières.
Selon l'ISW, Poutine part du principe que l'Ukraine n'est pas en mesure de réaliser des gains significatifs sur le terrain ou de reconquérir des territoires occupés. Dans le même temps, l'armée russe pourrait, selon Poutine, mener avec succès d'autres offensives de faible envergure.
Selon les analystes américains, la théorie de la victoire de Poutine repose sur l'espoir de la Russie de pouvoir attendre que l'aide occidentale à l'Ukraine diminue, voire disparaisse. En outre, Moscou part du principe que Kiev n'est pas en mesure de mobiliser suffisamment ses forces économiques.
Alors que l'Occident tente toujours d'acheter les munitions qu'il est incapable de fabriquer lui-même pour l'Ukraine, la Russie s'est convertie à l'économie de guerre. Poutine a signé il y a quelques jours toute une liste d'instructions pour le développement du secteur de l'armement, afin de produire encore plus d'armes et de munitions.
Lors d'un événement à Saint-Pétersbourg consacré aux questions d'armement, les participants ont souligné que la Russie produisait des armes et des munitions plus rapidement et à un quart du coût que l'Occident.
Selon l'ISW, la stratégie russe ne peut réussir que si elle est en mesure de conserver l'initiative sur toutes les parties du front. Mais une aide occidentale supplémentaire - y compris les avions de combat F-16 bientôt opérationnels - et d'éventuels recrutements pourraient donner à l'Ukraine une marge de manœuvre suffisante pour s'y opposer, selon les analystes.
Les effectifs jouent également un rôle important. Même si les chiffres officiels ne sont pas mentionnés, les experts estiment que la Russie a subi des pertes nettement plus importantes que l'Ukraine dans les combats de tranchées. Poutine semble néanmoins partir du principe qu'il a suffisamment de soldats. De son côté, Kiev tente toujours d'attirer de nouveaux soldats pour compenser ses pertes.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)