Ce «bébé» inflige de gros dégâts à la flotte fantôme russe
Le drone aquatique ukrainien de type «Sea Baby» fonce par l’arrière sur un pétrolier, la charge explosive détonne et une boule de feu s'élève. Des vidéos du service de renseignement intérieur SBU, prises en mer Noire, montrent les dernières attaques contre les pétroliers de la «flotte fantôme» russe au large des côtes turques.
Attaques de drones Sea Baby contre des pétroliers de la flotte fantôme russe
Deux navires, le «Kairos» et le «Virat», ont été neutralisés par des drones avant de pouvoir charger du pétrole dans un port russe. Par ces attaques, l'Ukraine envoie un message à son ennemi, la Russie, mais aussi à l'Occident.
En contournant les sanctions occidentales grâce à ses exportations de pétrole, le Kremlin se procure d'importantes recettes pour financer la guerre en Ukraine. Certes, la Russie doit vendre son pétrole bien en dessous du prix du marché: pour un baril (159 litres), Moscou n'obtient actuellement plus que 36 dollars, alors que le prix sur le marché mondial est de 62 dollars.
Pourtant, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la Russie tire toujours treize milliards de dollars par mois de la vente de pétrole à des pays comme la Chine, l'Inde ou la Turquie; des Etats qui ne respectent pas les sanctions. Et malgré celles-ci, les pays de l'UE achètent également chaque mois pour plus d'un milliard d'euros de pétrole russe.
La «flotte fantôme», composée de centaines de pétroliers battant pavillon de pays tiers et utilisés pour le transport du pétrole russe, assure les exportations russes par mer. Les «Kairos» et «Virat» dont nous parlions avant, battant pavillon gambien, font partie de cette flotte. La Turquie, gardienne de la liaison maritime entre la mer Noire et la Méditerranée, ne peut pas arrêter ces navires, car selon le traité de Montreux de 1936, elle doit maintenir ouvertes, même en temps de guerre, les deux détroits des Dardanelles et du Bosphore pour les navires commerciaux de pays neutres. Cela inclut également les pétroliers de la «flotte fantôme» battant pavillon étranger.
L'Ukraine attaque dans la mer Noire
Les «Kairos» et «Virat» ont été attaqués dans les eaux internationales après leur passage par le Bosphore en mer Noire. Le ministre turc des Transports, Abdulkadir Uraloglu, a indiqué que la «Kairos» avait pris feu suite à l'attaque vendredi.
Ces images montrent l'évacuation du Kairos
Onboard footage of the KAIROS crew evacuating after it was struck by Ukrainian naval drones. The tanker is part of Russia's shadowfleet, bypassing sanctions. https://t.co/1sVPl7kt2a pic.twitter.com/2Fr8o4wK3Q
— NOELREPORTS 🇪🇺 🇺🇦 (@NOELreports) November 30, 2025
Des navires turcs ont évacué les 25 membres d'équipage et tenté d'éteindre l'incendie. Le «Virat» a, lui aussi, été attaqué vendredi dernier, puis de nouveau samedi. Les deux navires étaient vides et se dirigeaient vers le port pétrolier russe de Novorossiisk, lui aussi visé samedi par des drones aquatiques ukrainiens.
Jusqu'à présent, l'Ukraine concentrait ses actions militaires contre la Russie en mer Noire sur la partie nord de la mer. Les Ukrainiens n'avaient jamais attaqué aussi près des côtes turques.
Kiev a changé de tactique, explique l'expert en sécurité d'Istanbul Yörük Isik. Selon lui, l'Occident avait longtemps tenté d'empêcher l'Ukraine, par crainte d'une hausse des prix du pétrole, d'attaquer le commerce pétrolier russe en mer Noire. Désormais, Kiev ne se plie plus à ces restrictions: l'Ukraine souhaite démontrer ses capacités militaires et a choisi les pétroliers de la «flotte fantôme» comme cibles, car ces navires sont visés par les sanctions occidentales. Les partenaires de l'Ukraine sont également invités à renforcer la mise en œuvre de ces sanctions.
Un exemple parfait de guerre asymétrique
Yörük Isik considère les attaques par drones comme un «exemple parfait de guerre asymétrique». Les drones sont des armes d'attaque relativement peu coûteuses, mais ils peuvent causer de grands dommages au commerce pétrolier russe. De plus, l'Ukraine a veillé à limiter le risque de pollution maritime en ciblant des pétroliers vides. Il y a seulement quelques semaines, les forces ukrainiennes ont présenté une nouvelle version du drone «Sea Baby» dont la portée atteint 1500 kilomètres.
Même la Turquie, qui a organisé plusieurs séries de négociations russo-ukrainiennes à Istanbul en tant que médiateur dans la guerre en Ukraine, se retrouve sous pression à la suite des attaques contre les navires. Le ministère des Affaires étrangères, à Ankara, a évoqué, après les explosions, des «risques sérieux» pour la navigation, la vie des marins et l'environnement.
Le président Recep Tayyip Erdogan a tenu, il y a deux semaines, à Ankara, une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plaide en faveur d'un sommet russo-ukrainien sur le sol turc. Selon Yörük Isik, la Turquie, en tant qu'Etat riverain du sud de la mer Noire, était déjà affectée par les mines et les manœuvres de brouillage électroniques de la Russie avant même les attaques contre les pétroliers:
Traduit et adapté par Noëline Flippe
