Des centaines ou des milliers d'activistes Anonymous occupent depuis des semaines les cyberdéfenses russes avec des actions plus ou moins importantes: dans la nuit de mercredi à jeudi, ils ont annoncé le piratage de la banque centrale russe. «Plus de 35'000 fichiers contenant des accords secrets seront publiés dans les prochaines 48 heures», écrivent les hacktivistes sur Twitter.
🔴MESSAGE FROM #ANONYMOUS RABBIT:
— The Black Rabbit World (@Thblckrbbtworld) March 23, 2022
No passage to injustice
No passage to kill innocents
No passage to Putin and oligarchs
Central Bank of Russian Federation has been hacked❗️
More than 35.000 files will be released within 48 hours with secret agreements.
Expect us#Ukraine pic.twitter.com/qy1TheVKNp
On ne sait donc pas encore s'il s'agit de données confidentielles explosives ou simplement de vieux documents sans valeur qui traînaient sur un serveur mal sécurisé.
Mais le fait est que le collectif mondial de pirates informatiques ne cesse d'infliger de nouveaux coups à la Russie. Cette semaine encore, les sites internet des autorités russes ressemblent à ça:
Les boutiques en ligne russes sont également régulièrement piratés. Au lieu de voir les dernières tendances de la mode, les visiteurs de la boutique voient des images de guerre censurées en Russie. Les internautes qui ont visité mercredi le site de la boutique en ligne de vêtements pour enfants kids-centr.ru ont été accueillis par une photo de l'hôpital pour enfants bombardé à Marioupol.
Kids-Center Internet store of children's clothing from Russia. #Hacked ►https://t.co/1YK8pZYFHN
— Anonymous • News🌐 (@Anonymous_Link) March 22, 2022
The girl in the photo and her baby were killed by terrorist attacks by Putin. Everyone who enters this website who sees the horror#OpRussia #Anonymous
By @CyberLegionHack pic.twitter.com/GnPHL3bLBt
Les hackers pro-ukrainiens trouvent toujours de nouveaux moyens de faire passer leurs messages anti-guerre à travers la censure des médias et sites Web de Poutine. Ainsi, des terminaux de caisse de restaurants ont apparemment été piratés dans la grande ville russe de Belgorod. Sur les tickets de caisse, on pouvait soudain lire le message «Arrêtez la guerre! Sauvez vos enfants!».
#Anonymous Hackers spreading their message as they hacked software of the #Russian point of sale terminals used in restaurants throughout Belgorod city with messages
— ❤️🕊🏴☠️PuckArks 🏴☠️🕊❤️ (@PucksReturn) March 21, 2022
Stop war!
Save your children!
and "Bloody money" on the customers receipts in support of #Russia #Ukraine pic.twitter.com/3GriD2kQMP
«Un piratage simple mais très efficace pour faire passer des messages aux gens», a commenté un activiste Anonymous sur Twitter.
L'attaque suivante s'inscrit dans le même schéma: plusieurs groupes de pirates informatiques envoient apparemment des messages aux Russes via des imprimantes compromises, les informant de ce qui se passe en Ukraine. Les imprimantes piratées crachent également des instructions sur la manière de contourner la censure étatique d'internet en Russie via le navigateur Tor, afin de s'informer de manière indépendante.
We are #Anonymous
— Anonymous 🍀 (@DepaixPorteur) March 20, 2022
We have been printing anti-propoganda and tor installation instructions to printers all over #Russia for 2 hours, and printed 100,000+ copies so far. 15 people working on this op as we speak.#OpRussia #OpUkraine #ASS #ASSHAT #OpRedScare #AnonOps pic.twitter.com/szNnalaG0R
La semaine dernière, l'intervention publique de Poutine au stade Loujniki de Moscou a été brusquement interrompue par la télévision d'Etat, officiellement en raison d'une erreur technique. Les activistes d'Anonymous affirment avoir mis la main à la pâte et provoqué une panne technique.
#Breaking #Anonymous this has been confirmed that during #Putin speech this morning the feed cut out because of a server overload. Anonymous overloads the server and Putin goes silent, #Russian citizens we will get the message to you #FckPutin #Ukraine️ #RussianUkrainianWar pic.twitter.com/evMSfnFC5A
— ❤️🕊🏴☠️PuckArks 🏴☠️🕊❤️ (@PucksReturn) March 18, 2022
Cela n'est pas confirmé. Selon la BBC britannique, il est en revanche confirmé que les activistes Anonymous ont réussi à pirater la télévision russe peu après le début de la guerre et à prendre le contrôle du programme pendant douze minutes. Le piratage a été immortalisé par un court clip vidéo dans lequel le programme normal est interrompu par des images d'explosions de bombes en Ukraine et où des soldats parlent des horreurs du conflit. La BBC a retrouvé la femme qui avait d'abord publié la vidéo sur les médias sociaux. Elle vit aux Etats-Unis et l'a reçue de son père qui vit en Russie.
La femme a raconté à la BBC: «Mon père m'a appelée quand c'est arrivé et a dit: "Oh mon Dieu, ils montrent la vérité!". Alors je l'ai poussé à l'enregistrer et j'ai mis le clip en ligne.»
La vidéo en question:
JUST IN: #Russian state TV channels have been hacked by #Anonymous to broadcast the truth about what happens in #Ukraine. #OpRussia #OpKremlin #FckPutin #StandWithUkriane pic.twitter.com/vBq8pQnjPc
— Anonymous TV 🇺🇦 (@YourAnonTV) February 26, 2022
VK, le plus grand réseau social de Russie, aurait également été piraté. C'est ce qu'a notamment rapporté le portail d'information en ligne russe indépendant Meduza, qui a entre-temps été bloqué en Russie. Les utilisateurs de VK ont donc reçu un message rédigé en russe, informant entre autres des victimes civiles de la guerre. Dans le même temps, les utilisateurs russes de VK étaient menacés dans le message que le soutien à l'invasion pouvait être considéré comme un crime et qu'ils risquaient un jour d'être poursuivis par Interpol.
En réaction, de nombreux utilisateurs de Twitter ont écrit que de telles menaces étaient contre-productives et qu'elles pousseraient encore plus les gens dans les mains de Poutine.
BREAKING: Russian social media giant VK hacked via one of its editors; messages sent to >12 mil users about the war in Ukraine informing them of the true casualties and impact of Russia’s war against #Ukraine pic.twitter.com/r4d0aLMosD
— ❤️🕊🏴☠️PuckArks 🏴☠️🕊❤️ (@PucksReturn) March 20, 2022
La semaine dernière déjà, les activistes d'Anonymous ont publié 79 Go de données du géant russe de l'oléoduc Transneft, selon leur propre déclaration. Cette fuite pourrait donner un aperçu des liens opaques entre les groupes pétroliers russes et le Kremlin.
• Anonymous Leaks 79GB of Russian Oil Pipeline Giant’s Email Data.
— Anonymous • News🌐 (@Anonymous_Link) March 22, 2022
• Anonymous claims it breached Omega Company which is the in-house R&D unit of Transneft, the largest oil pipeline company in the world based in Moscow, Russia.#OpRussia #Anonymous https://t.co/rq8CO36N8M
Mi-mars, des activistes allemands d'Anonymous ont piraté la filiale allemande du groupe pétrolier Rosneft, proche du Kremlin. Rosneft Allemagne a confirmé le cyber-incident. Le groupe n'a pas été attaqué pour «allumer et éteindre des pipelines», mais parce qu'il est «au centre de Poutine et de son cercle le plus proche», ont écrit les pirates. L'entreprise serait centrale pour le lobbying énergétique russe en Allemagne et en Europe.
Shell und BP steigen aus, Anonymous steigt ein. Anonymous hacktivists haben Rosneft Deutschland invasiert und 20TB Daten mit nach Hause genommen. #Anonymous #OpRussia #Rosnjet #Schroeder #UkraineWarhttps://t.co/Nc7x1Tm8su
— Anonleaks📡 (@Theanonleaks) March 11, 2022
Mercredi, un prétendu piratage de Nestlé a fait la une des journaux. Des activistes Anonymous ont écrit que «des e-mails, des mots de passe, des entreprises clientes et bien d'autres choses encore» avaient été dérobés. Le groupe a démenti et écrit à watson: «Les récentes allégations d'une cyberattaque contre Nestlé et d'une fuite de données qui y serait liée sont dénuées de tout fondement.»
Il s'agirait d'un incident survenu en février 2022, lorsque «certaines données de test randomisées et principalement disponibles publiquement pour des applications interentreprises ont été involontairement accessibles en ligne pendant une courte période», selon le groupe.
Les premières analyses des données divulguées montrent qu'il s'agit probablement effectivement de données de test, ce qui n'exclut pas que certaines données réelles et productives soient également concernées. Au minimum, l'incident est embarrassant pour Nestlé, car l'environnement de test n'était pas correctement protégé.
Le géant suisse de l'alimentation a longtemps hésité à prendre des mesures de boycott strictes, ce qui lui a valu des critiques internationales, des réprimandes de Zelensky et des menaces d'Anonymous. Ce n'est que mercredi que Nestlé a pu se résoudre à retirer de son assortiment en Russie des produits qui ne font pas partie des denrées alimentaires de base.
Anonymous s'en prend entre-temps à d'autres entreprises qui ne se retirent pas de Russie. En Suisse, le Credit Suisse, le groupe de technique sanitaire Geberit et le groupe de matières premières Glencore, entre autres, doivent s'attendre à des actions d'Anonymous. Ces entreprises continuent d'être actives en Russie et figurent sur la liste de la honte de l'université de Yale.
We once again call on companies that continue to operate in Russia: Immediately stop your activity in Russia if you feel sorry for the innocent people who are being massacred violently in Ukraine. Your time is running out. We do not forgive. We do not forget. #Anonymous #OpRussia pic.twitter.com/acAoTe5QYZ
— Anonymous TV 🇺🇦 (@YourAnonTV) March 23, 2022
Une autre victime de premier plan d'Anonymous est l'autorité de censure russe Roskomnadzor. Selon ses propres informations, 360 000 fichiers représentant un volume de données de 820 gigaoctets ont été récupérés et publiés.
Le collectif de hackers a déjà annoncé de futures cyberattaques: «Anonymous poursuivra ses attaques contre les systèmes gouvernementaux russes jusqu'à ce qu'ils quittent l'Ukraine», écrit le plus grand compte Anonymous sur Twitter, avec 7,9 millions d'abonnés.
#Anonymous will continue our assault on Russian government systems until they leave Ukraine.#OpRussia
— Anonymous (@YourAnonNews) March 21, 2022
D'autres coups suivront donc inévitablement: Anonymous est «pour Poutine la version internet d'un coup de pied sur une brique de Lego», écrivent les hactivistes.
En d'autres termes, les actions de perturbation ne sont pas décisives pour la guerre, mais constituent une épine permanente dans le pied du Kremlin.