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Cyber-guerre contre Poutine: Anonymous pirate la moitié de la Russie

Anonymous s'attaque à l'ours russe.
Anonymous s'attaque à l'ours russe.

Comment Anonymous multiplie les attaques pour déstabiliser Poutine

Le collectif mondial de hackers Anonymous porte chaque jour de nouveaux coups à la propagande du Kremlin. Tour d'horizon.
26.03.2022, 17:55
Oliver Wietlisbach
Oliver Wietlisbach
Oliver Wietlisbach
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Des centaines ou des milliers d'activistes Anonymous occupent depuis des semaines les cyberdéfenses russes avec des actions plus ou moins importantes: dans la nuit de mercredi à jeudi, ils ont annoncé le piratage de la banque centrale russe. «Plus de 35'000 fichiers contenant des accords secrets seront publiés dans les prochaines 48 heures», écrivent les hacktivistes sur Twitter.

On ne sait donc pas encore s'il s'agit de données confidentielles explosives ou simplement de vieux documents sans valeur qui traînaient sur un serveur mal sécurisé.

Mais le fait est que le collectif mondial de pirates informatiques ne cesse d'infliger de nouveaux coups à la Russie. Cette semaine encore, les sites internet des autorités russes ressemblent à ça:

Site officiel piraté mardi en Russie
Site officiel piraté mardi en Russie

Les boutiques en ligne russes sont également régulièrement piratés. Au lieu de voir les dernières tendances de la mode, les visiteurs de la boutique voient des images de guerre censurées en Russie. Les internautes qui ont visité mercredi le site de la boutique en ligne de vêtements pour enfants kids-centr.ru ont été accueillis par une photo de l'hôpital pour enfants bombardé à Marioupol.

Anonymous VS...
les caisses russes

Les hackers pro-ukrainiens trouvent toujours de nouveaux moyens de faire passer leurs messages anti-guerre à travers la censure des médias et sites Web de Poutine. Ainsi, des terminaux de caisse de restaurants ont apparemment été piratés dans la grande ville russe de Belgorod. Sur les tickets de caisse, on pouvait soudain lire le message «Arrêtez la guerre! Sauvez vos enfants!».

«Un piratage simple mais très efficace pour faire passer des messages aux gens», a commenté un activiste Anonymous sur Twitter.

L'attaque suivante s'inscrit dans le même schéma: plusieurs groupes de pirates informatiques envoient apparemment des messages aux Russes via des imprimantes compromises, les informant de ce qui se passe en Ukraine. Les imprimantes piratées crachent également des instructions sur la manière de contourner la censure étatique d'internet en Russie via le navigateur Tor, afin de s'informer de manière indépendante.

Quand la télévision d'Etat montre soudain la vérité

La semaine dernière, l'intervention publique de Poutine au stade Loujniki de Moscou a été brusquement interrompue par la télévision d'Etat, officiellement en raison d'une erreur technique. Les activistes d'Anonymous affirment avoir mis la main à la pâte et provoqué une panne technique.

Cela n'est pas confirmé. Selon la BBC britannique, il est en revanche confirmé que les activistes Anonymous ont réussi à pirater la télévision russe peu après le début de la guerre et à prendre le contrôle du programme pendant douze minutes. Le piratage a été immortalisé par un court clip vidéo dans lequel le programme normal est interrompu par des images d'explosions de bombes en Ukraine et où des soldats parlent des horreurs du conflit. La BBC a retrouvé la femme qui avait d'abord publié la vidéo sur les médias sociaux. Elle vit aux Etats-Unis et l'a reçue de son père qui vit en Russie.

La femme a raconté à la BBC: «Mon père m'a appelée quand c'est arrivé et a dit: "Oh mon Dieu, ils montrent la vérité!". Alors je l'ai poussé à l'enregistrer et j'ai mis le clip en ligne.»

La vidéo en question:

Anonymous VS...
le Facebook russe

VK, le plus grand réseau social de Russie, aurait également été piraté. C'est ce qu'a notamment rapporté le portail d'information en ligne russe indépendant Meduza, qui a entre-temps été bloqué en Russie. Les utilisateurs de VK ont donc reçu un message rédigé en russe, informant entre autres des victimes civiles de la guerre. Dans le même temps, les utilisateurs russes de VK étaient menacés dans le message que le soutien à l'invasion pouvait être considéré comme un crime et qu'ils risquaient un jour d'être poursuivis par Interpol.

En réaction, de nombreux utilisateurs de Twitter ont écrit que de telles menaces étaient contre-productives et qu'elles pousseraient encore plus les gens dans les mains de Poutine.

Anonymous VS...
les compagnies pétrolières

La semaine dernière déjà, les activistes d'Anonymous ont publié 79 Go de données du géant russe de l'oléoduc Transneft, selon leur propre déclaration. Cette fuite pourrait donner un aperçu des liens opaques entre les groupes pétroliers russes et le Kremlin.

Mi-mars, des activistes allemands d'Anonymous ont piraté la filiale allemande du groupe pétrolier Rosneft, proche du Kremlin. Rosneft Allemagne a confirmé le cyber-incident. Le groupe n'a pas été attaqué pour «allumer et éteindre des pipelines», mais parce qu'il est «au centre de Poutine et de son cercle le plus proche», ont écrit les pirates. L'entreprise serait centrale pour le lobbying énergétique russe en Allemagne et en Europe.

Anonymous VS...
Nestlé et Cie

Mercredi, un prétendu piratage de Nestlé a fait la une des journaux. Des activistes Anonymous ont écrit que «des e-mails, des mots de passe, des entreprises clientes et bien d'autres choses encore» avaient été dérobés. Le groupe a démenti et écrit à watson: «Les récentes allégations d'une cyberattaque contre Nestlé et d'une fuite de données qui y serait liée sont dénuées de tout fondement.»

Il s'agirait d'un incident survenu en février 2022, lorsque «certaines données de test randomisées et principalement disponibles publiquement pour des applications interentreprises ont été involontairement accessibles en ligne pendant une courte période», selon le groupe.

Les premières analyses des données divulguées montrent qu'il s'agit probablement effectivement de données de test, ce qui n'exclut pas que certaines données réelles et productives soient également concernées. Au minimum, l'incident est embarrassant pour Nestlé, car l'environnement de test n'était pas correctement protégé.

Le géant suisse de l'alimentation a longtemps hésité à prendre des mesures de boycott strictes, ce qui lui a valu des critiques internationales, des réprimandes de Zelensky et des menaces d'Anonymous. Ce n'est que mercredi que Nestlé a pu se résoudre à retirer de son assortiment en Russie des produits qui ne font pas partie des denrées alimentaires de base.

Anonymous s'en prend entre-temps à d'autres entreprises qui ne se retirent pas de Russie. En Suisse, le Credit Suisse, le groupe de technique sanitaire Geberit et le groupe de matières premières Glencore, entre autres, doivent s'attendre à des actions d'Anonymous. Ces entreprises continuent d'être actives en Russie et figurent sur la liste de la honte de l'université de Yale.

Une autre victime de premier plan d'Anonymous est l'autorité de censure russe Roskomnadzor. Selon ses propres informations, 360 000 fichiers représentant un volume de données de 820 gigaoctets ont été récupérés et publiés.

Le collectif de hackers a déjà annoncé de futures cyberattaques: «Anonymous poursuivra ses attaques contre les systèmes gouvernementaux russes jusqu'à ce qu'ils quittent l'Ukraine», écrit le plus grand compte Anonymous sur Twitter, avec 7,9 millions d'abonnés.

D'autres coups suivront donc inévitablement: Anonymous est «pour Poutine la version internet d'un coup de pied sur une brique de Lego», écrivent les hactivistes.

En d'autres termes, les actions de perturbation ne sont pas décisives pour la guerre, mais constituent une épine permanente dans le pied du Kremlin.

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