Les beaux jours riment en général avec vacances, et beaucoup refusent d'y renoncer, même si leur pays est en guerre. Chaque été, de nombreux touristes russes séjournent ainsi dans la péninsule annexée de Crimée, bien que celle-ci soit régulièrement la cible d'attaques ukrainiennes.
Ces jours-ci, les touristes qui débarquent dans la région pourraient bien voir leur séjour gâché. Car à cause des attaques, le pont vers la Crimée ferme régulièrement durant des heures. Et les conditions dans les embouteillages sont apparemment critiques pour ceux qui doivent prendre leur mal en patience.
Les problèmes de circulation se seraient multipliés ces dernières semaines, l'Ukraine ayant intensifié ses offensives contre des installations militaires de la péninsule. Selon des observateurs, des missiles antiaériens tombent régulièrement et des explosions résonnent çà et là.
Conséquence: le Kremlin a fermé le point de passage névralgique à plusieurs reprises. Il relie la ville de Kertch en Crimée à Taman dans la région russe de Krasnodar. L'ouvrage a été inauguré en 2018, après l'annexion, contraire au droit international, de la Crimée par la Russie. Avec ses 19 kilomètres, il s'agit du plus long pont d'Europe et Vladimir Poutine en a fait l'un de ses succès les plus prestigieux.
Le pont lui-même a également été visé à plusieurs reprises. Il a été fortement endommagé en octobre 2022, puis à nouveau touché en juillet 2023 et juin 2025. Il continue néanmoins d'être très fréquenté, en particulier durant la période estivale.
Cette année, l'intérêt des vacanciers russes s'est encore accru, même si les plages de la région de Krasnodar sont fortement polluées après l'accident d'un pétrolier dans le détroit de Kertch. Impossible pour l'heure d'y passer ses vacances.
De nombreux Russes se rabattent donc sur la Crimée, où les opérations ukrainiennes ne semblent guère déranger les touristes. Une habitante a déclaré au Novaya Gazeta Europe:
La Crimée fait aussi face à la marée noire du récent incident pétrolier. Les autorités tentent certes de la dissimuler, mais on observe régulièrement des résidus sur les plages. La police a ainsi arrêté le blogueur Yuri Osarowski pour avoir publié sur Telegram des photos de rochers recouverts de pétrole. Valentina, autre habitante de Crimée, a expliqué à Novaya Gazeta Europe:
Mais comme les autorités donnent l'impression que la catastrophe a épargné la région, les prix des nuitées augmentent considérablement, malgré la guerre. La Criméenne l'avait prédit au printemps:
A l'époque déjà, tous les hébergements affichaient complet et le secteur connaissait une forte croissance. Un peu partout, des commerces ouvrent leurs portes et bon nombre d'habitants tentent de tirer profit de cette situation.
La population locale rencontre toutefois des difficultés croissantes en termes d'accès. Car même si les touristes russes ne semblent pas s'inquiéter outre mesure des attaques, celles-ci impactent tout de même grandement leur expérience, en particulier à l'arrivée et au départ. Car la Russie ferme régulièrement le pont, parfois pendant plus de cinq heures.
Résultat: de longs embouteillages. Une file de voitures de 41 kilomètres ou 7000 véhicules en attente a été atteinte à certains points de blocage, selon des témoins. A cela s'ajoute l'attitude de la Russie à l'entrée du pont.
Depuis fin janvier, la traversée n'est possible qu'après un contrôle d'identité. Même sans blocages complets ni attaques ukrainiennes, la circulation est quasiment toujours difficile.
Et cela intensifie la frustration des gens, car Moscou ne fait pas grand-chose pour soulager l'attente. Beaucoup d'automobilistes souffrent ainsi de la chaleur, véritable calvaire lorsqu'il faut rester des heures dans un habitacle. Enfin, l'approvisionnement en eau demeure insuffisant.
Quand distribution d'eau il y a, seuls ceux qui patientent depuis plus d'une heure et demie en reçoivent. Cela ne suffit apparemment pas selon un sujet de Krym.Realii, le service local de radio.
Autre souci: les toilettes. Un site de voyage met en garde:
Même lorsqu'il y en a, leur état est si déplorable que beaucoup de personnes préfèrent les éviter, selon la même source.
Un Criméen a raconté son trajet retour à Krym.Realii, et l'a qualifié de «véritable enfer». Il est resté quatre heures dans les embouteillages devant le pont et a dû utiliser une bouteille en plastique pour faire pipi. Il ne comprend pas vraiment les touristes:
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)