La Russie et l'Ukraine se livrent une course intense dans le développement et l'utilisation de drones sur le front. Selon CNN, alors que la Russie augmente massivement sa production de drones dans la région d'Alabouga, l'Ukraine, soutenue par l'Occident, se prépare pour une livraison à grande échelle de drones qui devrait débuter en janvier 2025.
Côté russe, une usine située à Alabuga, au Tatarstan, est au cœur de la stratégie russe en matière de drones. Selon CNN, plus de 5700 drones iraniens Shahed-136, aussi connus sous le nom de Geran-2, y ont été produits en 2024. L'objectif initial de produire 6000 unités d'ici septembre 2025 semble avoir été atteint un an plus tôt.
Au cours des six derniers mois, les attaques de drones russes en Ukraine ont massivement augmenté, passant de 400 en mai à plus de 2400 en novembre, a constaté CNN en se basant sur des données des forces armées ukrainiennes. Il y a eu pas loin de 1700 attaques de drones en décembre.
Outre les drones d'attaque, Alabuga fabrique également des «drones Gerbera», des leurres peu coûteux destinés à surcharger la défense anti-aérienne ukrainienne. Les drones Gerbera, construits en simple bois et en mousse et ne portant aucun explosif, sont dix fois moins chers qu'un Shahed, selon des sources de défense ukrainiennes. Seulement, ils ont la même apparence, ce qui oblige les soldats ukrainiens à devoir les engager.
L'augmentation de la production à Alabuga s'accompagne de défis considérables. Pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, l'usine recrute, selon CNN, des jeunes Russes âgés d'à peine quinze ans et des migrantes africaines.
Ces ouvriers travaillent dans des conditions très difficiles, par ailleurs dans un climat de secret. Un rapport du ministère américain des Finances décrit ces conditions de travail comme «abusives». La Russie aurait en outre renforcé les mesures de sécurité sur le site de production, notamment en construisant de dispositifs de protection contre les attaques de drones ukrainiens et en instaurant de nouveaux périmètres de sécurité internes.
La Chine joue également un rôle important dans ce réseau de production. Malgré les sanctions internationales, plus de 30 entreprises chinoises ont conclu des contrats avec Alabuga pour fournir des composants clés tels que des composants électroniques et des kits.
Alors que la Russie planifie sa production de masse, l'Ukraine mise sur ses alliés. Une livraison importante de drones, menée par le Royaume-Uni et soutenue par 17 autres pays, livrera «des dizaines de milliers» d'appareils de différents types à partir de janvier 2025.
Selon le journal ukrainien Yevropeiska Pravda, le vice-ministre britannique de la Défense Luke Pollard a annoncé que cette mesure faisait partie d'une stratégie plus large visant à faire reculer la Russie dans la guerre des drones et à renforcer la défense ukrainienne. Un montant de 1,8 milliard d'euros aurait déjà été alloué à cet effet.
Mais malgré cette aide, la plupart des drones utilisés par les Ukrainiens sont produits par le pays lui-même. En 2024, 96% des véhicules aériens sans pilote (UAV) utilisés par l'armée ukrainienne étaient issus de sa propre production. C'est ce qu'a annoncé le ministre de la Défense Rustem Umerov le 28 décembre.
Selon Rustem Umerov, plus de 1,5 million de drones disposant d'une caméra en vue à la première personne (first-person view, ou FPV) ont été fabriqués en 2024. En outre, les entreprises ukrainiennes ont également produit des drones de reconnaissance, des drones kamikazes, des drones bombardiers et des drones à longue portée. Ces drones peuvent être aériens, maritimes ou terrestres.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci