Il y a quelques jours, une explosion s’est produite à bord du pétrolier Vilamoura, que les services de renseignement ukrainiens attribuent à la «flotte fantôme» de la Russie. Bien qu’aucune victime ne soit à déplorer, le navire, battant pavillon des Iles Marshall, a subi des dommages si importants qu’il est devenu incapable de manœuvrer. Il a dû être remorqué jusqu’en Grèce.
Juste avant, le pétrolier se trouvait dans les eaux internationales, au large de la Libye. En avril dernier, il avait été repéré au terminal russe d’Oust-Louga, puis en mai, au sein du consortium d’oléoducs de la mer Caspienne, près de Novorossiïsk – deux ports d’exportation du pétrole russe.
La flotte fantôme, c'est cet ensemble de navires transportant du pétrole russe tout en naviguant sous pavillon étranger, dans le but de contourner les sanctions internationales. Plusieurs de ces navires figurent déjà sur des listes de sanctions.
Selon le site d’investigation ukrainien Kyiv Insider, l’explosion sur le Vilamoura ne serait pas un cas isolé. Le pétrolier, qui transportait près de 140 000 tonnes de brut, serait le quatrième navire de cette flotte parallèle à avoir été victime d’une mystérieuse explosion.
On June 27, 2025, a tanker belonging to russia’s so-called shadow fleet, the Vilamoura, experienced an explosion in its engine room while sailing through the Mediterranean Sea.
— Defence Intelligence of Ukraine (@DI_Ukraine) July 1, 2025
🔗: https://t.co/awiPWXGfQo pic.twitter.com/Qq8sQvP2sY
En février dernier, le Seajuwel, enregistré à Malte et suspecté lui aussi de transporter du pétrole russe, a été endommagé par une explosion sous-marine près de Savone, en Italie. Le parquet italien a ouvert une enquête pour suspicion d’acte terroriste. Le Sacharum aurait également subi d’importants dégâts à la coque, alors qu’il naviguait en Méditerranée. Et selon les médias, une explosion aurait eu lieu en début d’année sur le pétrolier Grace Ferrum.
L’entreprise spécialisée en sécurité maritime Vanguard Tech, citée par Kyiv Insider, estime qu’une telle accumulation d’incidents «ne peut plus être considérée comme une coïncidence». Elle recommande aux exploitants de pétroliers revenant de terminaux russes de procéder à des inspections sous-marines systématiques.
De son côté, l’entreprise britannique Dryad Global, spécialisée dans la cybersécurité maritime, écrit sur son site:
La société recommande aux armateurs d’équiper leurs navires de capteurs sous-marins et de préparer leurs équipages à faire face à d’éventuelles menaces.
Selon les informations de Kyiv Insider, des préoccupations similaires émergent en Russie. Les autorités portuaires russes auraient ordonné des inspections minutieuses par des plongeurs sur les navires accostant dans les principaux ports pétroliers. L’objectif est de vérifier si des saboteurs auraient pu fixer des charges explosives. À ce jour, aucun groupe n’a revendiqué ces attaques.
Les autorités grecques ont quant à elles ouvert une enquête sur le cas du Vilamoura. Selon l’agence Reuters, il est possible qu’une mine ventouse ait été à l’origine de l’explosion.
Traduit de l'allemand par Joel Espi