Le président américain met sa menace à exécution: il veut désormais imposer des taxes punitives sur presque tous les biens importés:
Selon les dernières dispositions de politique économique, les importations aux Etats-Unis seront désormais régies par le principe de réciprocité. En termes concrets, la taxe prélevée par les Etats-Unis sera à l'avenir égale à la taxe prélevée par le partenaire commercial correspondant sur les importations américaines.
Trump ne veut, toutefois, pas baser cette taxe uniquement sur le montant des droits de douane. Il a précisé que le calcul prendrait compte de la taxe sur la valeur ajoutée, les obstacles non monétaires au commerce et les subventions publiques. Cela pourrait avoir des conséquences pour la Suisse et les relations économiques bilatérales entre les deux «républiques sœurs».
La Suisse ne prélève certes plus de droits de douane industriels depuis début 2024. De nombreux biens peuvent donc être importés des Etats-Unis pratiquement sans droits de douane. Mais en même temps, le montant de la TVA suisse s'élève à 8,1%. Et bien que la TVA soit un impôt sur la consommation et non une taxe fiscale, Washington pourrait balayer cette distinction du revers de la main.
Lors d'un entretien de fond avec des journalistes, le conseiller commercial de Trump, Peter Navarro, a qualifié la TVA dans l'Union européenne d'«exemple type» de commerce déloyal. Navarro a déclaré:
Le républicain veut faire d'une pierre deux coups. D'une part, il veut obliger les entreprises étrangères à construire de nouvelles usines aux Etats-Unis. D'autre part il souhaite réduire le déficit du commerce extérieur américain. Les Etats-Unis ne doivent plus être «dépendants d'autres Etats», peut-on lire dans le décret présidentiel.
Les Etats-Unis sont un débouché essentiel pour l'industrie suisse – le deuxième plus important après l'Allemagne. En 2023, les exportations vers les Etats-Unis se sont élevées à 56,7 milliards de francs, tandis que les importations ont atteint 29,7 milliards de francs. Cette différence de près de 27 milliards de francs pourrait devenir un problème pour l'industrie pharmaceutique, l'horlogerie ou l'industrie des machines, les principaux secteurs d'exportation suisses.
Trump a d'ailleurs laissé entendre qu'il envisageait une taxe spéciale sur les importations de produits pharmaceutiques. Il a énuméré des produits tels que l'acier et l'aluminium, sur lesquels les Etats-Unis appliquent déjà des droits de douane punitifs. Il a ensuite mentionné les importations de voitures, les puces informatiques et justement les médicaments.
Le mémorandum présidentiel que Trump a signé jeudi est formulé de manière assez vague. Le président charge les départements compétents de son administration de déterminer le montant des droits de douane pour chaque partenaire commercial. Cela pourrait prendre plusieurs semaines. Howard Lutnick, le secrétaire au commerce désigné, a toutefois suggéré que Trump pourrait prendre une décision début avril. Trump a déclaré que le nouveau système serait extrêmement «simple» et qu'il n'y aurait pas d'exceptions.
Dans son discours à la Maison Blanche, Trump a indiqué que les pays concernés avaient une solution évidente pour empêcher cette réciprocité: tout simplement supprimer toutes les entraves au commerce. Il a explicitement mentionné la proposition de l'UE de réduire les droits de douane sur les voitures américaines de 10% à 2,5%:
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci